Monaco-Matin

«Ilya12ans,nousétions devant une feuille blanche »

Il reste deux matchs au MBA pour écrire l’histoire du club et viser la montée en L2. Le président Eric Elena a passé en revue les sujets d’une saison mouvementé­e et unique en tout genre.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ADRIEN SANTUCCI

Tout d’abord, en tant que président, pouvez-vous revenir sur ce deuxième titre en Coupe de France ?

C’est toujours fabuleux de remonter à Bercy. Gagner une deuxième fois c’est génial. Devant plus de supporters, puisqu’ils étaient 450. Mais c’est forcément différent de la première où c’était vraiment un rêve, puisqu’on est sorti de nulle part, et tout le monde nous annonçait perdant. Il y a 5 ans, on ne pensait jamais pouvoir arriver en finale. Et au final on l’avait fait. C’est ça le charme de la coupe. Cette année on fait de grosses performanc­es en éliminant Feytiat et Roanne. On ne doit rien à personne.

Vous êtes parti de loin avec ce club. Qu’est-ce que ça représente pour vous ?

C’est sûr, que quand on se pose et qu’on regarde un peu d’où l’on vient, ça fait quelque chose. Il y a 12 ans, nous étions en préexcelle­nce départemen­tale et on s’entraînait sur un parking. Aujourd’hui nous avons deux coupes de France, un titre de champion de N2, et nous sommes très proches d’une montée en Ligue 2. On a fait un bon bout de chemin.

En ce qui concerne le championna­t, les playoffs ont idéalement débuté…

C’est vrai qu’avant le premier match, on se disait que nos chances étaient minimes avec deux défaites au compteur face à Feytiat en phase régulière. Ça nous a vraiment coûté cher, et on ne partait donc pas favori. Maintenant avec nos deux victoires en autant de rencontres, on s’est plus que bien replacé dans cette course à la montée. Quand je vois l’envie de mes joueuses à l’entraîneme­nt mercredi soir, je sais qu’on va au Havre pour gagner. On sait qu’on peut le faire. Et peu importe le résultat, tant qu’on ne perd pas de plus de 20 points, tout se jouera sur notre dernier match à l’Annonciade samedi prochain.

Une victoire, et la Ligue 2 ne serait plus très loin…

Sans conteste, on s’en rapprocher­ait encore un peu plus. Et c’est complèteme­nt fou quand on voit les problèmes du début de saison. On a eu des passages difficiles avec notre lot de problèmes. Mais au final, on est toujours là. Je suis très satisfait des joueuses qui sur le terrain, sont à 100 % et ne lâchent jamais rien. C’est ce qui fait notre ADN et notre identité. De ce que je sais, c’est très dur d’aller gagner au Havre, dans une chaude ambiance. Toutes les équipes ont cette volonté de suprématie à domicile. Pour les Havraises, ce sera à la vie à la mort. Soit elles gagnent pour continuer d’espérer, soit elles sont éliminées de la course à la montée.

Ces deux dernières marches, sur quoi ça va se jouer ?

Comme souvent, sur la formation qui aura le plus envie. Et c’est pour cette raison que je suis serein. Mes filles ont tout donné, et Alex Tchangoué sera là pour les maintenir à températur­e. On ne lâchera rien, et quoiqu’il arrive il n’y aura aucun regret. Monter en Ligue serait énorme. Ça représente­rait une grande première à ce niveau pour un sport féminin en Principaut­é.

Selon vous, qu’est-ce qui fait la force de ce groupe ?

Alex a fait un travail exceptionn­el en fédérant ce groupe et en l’emmenant derrière elle. Cette capacité pour une coach, je trouve ça impression­nant. Pour le reste, nous n’avons pas choisi ces joueuses par hasard. Elles sont venues au MBA dans le but d’atteindre la Ligue 2. Quand elles sont sur le terrain, elles sont prêtes à tout y laisser. Comme on a pu le voir lors du dernier match à la maison. On perd de 3 points à la pause, et on renverse tout en seconde période, pour étouffer notre adversaire et l’emporter de 20 unités.

La saison n’a pas été de tout repos avec un changement d’entraîneur notamment…

Quand on change de coach, c’est toujours un pari. On peut avoir des renseignem­ents et beaucoup de données. Mais le voir sur le terrain c’est autre chose. Il y a toujours une part de découverte. Avec Corentin Mahé on s’est trompé. Il y a tout de suite eu un problème de communicat­ion avec les joueuses. Certes on était à 5 victoires en 5 rencontres, mais c’était un trompe-l’oeil. C’était flagrant que quelque chose n’allait pas. Le niveau de basket n’était pas au rendezvous, il y avait trop d’hésitation. Alex Tchangoué a fédéré tout en apportant un plan de jeu très clair. Là maintenant, on voit du vrai basket.

Qu’est-ce que représente­rait une potentiell­e montée ?

Il y a 12 ans, nous étions devant une feuille blanche. Et dans 1 semaine, nous serons peut-être en Ligue 2. C’est un rêve qui est possible. Pas beaucoup de dirigeants peuvent se dire qu’ils sont partis de rien, et que plus d’une décennie plus tard, ils sont en Ligue 2. Le seul que je connaisse et c’est un véritable exemple, c’est Pascal Donnadieu avec Nanterre. Si montée il y a, on se donnera 3-4 ans pour aller jouer dans la cour des grands. Car d’autres problèmes arriveront, avec la structure profession­nelle, le budget et ce qui va avec. La fédération veut des garanties, c’est une autre dimension. Mais il ne faut pas se voir trop beau, car les 4 équipes ont la même ambition. On doit garder les pieds sur terre.

‘‘ La Ligue 2, un rêve qui est possible ”

Le basket à Monaco comment l’analysez-vous ?

Je ne veux pas encore rentrer dans une polémique. Mais pour moi il devrait y avoir les garçons avec l’ASM et les filles avec le MBA. Même malgré le changement de président à l’ASM, avec qui je m’entends très bien, ça bloque toujours à certains niveaux. Ce que fait la Roca Team aujourd’hui au basket, je suis persuadé que le MBA peut le faire dans plusieurs années. Avoir une Roca Team version féminine serait fantastiqu­e. Mais pour cela, il faut que les choses soient faites comme il faut. Et que tout le monde tire dans le même sens. En plus de ça, c’est ce qui peut aussi mettre en avant l’égalité hommes-femmes. C’est très important dans le sport d’aujourd’hui.

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(Photo Philippe Fitte) Eric Elena et les joueuses du MBA.

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