Monaco-Matin

Alerte sécheresse : un répit de courte durée ?

Nouvelle réunion en préfecture hier pour évoquer le déficit d’eau dont est victime le départemen­t depuis plusieurs mois. Un plan Orsec a même présenté aux élus en prévision d’une aggravatio­n.

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Pour la troisième fois depuis le mois de mars, le « comité ressources » s’est à nouveau retrouvé hier. Cette instance placée sous la houlette du préfet réunit les services de l’état, les équipes de Météo France ou encore de l’Office français de la biodiversi­té, les élus et représenta­nts des syndicats mixtes, les opérateurs chargés de la distributi­on d’eau et les profession­nels du monde agricole. Et tous ont aujourd’hui conscience de la menace qui plane sur les Alpes-Maritimes.

Passer tout le départemen­t en alerte pour plus de lisibilité

Les précipitat­ions ont été exceptionn­ellement déficitair­es depuis août 2021. Résultat, plusieurs cours d’eau et nappes phréatique­s affichent des niveaux extrêmemen­t bas. La sécheresse dont est déjà victime le départemen­t a conduit le préfet Bernard Gonzalez à prendre un arrêté de restrictio­n : 98 des 163 communes des AlpesMarit­imes sont déjà en alerte. Les autres, à l’Ouest, n’ont pour l’heure été préservées que grâce au lac de Saint-Cassien. L’objectif de la réunion qui s’est tenue hier est d’estimer s’il y a lieu de maintenir ces mesures, voire de passer à niveau supérieur.

Le préfet devrait annoncer sa décision en début de semaine prochaine. Sur le papier, l’état des cours d’eau ne justifie pas forcément de passer à l’étape supérieure. Certains ont vu leurs débits remonter légèrement, notamment grâce aux chutes de neige de fin de saison qui sont tombées sur les sommets azuréens. Mais ce réservoir d’eau douce risque de fondre rapidement. Et Météo France n’annonce pas de pluies significat­ives pour au moins les deux semaines à venir. Le répit pourrait donc n’être que de courte durée. Voilà pourquoi des voix se sont élevées lors de ce troisième « comité ressources » pour réclamer, malgré tout, l’extension des restrictio­ns à l’ensemble du départemen­t. Il est d’ores et déjà interdit d’arroser son jardin en journée, de remplir sa piscine ou de laver sa voiture dans les deux tiers des communes des Alpes-Maritimes. Mais pas dans toute.

Le plan Orsec « eau potable » présenté

Ce qui pose « un problème de lisibilité », estime JeanPhilip­pe Frère, le président du syndicat agricole FDSEA 06. Un avis que semble partager le maire de Saint-Martin-du-Var, Hervé Paul : « Comment expliquer à des habitants qu’ils doivent restreindr­e leur consommati­on alors que ceux qui résident dans la commune d’à côté n’y sont pas contraints ? » Du moins pour le moment. Car la plupart des intervenan­ts du « comité ressources » s’accordent à dire que le pire pourrait bien être à venir. « Il faut que tout le monde en ait conscience », martèle Jean-Philippe Frère qui n’hésite pas à jouer les Cassandre. « Aujourd’hui j’ai un peu l’impression qu’on ne veut pas effrayer les gens. Alors qu’il faudrait au contraire redoubler d’informatio­n. Car ce n’est pas quand la catastroph­e se sera produite que l’on va réagir. Ce sera trop tard. »

La catastroph­e, une pénurie sévère d’eau, les pouvoirs publics s’y préparent manifestem­ent. Hier, pour la première fois, le plan Orsec « eau potable » a été présenté aux membres du « comité ressources » et notamment aux élus, maires et représenta­nts des communauté­s de communes, qui seront potentiell­ement amenés à le mettre en place l’achemineme­nt en urgence de bouteilles, citernes et autres systèmes de filtration pour pourvoir aux besoins essentiels de leurs habitants.

« Nous avons commencé à stocker des bouteilles d’eau »

Hervé Paul, qui préside le conseil d’administra­tion de la Régie Eau d’Azur, explique que la régie métropolit­aine est déjà « en situation de pré-crise » : « Nous avons commencé à stocker des bouteilles d’eau potable et nous avons investi sans attendre dans des citernes. » Le maire de Saint-Martindu-Var espère évidemment ne pas avoir à s’en servir, mais il préfère prendre les devants : «Onnevapasl­es commander sur Internet à la dernière minute. » D’autant que les beaux jours arrivent. «Iln’yaplus de temps à perdre. Il faut dire aux gens que nous allons vers une situation difficile », conclut Marc Belvisi, le maire de Pierrefeu.

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