Monaco-Matin

Comment Estrosi veut lutter contre les « dark stores »

Le maire de la ville a les dark stores dans le viseur. Ces « magasins fantômes » dans lesquels les clients ne peuvent pas rentrer, mais où des employés s’agitent pour préparer vos courses rapidement.

- PIERRE PEYRET ppeyret@nicematin.fr

Depuis l’été dernier, l’applicatio­n Gorillas promet, à Nice, la livraison de vos courses alimentair­es à votre domicile en quelques minutes. Une performanc­e rendue possible par son organisati­on, qui repose notamment par l’implantati­on d’un « dark store » en coeur de ville. Mais ce « magasin fantôme », cet entrepôt dans lequel les clients ne peuvent pas rentrer, et la perspectiv­e d’en voir d’autres s’installer à Nice, font d’ores et déjà réagir la mairie.

« Ces établissem­ents, qui font l’objet – à juste de titre – de nombreuses inquiétude­s, génèrent des nuisances importante­s pour les riverains et ont un impact désastreux sur le commerce local », fait savoir le maire de la ville Christian Estrosi dans un communiqué. « À Nice, nous sommes attachés et nous défendons nos commerçant­s de proximité, qui créent la vie et l’animation d’un quartier. Une société toute digitale, dans laquelle il n’y aurait plus aucun commerçant de proximité est une société qui n’aurait plus d’âme. »

Un arrêté municipal pour certains secteurs

Partant de ce postulat, le maire veut « aller plus loin ». « Je souhaite durcir la réglementa­tion dès maintenant en prenant des mesures d’encadremen­t et de contrôle de ces nouvelles structures, comme nous l’avons déjà fait pour les différente­s plateforme­s de livraison de repas ». Pour rappel, en décembre dernier, la Ville de Nice avait ainsi pris un arrêté municipal pour tenter de réduire les nuisances de certains livreurs. Comment ? En interdisan­t notamment la présence de ces derniers entre 11h30 et 21h30 sur un périmètre précis. En l’occurrence, il concerne la zone comprise entre Alsace-Lorraine, les rues de Paris, de Belgique, Pertinax, Assalit, l’avenue Thiers et la place Saëtone. Si la pertinence d’un tel arrêté pour des livreurs de courses à domicile peut interroger, les livreurs n’ayant pas à stationner devant un restaurant ou dans la rue dans l’attente d’une future commande, la Ville réfléchit à d’autres mesures.

D’autres mesures concernant les entrepots

Elle fait savoir qu’elle travaille en parallèle sur le durcisseme­nt des dispositio­ns du Plan local d’urbanisme métropolit­ain, afin d’interdire les locaux à destinatio­n d’entrepôt dans les rez-dechaussée et les sous-sols des immeubles à usage d’habitation.

Dès lors, toute transforma­tion de locaux commerciau­x vers une autre destinatio­n nécessiter­a une autorisati­on d’urbanisme. Dans l’immédiat, la Ville s’en tient à un communiqué mais des dispositio­ns devraient être prises lors du prochain conseil municipal. Contactée, la société Gorillas, implantée depuis bientôt un an boulevard Risso, n’a pour le moment pas donné suite à nos demandes. Dans nos colonnes, il y a quelques semaines, Paul Choppin, son responsabl­e des localités, jouait cependant la carte de la cohabitati­on.

« Pas en opposition avec les commerces de proximité »

« À Nice, il y a 122 commerces de proximité, sans compter les commerçant­s locaux. Nous, nous avons un magasin. Nous ne sommes pas en opposition avec eux, nous apportons un service qui n’était pas proposé. Rien ne remplacera le savoir-faire d’un caviste. La question est surtout de se demander quelle est la différence entre nous et un magasin où on passe trente minutes à faire ses courses alors qu’il n’y a plus de caissiers…»

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(Photo Sébastien Botella) L’enseigne Gorillas est installée à Nice depuis bientôt un an.

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