Monaco-Matin

On écoute les anciens !

Ils ont tous de près ou de loin perdu une finale avec le Gym. Olivier Echouafni, René Bocchi, Roger Ricort et Jean-Noël Huck refont celle de samedi soir, contre Nantes, que Nice n’a pas joué.

- PHILIPPE CAMPS ET VINCENT MENICHINI

Olivier Echouafni : « L’impression de revivre la finale de 2006 »

«J’aieu l’impression de revivre la finale de 2006, contre Nancy (perdue 2-1). L’ambiance au Stade de

France était impression­nante, je n’avais jamais vu ça. Malgré leur infériorit­é numérique, les Niçois ont bien rivalisé, notamment lors de l’avantmatch. J’étais en bord de terrain, on ne s’entendait pas. C’était un match fermé, cloisonné à double-tour, qui se joue sur rien. C’est tellement rageant que cette épopée se termine de la sorte après avoir éliminé le PSG, au Parc, Marseille. Il ne faut pas oublier ça. Mais la dernière marche est toujours la plus haute. J’avais tellement envie de voir Nice gagner, pour Dante, pour Fred Gioria… Je voulais les voir soulever cette Coupe, je leur avais envoyé un message avant le match. Au final, j’ai le sentiment que les Niçois ont subi les événements. Ils ont plutôt bien démarré mais rapidement ils sont tombés dans un faux rythme. Il manquait de la vitesse dans le jeu, dans les transmissi­ons. Ce qui a cloché, c’est une fois encore l’animation offensive. On avait vu une équipe qui ronronnait mais ce n’est pas nouveau. Cette fois, ce n’est pas passé au courage. Christophe (Galtier) a essayé de changer des choses en deuxième période, les entrants ont apporté de la fraîcheur, Delort est tout près d’égaliser… Hélas, c’était un jour sans.

En 2006, on avait pris un vrai coup derrière la tête avec cette finale perdue. Nice était-il trop confiant ? Je ne sais pas, une finale c’est un moment à part. Nous, en première mi-temps, on était également passé complèteme­nt au travers, moi le premier.

La défaite de Galtier ? Quand tu gagnes, c’est grâce aux joueurs, quand tu perds, c’est la faute de l’entraîneur. C’est comme ça… A mes yeux, ce n’est pas sa défaite, les bases du club sont solides, il a réussi de grandes choses pour sa première saison. Ce groupe apprend, c’est une magnifique expérience. Dolberg ? On ne le sent pas épanoui à Nice, il aurait besoin de plus de centres. On ne l’a pas vu de la finale. Je ne m’attendais pas à voir Dolberg, Gouiri et Delort ensemble. »

René Bocchi : « Ne pas tout jeter à la poubelle »

« Nice n’a pas joué cette finale. On s’en sortait toujours lors des derniers matchs, alors qu’on n’était pas bon. Là, ça n’est pas passé. C’est malheureux… Delort, lui, est toujours là, à fond. Il se donne, a de l’envie au moins. Il ne se force pas. Je ne pense pas que ce soit la défaite de Galtier, ce serait trop facile de dire ça. Il a une part de responsabi­lité, mais autant que les joueurs… Ce sont les premiers déçus. Une finale, c’est un moment à part. Elle s’est jouée sur rien. Nice réalise une belle saison, malgré tout. Il faut réagir contre Saint-Etienne et Lille. Le plus malheureux, c’est pour les supporters qui ont fait le déplacemen­t en train. Je regardais les images de la fête à Nantes, je me disais quel dommage. J’espère qu’on n’attendra pas 25 ans encore. C’est le sport, il faut un gagnant et un perdant. En 78, c’était pire, on avait une équipe de folie. Tout le monde est parti, Jouve, Baratelli, Toko, une vraie cassure. La fin d’une époque, celle où Nice attirait les meilleurs joueurs français. Cette équipe n’a jamais gagné, ce qui prouve la difficulté de remporter un titre. Il ne faut pas tout jeter à la poubelle… »

Roger Ricort : « On sent qu’il y a un pic d’énervement »

« Cette finale n’a pas existé, il n’y a rien eu. En 2006, contre Nancy, on en avait montré davantage. Le mal est fait. Il y a un gros problème à régler dans le club. Quand tu es joueur et que tu entends que le propriétai­re peut racheter Chelsea, ce n’est jamais bon… Tout sort à trois matchs de la fin, ce n’est pas l’idéal. Les intérêts du club ne sont pas préservés alors que Nice peut finir 4e, voire 3e. Il y avait le temps de régler ses comptes. On sent que ce match-là a déçu tout le monde, qu’il y a eu un pic d’énervement. Quant la tête de gondole de ton projet, c’est Kasper Dolberg et qu’il te sert une finale aussi scandaleus­e... On m’a fait la misère pour Moussilou qu’on avait acheté 4 millions d’euros. C’était inadmissib­le mais, au bout de quatre mois, on l’a prêté. Dolberg, c’est une vraie erreur de stratégie. Je ne conteste pas la qualité du joueur, je l’ai vu briller à l’Euro, mais à Nice ça n’a pas pris. Je n’ai pas vu un gars qui voulait gagner cette finale, rendre heureux tous ceux qui sont montés en train et qui ont dépensé des centaines d’euros pour ça. Delort, lui, tu sais au moins qu’il va tirer deux fois au but, Todibo ça tient la route .... Il n’y a pas de jeu collectif, ça, c’est une réalité. Je peux également comprendre la colère de Galtier, sa frustratio­n, mais le moment est mal choisi car Nice peut encore faire une belle saison. »

Jean-Noël Huck : « Le coach semble aller contre-nature »

«LeGymaraté sa finale. Comme nous en 1978. J’espère que la suite ne sera pas la même. Pour nous, cette défaite avait marqué la fin d’une équipe, la fin d’une époque. Tout avait volé en éclats, quatre ou cinq joueurs étaient partis et le club avait radicaleme­nt changé sa feuille de route. L’OGC Nice de 2022 est, heureuseme­nt, à l’abri d’un tel éclatement. Le Nancy de Platini nous avait battus tactiqueme­nt. Là, le Gym a perdu sur un coup du sort. Un penalty dont on peut parler pendant des heures. Mais, comme nous, les Niçois ont eu peu d’occasions. L’associatio­n Gouiri-Delort-Dolberg me semble bancale. L’attaque n’avance plus. Aujourd’hui, il est facile de refaire l’histoire. Tout le monde veut des coupables alors que tout le monde est coupable. Christophe Galtier a eu des résultats. Il a amené l’équipe en finale. Une équipe qui est encore en course pour l’Europe. Le critiquer est injuste. En revanche, une chose m’interpelle. Depuis quelques matchs, le coach semble aller contre-nature. Il a annoncé son intention de jouer avec quatre attaquants alors que son truc, c’est le 4-4-2 avec deux ailiers qui amènent du mouvement. Après, je pense que Gouiri et Bouadoui ne sont pas vraiment des joueurs de couloir. Kluivert, lui, est trop intermitte­nt et Stengs tarde à s’imposer. Je lis que Galtier a été déçu par le mercato d’hiver. Il attendait mieux. Je comprends. Mais l’équipe était deuxième. Elle allait bien. Là, je vais regarder avec attention le onze qui débutera contre Saint-Etienne. Il devrait nous donner des indication­s pour la suite...»

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(Photo Sébastien Botella) La prestation de Kasper Dolberg a déplu à tous les observateu­rs et, notamment, les anciens joueurs du Gym.
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