Monaco-Matin

Une handicapée se dit « humiliée » par une fouille

Une sexagénair­e originaire d’Entrevaux explique avoir subi un contrôle « dégradant » hier matin, à l’aéroport de Nice, lui faisant même rater son vol. L’aéroport s’excuse, mais explique.

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Deux épaules abîmées, pas de rate, un bout de rein, des prothèses en plusieurs endroits du corps : Dominique Lacommare, 62 ans, a payé son tribut aux problèmes de santé. La sexagénair­e, originaire d’Entrevaux, est titulaire d’une carte d’handicapée. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle se définit. Hier matin, elle dit s’être sentie « humiliée » par le traitement qui lui a été réservé à l’aéroport de Nice. Ce à quoi l’aéroport a répondu à Nice-Matin dans l’après-midi (lire ci-dessous). Après avoir fait la route en voiture avec son mari, depuis leur commune des Alpes-de-Haute-Provence, elle s’est présentée hier matin à 6 h 15 à l’embarqueme­nt. Objectif : attraper le vol EasyJet de 7 heures, direction Bordeaux. Mais tout ne va pas se passer comme prévu. « Elle est tombée sur quelqu’un d’extrêmemen­t pointilleu­x, pour ne pas dire plus », s’agace son mari.

« Je ne marche qu’avec une canne, témoigne-t-elle. J’avais un sac un peu lourd. Un monsieur au contrôle m’a dit de poser ma canne. Mais je ne peux pas marcher sans elle ! Il m’a dit que ce n’était pas son problème et de laisser ma canne. »

Contrôlée jusqu’au soutien-gorge

Quand Dominique Lacommare franchit avec peine le contrôle, le portique sonne. Sans surprise. « Je leur avais montré ma carte handicapée. J’ai des prothèses dans les chevilles, dans les genoux, il est donc normal que ça sonne. » La mésaventur­e arrive à de nombreux passagers, mais tous ne passent pas par les étapes qu’elle va rencontrer.

Dominique Lacommare est handicapée à 40 %.

(DR)

Des excuses de

Selon l’Azuréenne, s’ensuit un long et pénible contrôle. « Ils m’ont demandé de retirer mes chaussures, mais je ne peux le faire seule. » On va lui chercher une chaise pour faire des scanners pour les pieds, affirme-t-elle. Ça sonne toujours. « Je leur disais que j’avais du matériel dans les chevilles, mais ils ne voulaient rien entendre. Je leur signalais aussi que j’allais rater l’avion. Ils m’ont répondu que j’avais largement le temps. » Dominique Lacommare affirme avoir été contrôlée jusqu’au soutien-gorge. «Il sonnait aussi à cause des attaches métallique­s, la contrôleus­e a tripoté puis secoué ma poitrine. »

La fouille ne donnera rien, mais le temps a passé. Dominique Lacommare, paniquée, voit son avion partir sans elle. « Les contrôles sont nécessaire­s, consent son mari. Mais de là à aller humilier

l’aéroport… et des explicatio­ns

La direction de l’aéroport Nice Côte d’Azur, interrogée par Nice-Matin, a tenu à présenter « ses sincères excuses (...) si la passagère s’est sentie humiliée au portique d’inspection sûreté ».

« La qualité de service est primordial­e dans notre politique et nous tenons à ce que l’ensemble des passagers qui empruntent nos terminaux en conservent la meilleure expérience possible. Toutefois, après examen de celle vécue par cette personne, il apparaît que les agents de sûreté de notre sous-traitant ont parfaiteme­nt respecté les procédures de sécurité édictées par les services de l’État, aussi intrusives puissent-elles être ressenties, et l’ont fait avec courtoisie et bienveilla­nce. »

Selon l’aéroport, le portique avait sonné à son passage et son bagage à main contenait des objets interdits, « dont un couteau à lame de plus de 6 cm ». « Ils n’ont eu de cesse de l’aider, lui tenant la main, l’aidant à ainsi ma femme handicapée, et lui faire rater son vol, c’est juste inadmissib­le ! » Sa femme échouera en pleurs dans le hall de l’aéroport.

« Je n’entends pas laisser passer cela »

Dominique Lacommare a dû repayer un billet 129 euros, l’aller. L’aller et retour initial lui avait coûté 98 euros. «Je n’entends pas laisser passer cela. Je trouve que c’est intolérabl­e de traiter ainsi une femme qui, à l’évidence, avait de gros problèmes de santé. Quand vous la voyez, ça ne peut pas vous échapper », s’insurge son mari qui entend écrire aux gestionnai­res de l’aéroport.

Sauf contre temps, la sexagénair­e a décollé hier soir à 19 heures. Non sans avoir raté un rendez-vous important à Bordeaux. s’asseoir, à se déchausser ou à se rechausser, et allant même jusqu’à l’accompagne­r encore quelques mètres jusqu’à l’escalator. »

Sur le temps perdu, l’aéroport estime que le respect de l’ensemble des procédures a pris du temps : « Un temps normal et nécessaire dans ce genre de situation pour ne pas brusquer la passagère tout en garantissa­nt la sécurité des passagers. Malheureus­ement, s’étant présentée une demi-heure avant le décollage de son avion, soit lorsque les portes d’embarqueme­nt sont refermées, la passagère n’a pu prendre son vol. Nous le regrettons. En complément, nous avons ouvert une enquête interne, en collaborat­ion avec notre sous-traitant, et ne manquerons pas de revenir vers cette passagère quand nous aurons toutes les conclusion­s en notre possession. »

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