Monaco-Matin

« J’aurais aimé jouer avec lui »

25 ans après son père, Lorenzo Prso foule la pelouse de Louis-Hon à Saint-Raphaël. Formé à l’OGCN, il épate à l’Étoile FC. Dado Prso, ancien de l’ASM, est conquis.

- LAURENT SEGUIN

Si les produits miracles promettant un rajeunisse­ment immédiat vous semblent encore farfelus, si le botox, le silicone et les bistouris vous effraient, nous venons de découvrir un infaillibl­e moyen de faire le chemin inverse en seulement quelques secondes. Alors nous nous doutons bien que les clients ne se bousculero­nt pas, mais si d’aventure vous souhaitiez prendre une bonne vingtaine d’années en l’espace d’un seul instant, la recette est toute simple. Il suffit de vous rendre au stade Louis-Hon. Là, au bord de cette pelouse raphaëlois­e qu’un certain Dado Prso a foulée en 1996 et sur laquelle évolue désormais un jeune défenseur central de tout juste 21 ans, répondant au nom de Lorenzo… Prso.

Dado : « Pour moi, tout a démarré à Saint-Raphaël »

Oui, c’est ainsi, le temps file. Et pendant qu’une troisième génération de Maldini éclôt du côté de Milan, Lorenzo Prso marche sur les traces de son illustre papa. À l’endroit même où l’ex-attaquant de Monaco et des Glasgow Rangers a lancé sa carrière. « Pour moi, tout a démarré ici », raconte celui qui pensait que son rêve s’était envolé en 1995, après deux saisons galères en Normandie, une blessure, et surtout une relégation en National sous les couleurs de ce FC Rouen qui aurait bien pu être son dernier club. Avant que le jeune attaquant croate ne mette le cap au Sud. Pour trouver une place d’aide mécanicien auprès d’une entreprise gérée par Alexandre Barbero et une autre sur le front de l’attaque du Stade Raphaëlois, alors installé en

National 2. « J’avais arrêté le foot et j’ai repris ici, explique le finaliste de la Ligue des champions 2004. Et comme on jouait contre des réserves de clubs pros, j’ai été repéré par Monaco, se souvient Dado Prso. Finalement, tout est parti d’ici », répète celui qui concède même avoir ressuscité deux fois au pied de l’Estérel lorsqu’on lui rappelle cette longue rééducatio­n, suivie presque tout au long de l’année 2002, au CERS de Saint-Raphaël. «Des médecins disaient que j’étais mort pour le football et derrière (après une opération du tibia et des mois de rééducatio­n), j’ai fait les quatre meilleures années de ma carrière », sourit l’ex-attaquant de Monaco.

Les meilleures années de sa jeune carrière, Lorenzo les a sans aucun doute devant lui. À 21 ans, ce solide défenseur s’est immédiatem­ent installé dans la peau d’un titulaire au coeur de l’arrière-garde étoiliste. Et sans parler de renaissanc­e, le jeune homme semble bien trouver ce second souffle, ce nouvel élan, qu’il est lui aussi venu chercher ici. Vingt-cinq ans après son père.

Lorenzo : « Je veux continuer de grandir avec ce club »

« Avec Nice, ça ne s’est pas concrétisé comme je le voulais, mais c’est une expérience, c’est la vie, et il faut savoir avancer, explique Lorenzo Prso. J’ai fait ma formation à Nice et maintenant, je continue de grandir, même si je suis ailleurs. Ici ça travaille bien, c’est quasi profession­nel, et c’est bien pour moi de muscler mon jeu dans ce championna­t très relevé. Ça peut être un très bon tremplin, mais j’ai encore deux ans de contrat et je veux continuer de grandir

Dado Prso avec ce club qui est ambitieux », prévient le jeune défenseur. « Depuis qu’il est arrivé, et ça fait seulement un an, je trouve qu’il s’est développé physiqueme­nt, et qu’il a pris beaucoup d’assurance sur le terrain, juge Dado. Ila passé un cap avec Jean-Guy Wallemme (l’ex-entraîneur démis de ses fonctions le mois dernier) et il continue d’apprendre avec Charly (Paquille, le coach) et Sébastien (Pérez, directeur sportif de l’Étoile). Et puis, avec Martigues, Lyon Duchère, Goal, Grasse, Toulon et Hyères, ce groupe C de National 2 propose un niveau très élevé qui me semble plus proche du niveau National que dans les autres groupes, estime Dado, à quelques heures d’un derby face à Toulon, qui n’est pas encore assurée de son maintien. « Enfoncer Toulon, ce n’est pas ce que je regarde, je vois juste qu’il y a un derby et c’est un match que j’ai envie de gagner, annonce Lorenzo.

Des derbys, son papa en a justement connus quelquesun­s. Et pas des moindres. « J’ai joué des Monaco-Nice, mais Rangers-Celtic, c’est quelque chose, raconte celui qui a évolué trois saisons sous les couleurs des Rangers.

24 points de suture en Écosse, pas un seul à Monaco

« C’est pas vraiment du football, ça ressemble plus au rugby. Les arbitres laissent beaucoup jouer, poursuit Dado. J’ai rarement fini un derby là-bas sans un turban autour de la tête, tellement ça y va. Et pour la petite histoire, quand je jouais avec Monaco, je n’ai jamais eu un seul point de suture sur la tête. Là-bas, après trois saisons, j’en avais déjà vingt-quatre. Juste sur la tête ! Ça va vraiment au mastic et les supporters aiment ça. »

Aller « au mastic », au duel, Lorenzo qui a débuté le football en Écosse sait justement le faire. « Avec les pieds, il a un peu de qualité, il n’est pas dégueulass­e, mais l’important dans le football, c’est l’état d’esprit, explique Dado. ÀMonaco, on n’était pas forcément les meilleurs footballeu­rs, mais on est allé en finale (de Ligue des champions) parce qu’on avait pratiqueme­nt tous la bonne mentalité. Pour moi, jouer un match de Ligue des champions et le finir avec le short propre, ça veut dire qu’il y a des questions à se poser. Quand tu vois Marseille-Feyenoord et la façon dont les Néerlandai­s ont défendu… Quand tu mets ces ingrédient­s, tu ne vas peut-être pas gagner, mais tu peux difficilem­ent perdre un match, prévient Dado. Et Lorenzo, tu sais que tu peux aller au charbon avec lui. J’aurais aimé jouer avec lui », conclut l’ancien attaquant. Malheureus­ement, même si Alexandre Barbero signerait tous les jours pour pouvoir recruter son ancien attaquant une nouvelle fois, les produits miracles promettant un rajeunisse­ment immédiat ne devraient pas suffire. Fichu botox ! Satané silicone !

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Jouer un match de Ligue des champions et le finir avec le short propre, ça veut dire qu’il y a des questions à se poser...”

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(Photo Camille Dodet) Lorenzo (à droite), 21 ans, sur les traces de son père Dado, 47 ans.

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