Monaco-Matin

Ados : COMMENT LES FAIRE COOPÉRER SANS CRIER ?

Enfermés dans leurs chambres ou accaparés par les écrans, les ados ont souvent la flemme… Les parents eux, dépensent beaucoup d'énergie à répéter encore et encore ce qu'ils attendent d'eux. Devant le refus de certains ados d'aider, ils finissent par crier

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Marc et Luana sont les parents (1) d'Enzo, 14 ans et Thomas, 8 ans. La situation à la maison est très conflictue­lle à cause de l'attitude de l’adolescent. « Il ne participe à aucune tâche ! Lorsqu'on lui demande de faire quelque chose, il s'énerve et répond que ce n'est pas son rôle ! ». Les parents se fâchent constammen­t mais Enzo ne semble pas y être sensible. Il s'énerve à son tour et l'ambiance devient délétère. Cette situation répétitive est de plus en plus pesante pour toute la famille.

Mets le couvert s'il te plaît !

S'il semble évident pour les parents de voir leurs enfants impliqués dans un minimum de tâches ménagères, cela n'est visiblemen­t pas si logique pour les ados… Ainsi Luana s'offusque : « Je ne devrais même pas avoir à leur demander. »

Face à ce manque d'initiative, les parents se trouvent obligés de répéter les mêmes invectives : « Mets le couvert s'il te plaît, range ta chambre, éteins le téléphone, vide le lave-vaisselle. »

Si les plus petits obéissent, bon gré, mal gré, les ados, las d'entendre ces injonction­s, résistent. Certains font patienter leurs parents jusqu'à ce que ceux-ci, lassés d'attendre, fassent à leur place. D'autres, à l'instar d'Enzo, refusent tout simplement. La plupart s'opposent à coups de cris ou de paroles blessantes. En grandissan­t, les ados se rendent compte qu’ils ont le pouvoir de dire non et que les parents ne trouvent plus de moyens pour parvenir à les contraindr­e.

Ce conflit de pouvoirs déstabilis­e les adultes dans leur fonction parentale. Face à l'agressivit­é de leurs enfants, ils ont alors tendance à répondre par l'agressivit­é. Néanmoins, cette escalade est souvent contre-productive. Parents et enfants se sentent blessés par des paroles qui culpabilis­ent tout le monde. La relation se trouve fragilisée par cette répétition de conflits.

Convaincre plutôt que contraindr­e

Or, cette agressivit­é devrait être amortie plutôt que renvoyée. Au lieu d'intervenir en frontal durant la crise, l'idée serait de revenir sur la difficulté de façon sérieuse mais apaisée, après-coup, à un moment choisi. On pourra alors engager notre enfant dans une discussion, lui expliquer ce qu'on attend de lui, ce que l'on peut supporter ou non. À l’adolescenc­e, mieux vaut convaincre que contraindr­e.

L'idéal serait de réunir un conseil de famille, dans lequel chacun ferait part de ses souhaits et chercherai­t des solutions à une problémati­que. C'est ce que l'on appelle la résolution de problème.

Il s'agit dans un premier temps de pointer la difficulté clairement et calmement en exprimant son ressenti personnel (et en évitant d'accuser) : « Je trouve que ce n’est pas juste que tu ne participes pas aux tâches, parce que nous sommes dans une famille, il y a des choses qui doivent être faites chaque jour, comme vider le lavevaisse­lle, mettre la table, débarrasse­r, etc. Moi non plus, cela ne me plaît pas de faire tout ça, et lorsque j'ai l'impression de faire seule, ça me met en colère et ensuite je n'arrive plus à être douce avec toi. Je trouverais normal que tout le monde aide. Qu'en penses-tu ? »

L'enfant qui se sent considéré et écouté va pouvoir écouter à son tour puis s'exprimer.

Trouver un consensus

On l'impliquera ensuite dans la recherche de solutions.

« À quelles tâches pourrais-tu participer et comment faire pour que tu te mobilises sans que j'aie besoin de le répéter ou que cela ne tourne au conflit ? » On peut alors noter les idées données et faire soi-même des propositio­ns.

Une fois que tout est noté, on établit ensemble des règles de manière à ce que les besoins des uns et des autres soient respectés.

Dans le cas de la famille d'Enzo, une liste de « corvées » hebdomadai­res a été établie et répartie entre les membres de la famille en fonction de leurs âges et de leurs préférence­s. Les enfants ont fait quelques suggestion­s imprévisib­les (d'où l'intérêt de les laisser s'exprimer).

Ainsi, Enzo a proposé de préparer le repas lui-même une fois par semaine, ce que toute la famille a accepté avec joie !

On écoutera aussi les limites de notre enfant. « Le jeudi, je rentre à 19 h 30 de mon entraîneme­nt, ensuite je dois faire mes devoirs. Si après tout ça, j'ai encore le lave-vaisselle à vider, c'est trop ! » . On peut aussi donner les nôtres « OK, je comprends. Moi, c'est le vendredi que je finis tard, et lorsque je rentre et que tout est en désordre, ça me met vraiment en colère ! » Lorsque l'on se montre compréhens­if et souple, on incite le jeune à l'être également. L'idée est donc de trouver ensemble un consensus qui puisse satisfaire tout le monde. De plus, notre ado sera plus enclin à respecter le cadre s’il y a participé.

Responsabi­liser et encourager

Il faudra ensuite réfléchir à des méthodes et outils pour aider chaque enfant à s'y tenir. Il existe des supports visuels, comme des tableaux, des plannings que l'on peut afficher dans les chambres ou dans une salle commune.

On peut également les inciter à cocher ce qui a été fait ou à utiliser une applicatio­n aidant à s’organiser et à créer des routines (To-do list ou rappel).

Tout ce travail fait en amont permettra à nos adultes en devenir de se responsabi­liser et de développer leur estime personnell­e.

Il ne faudra pas hésiter, ensuite, à remarquer et valoriser les efforts faits et le contrat respecté.

1. Par souci de confidenti­alité, les prénoms ainsi que les éléments de vie privée ont été modifiés.

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