Allergies aux pollens : la région en alerte rouge
Les Alpes-Maritimes et le Var sont en risque élevé d’allergie aux pollens. Le retour des températures estivales et, au-delà, le réchauffement climatique, ont une incidence directe sur notre exposition. Ça pique, ça mouche et ça renifle…
Soleil maximum, températures à la hausse, le retour des beaux jours s’accompagne, hélas, d’une forte montée en puissance des allergies aux pollens. Gare aux graminées fourragères qui prospèrent dans la nature, au bord des routes et jusque sur les ronds-points : fléole, flouve, fétuque ou dactyle ne font pas bon ménage avec nos muqueuses.
Alerte rouge sur ces herbes des champs, propices au rhume des foins que la médecine a décrit dès 1830. Herbes qui complètent un arsenal allergisant où les cupressacées (cyprès, thuya) s’y entendent aussi pour nous faire la misère.
À surveiller, les promenades dans les oliveraies
« Un pollen qui tombe de son arbre, même au moindre coup de vent, peut rester actif pendant des semaines en venant chatouiller le nez et les yeux des patients », rappelle le docteur Véronique Lustgarten-Grillot, allergologue à Nice et membre du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). Gare aussi aux urticacées, où l’on trouve la redoutable pariétaire. Dite « perce-mur », « casse-muraille » ou encore « gamba rossetta » . Et qui croît allègrement le long des parois, en dispersant des milliers de petites fleurs. Donc, ses pollens par millions de grains invisibles. Du côté des oliviers, les arbres ne sont pas encore en fleurs, mais cela ne devrait plus tarder. Si son pollen a pour particularité de ne pas voler dans un périmètre très large, un peu comme le mimosa, les symptômes peuvent se révéler forts, on surveillera les promenades dans des oliveraies comme celle de Cimiez.
Et ce n’est pas terminé…
À suivre dans les jours à venir, la montée du thermomètre. Dans son bulletin du 13 mai, le réseau national de surveillance aérobiologique classe les Alpes-Maritimes et le Var en rouge. Pour consulter l’évolution de cette « météo pollen », vous pouvez vous rendre sur le site www.pollens.fr. Les capteurs de ce réseau de surveillance sont situés à Nice, sur le toit du Mamac, et à Toulon, sur le toit de l’hôpital. Le réchauffement climatique bouscule et étend la période de pollinisation. Initialement de mai à juillet pour les graminées, elle est passée d’avril à début octobre, avec des floraisons successives. « À l’horizon de 2050, on pense que la moitié de la population sera allergique », prévient le docteur Lustgarten-Grillot. En évoquant notamment la remontée vers le nord d’espèces adaptées aux températures plus douces, et une remontée en altitude, vers des étages de montagne plus élevés.
La pollution atmosphérique a également un impact. En modifiant les pollens, plus agressifs, capables d’entrer plus facilement dans les muqueuses. Et en rendant ces dernières plus inflammatoires, donc plus aptes à se montrer réceptives.
Pas d’âge pour devenir allergique
Des gènes favorables, conjugués à un environnement favorable lui aussi, font qu’il n’y a pas d’âge pour que la maladie allergique se révèle. Élargissement de la période de pollinisation et pollution contribuant à la mise en évidence d’une allergie chez un sujet qui aurait un terrain favorable. L’exposome, selon le nouveau mot à la mode, désigne « la maladie du XXIe siècle, une maladie environnementale silencieuse, mal connue, mal appréhendée par les services publics ». La Fédération française d’allergologie a mis en place un plan quinquennal, mais il manque encore les moyens.
Et ce qui n’arrange pas les choses, c’est que les spécialistes se raréfient. À Nice, un seul interne tous les deux ou trois ans, avec un cycle de formation de quatre ans, c’est très peu. Il faut souvent trois mois pour obtenir un rendez-vous avec un allergologue. Dans d’autres régions, ce peut être six mois. Et, parfois, à deux cents kilomètres de chez soi.