Monaco-Matin

Ces petites bêtes qui nuisent à notre écosystème

Des ravageurs venus d’ailleurs sévissent à Menton. La Ville lutte sans aucun produit chimique, avec des méthodes naturelles, et pour alliés... insectes, oiseaux et chauves-souris.

- YANN DELANOË

C’est le printemps, les températur­es montent, les fleurs s’ouvrent, les petites bêtes reviennent... y compris celles qui nous embêtent ! Car de vrais ravageurs sévissent dans notre cité. Le désormais connu charançon rouge du palmier, mais aussi les chenilles procession­naires, les charançons noirs de l’agave, les papillons mangeurs de palmiers, les coléoptère­s avides de caroubiers etc... Une liste non exhaustive de nuisibles présents à Menton, contre lesquels la Ville lutte... sans utiliser de produits chimiques. «Utiliser des produits chimiques, perturbate­urs endocrinie­ns, qui vont aussi tuer tout l’écosytème autour, et mettre en danger les habitants, c’est absurde et irresponsa­ble... Donc on préfère renoncer à exterminer les nuisibles, en recréant un équilibre de la nature, que l’homme a lui même rompu. Et on va arriver, ainsi, au moins à limiter les population­s de nuisibles...» expose Franck Roturier , responsabl­e des Parcs et jardins de la Ville. Seules des solutions naturelles sont mises en oeuvre. Notamment des champignon­s qui vont envahir et détruire certaines larves, mais aussi, et surtout, l’utilisatio­n d’auxiliaire­s : d’autres animaux, oiseaux, insectes, qui se nourrissen­t des espèces ravageuses.

Pas de taille des haies

Avec une nouveauté cette année pour favoriser le développem­ent de ces auxiliaire­s : «Des principes de taille désormais différents seront appliqués sur les végétaux» expose Franck Roturier. «Pour la première fois, cette année, nous avons décidé de ne pas tailler les haies jusqu’au mois de juillet, peutêtre août. Ce qui va non seulement favoriser la nidificati­on des oiseaux, mais aussi, en laissant le plus longtemps possible la floraison, multiplier la présence des insectes. Ces derniers sont aussi, pour nombre d’entre-eux, des auxiliaire­s, qui vont manger certains nuisibles... Et plus il y a d’insectes, plus il y a d’oiseaux...»

Par ailleurs, la Ville multiplie l’implantati­on de nichoirs, notamment pour les mésanges, les huppes et les chauves-souris, qui viennent à bout des chenilles procession­naires, à des stades différents de leur développem­ent.

Oiseaux utiles

«Nous avons par ailleurs des réunions avec la LPO pour voir comment favoriser la présence de certaines espèces d’oiseaux en particulie­r...», développe Franck Roturier, avant de poursuivre : «Une nuée de guêpiers d’Europe a été vue récemment au-dessus du Cap Martin... Ces oiseaux mangent les frelons asiatiques ! Par ailleurs, on nous a aussi signalé la présence de bondrées apivores, qui s’attaquent aussi aux frelons et aux guêpes... Mais il y a aussi des oiseaux déjà très implantés qui sont utiles : on s’est rendu compte que les goélands mangeaient les charançons rouges, par exemple...» Et de conclure : «Globalemen­t, il s’agit juste de favoriser le retour de la nature...Ca ne réglera pas tout. Il faut aussi varier le plus possible les espèces plantées pour éviter la propagatio­n des nuisibles et des maladies. Et donc s’habituer quand même à un changement de paysage...»

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(Photo archives Cyril Dodergny) Le charançon rouge, toujours là ....

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