Mathieu Messina prend la direction totale de la SPL
L’adjoint a été élu PDG de la SPL des ports de Menton. Mais sa nomination est critiquée par l’opposition à cause des poursuites judiciaires à son encontre. Céline Giudicelli va contester.
Il fallait s’y attendre. Après avoir fait campagne contre le « clan Guibal » et attaqué ouvertement Céline Giudicelli, belle-fille de l’ancien maire et directrice générale de la société publique locale des ports de Menton, Yves Juhel a fait tomber la sanction. La fille de la défunte sénatrice Colette Giudicelli a été rétrogradée, mardi soir, en conseil municipal. C’est Mathieu Messina, adjoint aux Finances récemment élu président de la SPL, qui a récupéré les fonctions de directeur général.
« Des difficultés avec la direction »
« M. Messina m’a fait part de difficultés rencontrées dans l’exercice de son mandat, justifie le maire, Yves Juhel. Pour être très clair, il avait du mal à obtenir un certain nombre d’éléments et de documents de la direction. En conséquence, comme je considère que la Ville et le Département, en tant qu’actionnaires, ont le droit de regard sur ce qu’il se passe à la SPL, nous proposons un changement de gouvernance. La Ville souhaite que le président devienne président-directeur général et la directrice générale une directrice. Bien évidemment, c’est le conseil d’administration qui se réunira qui validera cette décision. »
L’opposition n’a pas tardé à dégainer. Et ce n’est pas tant pour défendre Céline Giudicelli, dont la rumeur l’accusait de tirer les ficelles de la campagne de Sandra Paire, mais plutôt pour taper sur son remplaçant.
Messina visé par la justice
Gabrielle Bineau, du groupe « Unis pour Menton », a rappelé que l’adjoint aux Finances est dans le viseur de la justice et émet des doutes sur la capacité de ce dernier à gérer la SPL.
Mathieu Messina est poursuivi pour fraude à l’Urssaf en sa qualité d’ancien président bénévole du Gazelec Ajaccio. Comme le rapporte l’AFP, il est soupçonné, avec deux autres dirigeants du club de foot corse, d’avoir dissimulé primes, avantages en nature et indemnités kilométriques accordés aux joueurs et aux salariés pour un montant global de 1.124.350 euros, sur une période allant du 1er janvier 2018 au 30 juin 2021. Un préjudice mis au jour par la Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille dans le cadre d’une enquête visant les finances occultes de la bande criminelle du Petit Bar. Et dont il devra répondre, le 8 et 9 février 2023, devant le tribunal correctionnel de Marseille. Même si l’opposition assure respecter la présomption d’innocence, elle s’étonne que l’élu, « mis en examen », n’ait pas eu « l’élégance, ou la délicatesse, de démissionner dans l’attente d’une décision définitive ». Le groupe « Unis pour Menton » a donc voté contre et les trois élus de « Menton avec vous » se sont abstenus.
La directrice de la SPL se défend
La directrice de la SPL, aussi, pourrait regretter un manque de délicatesse de la part de la municipalité. Contactée ce mercredi matin, Céline Giudicelli explique ne pas avoir été prévenue et avoir découvert sa rétrogradation, la veille, lors de la retransmission en direct du conseil. « Ce que j’ai appris comme tout le monde [avant-] hier soir lors de la séance de conseil municipal m’a surprise, réagit-elle. Sur la base de certaines déclarations politiques ces six derniers mois, chacun pourra constater que cette décision en est le prolongement. »
« Cependant, j’ai toujours fait mon travail consciencieusement et j’ai toujours répondu aux sollicitations du président dans l’exercice de son mandat. Vous comprendrez à ce stade que j’attends que cette délibération devienne définitive. Je tirerai les conséquences juridiques qui s’imposent si cet acte venait à être appliqué », prévient-elle.