Ciotti se lance avec pour « adversaire, Mélenchon »
Le député LR sortant de la 1re circonscription des Alpes-Maritimes a officiellement lancé sa campagne samedi à Nice sur le thème de la fidélité face aux « contorsions » des néo-macronistes.
C’est le canon qui tonne ; il est midi et ça me rappelle que je parle depuis longtemps », lâche tout sourire, Éric Ciotti, hissé sur une estrade boulonnée devant sa permanence du port de Nice, encerclée de drapeaux français. Samedi, le député sortant, ancré dans cette 1re circonscription depuis 2007, a officiellement lancé sa campagne pour les élections législatives. Troisième du nom, dans ce territoire 100 % niçois. Et il a livré un long discours, à fleurets mouchetés face à une foule d’ «amis» .Et pas « des obligés et des courtisans », ironise-t-il. Des «amis», maires et élus des vallées, parlementaires Les Républicains (LR) ou candidats à le devenir, conseillers départementaux… Tous, sauf ceux qui voteront les 12 et 19 juin dans cette circonscription.
LR ? Jamais prononcé
L’inventaire des Républicains, parti cabossé par les épreuves nationales et siphonné par la majorité présidentielle, n’aura pas lieu. Ciotti n’en prononcera même pas le nom. Tout juste évoque-t-il, « avec lucidité » ,maisdu bout des lèvres, la « défaite à la présidentielle ». L’immense panneau Les Républicains trône, quand même, au-dessus de sa tête, sur la devanture de sa permanence. À côté ce slogan, « Pour que la France reste la France », que lui a chipé Zemmour, lors de la présidentielle. Zemmour qui
Éric Ciotti a lancé sa campagne à sa permanence du port de Nice, entouré des parlementaires LR du département et de ceux qui aspirent à l’être.
ne viendra pas chatouiller Ciotti sur ses terres : Reconquête ! n’envoie personne le concurrencer dans la 1re circonscription.
Haro sur les « girouettes »
Samedi, pas de flirt avec les idées d’extrême droite dans les propos du sortant LR. Mais pas d’attaque non plus dans cet te direction. Le RN ? Autre grand absent du discours. Pour Éric Ciotti, l’ennemi est ailleurs : « Mon adversaire, c’est Mélenchon » et « seulement le candidat de Mélenchon ».
Il faut les « empêcher de détruire le pays », matraque le cofinaliste à la primaire des Républicains. Qui fait mine d’ignorer le candidat de la majorité présidentielle : Graig Monetti. Le jeune adjoint de Christian Estrosi lançait sa campagne vendredi devant, peu ou prou, le même nombre de personnes pour la plupart pas davantage inscrites dans les bureaux de vote cette circonscription. « Nous allons avoir affaire à des vira vesta [qui retournent leur veste] , ceux qui ont du mal à suivre la vitesse de la girouette, galèje Ciotti. Ceux-là ne nous font pas peur. »
En revanche, la rancoeur n’a pas fini de cuver avec «le maire de Nice », dont il ne prononcera pas non plus le nom. Affranchi affiché des jupons d’Estrosi, Éric Ciotti se défend tout d’abord : « J’aime Nice, j’aime les Niçoises et les Niçoises, j’aime ce que vous êtes. » Gare à ceux qui insinuent le contraire : «Je ne vous ai jamais fait défaut. (...) J’ai toujours soutenu les projets municipaux, j’y ai pris ma part, dans la mesure où il servait l’intérêt général et pas une vision délirante. » Et l’exemple coule de source pour lui: « Pas 1 euro d’argent public ne soutiendra la folle destruction du TNN et du palais des congrès, fruit d’un délire mégalomane. » Il confie : « Celui qui occupe le poste de maire me disait un jour dans le secret de mon bureau qu’il ne voulait plus la moindre trace de Jacques Médecin à Nice. » Ciotti jure qu’il portera ce combat jusqu’au bout et demande « solennellement » à Estrosi « d’organiser un référendum pour savoir si les Niçois veulent ou pas leur destruction. »
«Fidélité»!
Les deux hommes sont désormais irréconciliables. En 2017, ils faisaient encore bonne figure, devant les caméras, mais se faisaient déjà la guerre en coulisses. Jusqu’au soir du second tour, où Éric Ciotti victorieux dévoilait officiellement leurs divergences.
Samedi, Ciotti a mis en avant sa fidélité, son parcours droit, leitmotiv de son discours, face aux « contorsions » des néomacronistes. Un discours au cours duquel il n’a oublié personne : les jeunes, les aînés, les forces de l’ordre et de secours. Et aucun thème : la santé, l’éducation. Et, bien sûr, la sécurité.