Expérimentation en Paca : « C’est extrêmement chronophage »
Conscient de l’intérêt de limiter le gaspillage et le mésusage de médicaments, le ministère de la Santé avait lancé, en 2015, une expérimentation (lire encadré ci-dessous). Celleci portait sur la vente à l’unité de 14 antibiotiques dans quatre régions de France : l’Île-de-France, la Lorraine, le Limousin et ProvenceAlpes-Côte d’Azur, au sein de soixante-quinze pharmacies qui se sont portées volontaires. L’officine de Michel Siffre, qui exerce à Bandol, en faisait partie. Le professionnel se souvient. « Les patients ont adhéré à cette démarche car ils estimaient qu’en effet ça ne servait à rien de garder le surplus à la maison. En revanche, pour le pharmacien c’est extrêmement chronophage. J’ai joué le jeu parce que je voulais appréhender le problème », résume-t-il.
« Un problème de traçabilité »
Michel Siffre a remis ses conclusions à l’Agence régionale de santé (ARS), chargée de coordonner l’expérimentation sur le terrain.
Michel Siffre, pharmacien à Bandol, a participé à l’expérimentation en 2015.
Pour que la mesure fonctionne bien, « il faudrait une rémunération adéquate des pharmaciens. Mais également que les laboratoires adaptent leur conditionnement et les médecins leur prescription. Par exemple, le médecin prescrit le traitement pendant six jours, or, le médicament est vendu par boîte de cinq comprimés ».
« La vente à l’unité pose un problème de traçabilité. En pharmacie, il y a la sérialisation de la fabrication à la délivrance. En cas de déconditionnement, c’est-à-dire quand on enlève le blister, il n’y a plus de traçabilité. Le laboratoire dit ‘‘je ne suis plus responsable’’. On peut découper une plaquette de dix comprimés aux ciseaux, mais il faudrait dix blisters avec, sur chacun, le numéro de lot et la date de péremption. Il faut aussi faire une photocopie de la notice. »
« Sept à huit minutes supplémentaires »
Lors de cette expérimentation, le pharmacien varois a compté qu’il avait consacré « sept à huit minutes supplémentaires pour chaque délivrance » de médicaments à l’unité. Autre problème posé par cette mesure, la gestion du stock. « À chaque fois que vous ouvrez une boîte, il faut refaire tout le stock ».