Monaco-Matin

La consécrati­on d’une « super techno » issue de la gauche

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Élisabeth Borne, 61 ans, est une technicien­ne issue de la gauche, réputée tenace, et dont la loyauté pendant tout le dernier quinquenna­t, dans trois ministères difficiles, a fait la différence pour accéder à Matignon. Celle qui fut directrice de cabinet de Ségolène Royal, est membre de l’aile gauche de la macronie, un atout à l’heure où s’annoncent de nouvelles réformes sociales, à commencer par «lamère des batailles » sur les retraites. Cette ingénieure, née le 18 avril 1961 à Paris, diplômée de l’École nationale des Ponts et chaussées et de Polytechni­que, haute fonctionna­ire, se définit comme «une femme de gauche, avec la justice sociale et l’égalité des chances » au coeur de ses combats.

À son arrivée au ministère du Travail en juillet 2020, déjà en pleine crise sanitaire liée à la Covid-19, elle a notamment dû gérer le très contesté dossier de la réforme de l’assurance chômage, dénoncée unanimemen­t par les syndicats. Présentée en mars 2021 dans une version « adaptée » à la crise, elle est pleinement entrée en vigueur en décembre, après avoir été un temps suspendue.

Toujours tirée à quatre épingles

À son actif également, le plan « Un jeune, une solution » présenté dès juillet 2020, qui a mobilisé une palette de dispositif­s pour l’emploi, dont des aides massives à l’apprentiss­age, pour éviter une «génération sacrifiée ». Elle avait aussi hérité de l’explosif dossier des retraites, même s’il avait été remisé. Cette sexagénair­e toujours tirée à quatre épingles, souvent une cigarette électroniq­ue à la main (y compris discrèteme­nt dans l’hémicycle des assemblées), est réputée bien connaître ses dossiers. « Plus politique » que sa prédécesse­ure Muriel Pénicaud, selon un observateu­r du secteur, elle a entretenu des relations plus fluides avec les partenaire­s sociaux.

« Peut-être qu’elle est un peu plus rigoureuse sur un certain nombre de choses, dans les relations en tout cas », mais « la stratégie, c’est la même », tempérait toutefois Philippe Martinez (CGT) l’an dernier. « C’est une super techno », commentait récemment un autre responsabl­e syndical, qui ne la voyait pas à Matignon. «Sionse dit qu’il y a besoin d’empathie, pour le coup, vous partez de loin », grinçait-il.

Surnommée « Borne out » pour sa dureté

Dans les couloirs des ministères où elle a officié, on rappelle qu’elle fut surnommée « Borne out » pour sa dureté envers ses collaborat­eurs, un jeu de mots avec le « burn out », syndrome d’épuisement. Élisabeth Borne avait multiplié ces derniers mois les interventi­ons pour défendre l’action du gouverneme­nt, notamment le « bouclier anti-licencieme­nt » du chômage partiel face à la crise, ou pour battre le rappel sur le télétravai­l face à la Covid-19. Elle a d’ailleurs elle-même passé plusieurs jours à l’hôpital en mars 2021 après avoir contracté le virus, confiant avoir vécu une expérience « angoissant­e ». Avant d’arriver rue de Grenelle, Élisabeth Borne avait d’abord géré le portefeuil­le des Transports dans les gouverneme­nts d’Édouard Philippe. Durant ces deux années à ce poste, elle avait gagné une assise certaine en menant à son terme l’une des réformes emblématiq­ues du quinquenna­t, celle de la SNCF, et en portant la loi touffue sur les mobilités (LOM). Elle avait ensuite remplacé François de Rugy comme ministre de la Transition écologique et solidaire lors d’un remaniemen­t en juillet 2019.

Très discrète sur sa vie privée

Élisabeth Borne avait déjà fait un passage en 2014 comme directrice de cabinet de la ministre de l’Environnem­ent Ségolène Royal. L’année précédente, en 2013, elle avait été préfète de la région Poitou-Charentes, présidée alors par Ségolène Royal.

Dès 2015, Élisabeth Borne avait toutefois été nommée présidente de la RATP, quelques années après avoir été directrice de la stratégie de la SNCF.

Dans une carrière essentiell­ement consacrée au service public, notamment dans les cabinets socialiste­s dans les années 1990, chez Lionel Jospin à l’Éducation ou Jack Lang à la Culture, Élisabeth Borne a aussi fait un passage dans le privé, chargée des concession­s du groupe Eiffage en 2007, avant de rejoindre la Mairie de Paris comme directrice de l’urbanisme. Très discrète sur sa vie privée, ayant perdu son père « très jeune » avec une mère qui n’« avait pas vraiment de revenus », elle a été pupille de la Nation. Divorcée et mère d’un enfant, elle a par ailleurs indiqué que la communauté juive était «la sienne », lors d’un entretien sur Radio J en juin 2021.

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