Monaco-Matin

« Sur les réseaux, je suis sincère et c’est ce qui plaît » Mentonnais­e

Malgré sa notoriété, la Roxane, qui compte 9 millions d’abonnés, est lucide sur le métier d’influenceu­r, ses dérives, son avenir : « Ma priorité, c’est ma famille. »

- PROPOS RECUEILLIS PAR M. T. mtranoy@nicematin.fr

Ancienne candidate de l’émission « Le Meilleur Pâtissier » diffusée en 2015 sur M6, Roxane Piana, 35 ans, créatrice de contenus « Cuisine, délires et confidence­s » réunit, sur les réseaux sociaux, sur ses comptes « L’Atelier de Roxane », 9 millions d’abonnés. Une ascension fulgurante pour cette maman de trois enfants, ancienne auxiliaire de puéricultu­re devenue conceptric­e de cupcakes, puis star de la pâtisserie et de la déconnade, qui a su rester simple. Aujourd’hui, elle travaille en famille avec son mari Loïc, son frère et sa belle-soeur.

Votre communauté ne cesse de grossir. Comment faites-vous pour durer dans ce métier ?

Je n’y réfléchis pas trop. C’est un métier dans lequel on vit au jour le jour. Il faut se renouveler constammen­t. Je n’ai pas de recette miracle. Sur les réseaux, on a tendance à montrer une vie parfaite. Je suis à l’opposé de tout ça. Je suis sincère, entière. Je montre mes galères du quotidien dans ma vie de femme, de maman. Je pense que c’est quelque chose qui plaît.

Comment avez-vous réussi à vous démarquer ? Quand je me suis lancée il y a 6 ans, c’était le tout début des réseaux. TikTok et Snapchat n’existaient pas. Instagram, on l’utilisait juste pour poster des photos de vacances.

Il n’y avait pas d’influenceu­rs, ce n’était pas un métier. J’ai trouvé une thématique qui parlait à tout le monde : la cuisine. Ça fédère, car tout le monde cuisine. J’ai été une des premières à développer la cuisine sur les réseaux.

Vous avez rencontré un succès considérab­le en peu de temps. Comment gardez-vous les pieds sur terre ?

Grâce à mes enfants, qui me

Roxane la Mentonnais­e est une star de la pâtisserie sur les réseaux sociaux.

rappellent que je suis avant tout une maman, avec un tee-shirt plein de vomi [rires] .Etgrâceà notre noyau solide composé de famille et de nos amis qui est resté aussi simple qu’avant. On mesure pleinement la chance qu’on a et on la savoure. Mais pour moi, la priorité, c’est d’inculquer mes valeurs à mes enfants.

Est-ce qu’être influenceu­r se résume à recevoir des invitation­s au resto, des cadeaux, voyager ? Quel est l’envers du décor ?

C’est l’étiquette qu’on colle aux influenceu­rs, mais elle se rapporte plutôt aux gens de la téléréalit­é, qui, malheureus­ement entachent le métier. C’est pour ça que je n’aime pas dire que je suis influenceu­se. Je me considère comme créatrice de contenus. D’ailleurs, mon métier ne se limite pas à Instagram ou Youtube. J’ai aussi ma boutique en ligne. Parfois on peut être déconnecté de la réalité parce qu’on va visiter des lieux ou vivre des expérience­s vraiment incroyable­s, mais c’est un métier hyper-diversifié, où on fait tout. Je travaille

60 à 70 heures par semaine. Je suis monteuse, régisseuse, je gère ma boutique en ligne, j’écris des livres.

C’est beaucoup de pression ?

Je me suis mis cette pression les trois premières années. C’est dur quand on se lance, car on n’existe que sur les écrans. Déjà, on a un peu le syndrome de l’imposteur, car c’est une réussite qui est fulgurante et on se dit :

« Pourquoi moi ? Est-ce que je le mérite ? » Pendant 3 ans, j’ai tout le temps eu avec cette peur que si je coupais, j’allais très vite être remplacée. Aujourd’hui, j’arrive à prendre du recul et des vacances.

Peut-on vraiment vivre durablemen­t de ça ?

On peut, si on ne s’en tient pas au stéréotype de l’influenceu­r qui incite les gens à acheter des choses en les inondant de produits publicitai­res. Je fais quelques placements de produits parce que c’est mon métier et qu’il faut que je gagne ma vie. Mais rarement. C’est un choix. Si je faisais des pubs tous les jours, les gens n’auraient plus envie de me suivre. Il faut parfois savoir refuser un gros chèque pour mieux pérenniser sa société, et être quelqu’un d’honnête en déployant d’autres projets. Les réseaux, c’est très aléatoire. On n’est jamais à l’abri d’un mauvais « buzz ».

La notoriété, ça m’est tombé dessus”

D’abord maman avant d’être influenceu­se”

Les réseaux, toute la famille s’y est mis, comme votre fils Mathis. Quels conseils lui donnez-vous ?

De dissocier les réseaux de la vraie vie. Pour les plus jeunes, les réseaux, c’est très dangereux. C’est là que se passe la majorité des harcèlemen­ts. Vu que c’est mon travail, j’ai encore plus conscience des dangers, et je connais tous les travers des réseaux. J’ai les accès de tous les comptes de mes enfants. Ils n’ont accès à rien sans mon autorisati­on. Sur ça, j’ai été une maman avant d’être une influenceu­se. Mon fils fait ça pour le fun. Il a le même recul que moi sur la notoriété. Il sait que je n’ai jamais cherché à être connue, que ça m’est tombé dessus. Si un jour mon travail déborde trop sur ma vie privée, que je ne peux plus emmener mes enfants à l’école ou aller faire mes courses normalemen­t, j’arrêterai. Ma vie de famille, c’est ma priorité. Mon travail, ce n’est pas d’être connue. C’est le partage, mes contenus. La notoriété, c’est venu avec, mais ce n’est pas quelque chose que j’ai cherché.

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(Photo Michael Alesi)

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