Monaco-Matin

Nice : l’origine inavouée d’une bataille rangée aux Liserons

Devant l’impossibil­ité de connaître l’origine exacte de deux jours de violences entre communauté­s en juin 2020, impasse des Liserons, le procureur a requis jusqu’à cinq ans de prison.

- CH. P.

Depuis lundi, le procès d’affronteme­nt entre Tchétchène­s, Maghrébins et CapVerdien­s, impasse des Liserons, se déroule dans le calme.

La page est-elle tournée ? Nul ne le sait, pas plus qu’on ne connaîtra l’origine exacte d’une rivalité enkystée qui a failli tourner au drame. Tout est parti d’une gifle et cela a fini en rafales d’arme de guerre.

Douze prévenus en comparutio­n

Un réfugié tchétchène blessé par balle, le tireur lardé de coups de couteau, des tirs de kalashniko­v, des coups de pied sur des hommes à terre... Chacun s’accorde sur un point : c’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de mort à cette époque dans cette artère de l’Est de Nice connue pour ses trafics, notamment de drogue. Douze prévenus comparaiss­ent depuis lundi. Pas simple pour la police judiciaire d’enquêter sur cette affaire tant a régné l’omerta. Les victimes, même gravement blessées, ne désignent ni leurs complices ni leurs agresseurs. L’un des protagonis­tes n’a-t-il pas déclaré que la justice était « illégitime » à vouloir à percer le mystère de ces violences communauta­ires. « La justice doit passer. Pas celle de la rue, celle de la loi », martèle le procureur Marc Ruperd, mercredi, à l’heure du réquisitoi­re. « On vous ment constammen­t dans ce dossier, on vous raconte n’importe quoi », indique le magistrat au tribunal.

Par chance, les premières violences entre les frères ont été filmées. Tout comme les préparatif­s « d’un match retour ». Ce qui justifie, selon le parquet, les poursuites pour « associatio­n de malfaiteur » contre ceux qui sont allés chercher armes et cagoules.

Le 11 juin, Ahmedzine Kiouas, sans doute le plus frêle des protagonis­tes, a sorti une arme de poing pour défier les trois frères Viskhanov. Il a tiré à trois reprises dans les jambes et blessé l’un d’eux à un tibia.

Pour le procureur, il ne fait pas de doute que c’est Vakhit Viskhanov qui, en riposte, a porté des coups de couteau, même s’il s’en défend désormais. Jason Monteiro a finalement admis, après deux ans de dénégation­s, qu’il avait bien, ensuite, épaulé une kalashniko­v pour procéder à des tirs d’intimidati­on. Trois ans de prison sont requis contre lui. Cinq ans de prison sont demandés à l’encontre d’Amedzine Kiouas et trois ans contre Jason Monteiro.

Les autres peines proposées par le ministère public oscillent entre trois mois de prison avec sursis et trente mois de prison, en fonction du passé judiciaire et de la part prise dans les violences. Place aujourd’hui aux plaidoirie­s de la défense. Le jugement devrait être rendu ce soir.

 ?? (Photo d’archives Eric Ottino) ?? Les violences avaient provoqué un important déploiemen­t des forces de l’ordre impasse des Liserons, et ce pendant plusieurs semaines.
(Photo d’archives Eric Ottino) Les violences avaient provoqué un important déploiemen­t des forces de l’ordre impasse des Liserons, et ce pendant plusieurs semaines.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco