Alerte sécheresse : un répit de courte durée ?
Nouvelle réunion en préfecture hier pour évoquer le déficit d’eau dont est victime le département depuis plusieurs mois. Un plan Orsec a même présenté aux élus en prévision d’une aggravation.
Pour la troisième fois depuis le mois de mars, le « comité ressources » s’est à nouveau retrouvé hier. Cette instance placée sous la houlette du préfet réunit les services de l’état, les équipes de Météo France ou encore de l’Office français de la biodiversité, les élus et représentants des syndicats mixtes, les opérateurs chargés de la distribution d’eau et les professionnels du monde agricole. Et tous ont aujourd’hui conscience de la menace qui plane sur les Alpes-Maritimes.
Passer tout le département en alerte pour plus de lisibilité
Les précipitations ont été exceptionnellement déficitaires depuis août 2021. Résultat, plusieurs cours d’eau et nappes phréatiques affichent des niveaux extrêmement bas. La sécheresse dont est déjà victime le département a conduit le préfet Bernard Gonzalez à prendre un arrêté de restriction : 98 des 163 communes des AlpesMaritimes sont déjà en alerte. Les autres, à l’Ouest, n’ont pour l’heure été préservées que grâce au lac de Saint-Cassien. L’objectif de la réunion qui s’est tenue hier est d’estimer s’il y a lieu de maintenir ces mesures, voire de passer à niveau supérieur.
Le préfet devrait annoncer sa décision en début de semaine prochaine. Sur le papier, l’état des cours d’eau ne justifie pas forcément de passer à l’étape supérieure. Certains ont vu leurs débits remonter légèrement, notamment grâce aux chutes de neige de fin de saison qui sont tombées sur les sommets azuréens. Mais ce réservoir d’eau douce risque de fondre rapidement. Et Météo France n’annonce pas de pluies significatives pour au moins les deux semaines à venir. Le répit pourrait donc n’être que de courte durée. Voilà pourquoi des voix se sont élevées lors de ce troisième « comité ressources » pour réclamer, malgré tout, l’extension des restrictions à l’ensemble du département. Il est d’ores et déjà interdit d’arroser son jardin en journée, de remplir sa piscine ou de laver sa voiture dans les deux tiers des communes des Alpes-Maritimes. Mais pas dans toute.
Le plan Orsec « eau potable » présenté
Ce qui pose « un problème de lisibilité », estime JeanPhilippe Frère, le président du syndicat agricole FDSEA 06. Un avis que semble partager le maire de Saint-Martin-du-Var, Hervé Paul : « Comment expliquer à des habitants qu’ils doivent restreindre leur consommation alors que ceux qui résident dans la commune d’à côté n’y sont pas contraints ? » Du moins pour le moment. Car la plupart des intervenants du « comité ressources » s’accordent à dire que le pire pourrait bien être à venir. « Il faut que tout le monde en ait conscience », martèle Jean-Philippe Frère qui n’hésite pas à jouer les Cassandre. « Aujourd’hui j’ai un peu l’impression qu’on ne veut pas effrayer les gens. Alors qu’il faudrait au contraire redoubler d’information. Car ce n’est pas quand la catastrophe se sera produite que l’on va réagir. Ce sera trop tard. »
La catastrophe, une pénurie sévère d’eau, les pouvoirs publics s’y préparent manifestement. Hier, pour la première fois, le plan Orsec « eau potable » a été présenté aux membres du « comité ressources » et notamment aux élus, maires et représentants des communautés de communes, qui seront potentiellement amenés à le mettre en place l’acheminement en urgence de bouteilles, citernes et autres systèmes de filtration pour pourvoir aux besoins essentiels de leurs habitants.
« Nous avons commencé à stocker des bouteilles d’eau »
Hervé Paul, qui préside le conseil d’administration de la Régie Eau d’Azur, explique que la régie métropolitaine est déjà « en situation de pré-crise » : « Nous avons commencé à stocker des bouteilles d’eau potable et nous avons investi sans attendre dans des citernes. » Le maire de Saint-Martindu-Var espère évidemment ne pas avoir à s’en servir, mais il préfère prendre les devants : «Onnevapasles commander sur Internet à la dernière minute. » D’autant que les beaux jours arrivent. «Iln’yaplus de temps à perdre. Il faut dire aux gens que nous allons vers une situation difficile », conclut Marc Belvisi, le maire de Pierrefeu.