Trois jardins exceptionnels passent en gestion privée
La Ville vient de confier l’entretien et la gestion des jardins Maria Serena, Serre de la Madone et palais de Carnolès à l’association ASJM, présidée par l’homme d’affaires Michael Likierman.
C’est le premier partenariat public-privé acté par la Ville de Menton. Mardi soir, le conseil municipal a voté l’attribution d’une subvention pluriannuelle de fonctionnement à l’Association de sauvegarde des jardins d’exception du Mentonnais. À travers son projet « Riviera botanique », l’ASJM veut sauvegarder et revaloriser ce patrimoine par l’entretien et la gestion directe de trois jardins d’exception publics. Il s’agit de Maria Serena, Serre de la Madone et le palais de Carnolès.
« C’est du 50/50, explique Yves Juhel. Pour 1 € apporté par la Ville, l’association s’engage à apporter 1 € ou plus. »
345 000 euros pour 2022
Une convention d’objectifs a été établie avec près d’une vingtaine d’articles. Conclue pour une durée de cinq ans, celle-ci définit les obligations des deux parties. D’un côté, la Ville s’est engagée à mettre à disposition ses jardins, leurs personnels et le matériel, et de verser une subvention à leur entretien. Pour 2022, le montant s’élève à 345 000 euros. De l’autre, l’association s’engage à mettre en oeuvre son projet de sauvegarde et de développement, de gérer les jardins publics et d’y prévoir des orientations scientifiques et paysagères. La convention doit être signée le 7 juin prochain. « Un comité technique se réunira une fois par trimestre et fera un reporting sur l’avancée des travaux et le remplissage des objectifs »,a précisé le maire, qui se réjouit de ce partenariat.
L’opposition craintive
Face à lui, l’opposition grince. « Je crains que la ville perde la main sur son fleuron », confie Martine Caserio.
« On ne vend pas nos jardins ,rétorque le maire. La gestion passe à l’association, mais il y aura un contrôle. C’est un travail d’équipe. Et rien ne nous empêche de mettre fin au partenariat. Mais on ne trouve pas tous les jours des partenaires qui sont prêts à investir des millions d’euros dans des jardins. Financièrement, on est gagnant. »
Michael Likierman aux manettes
« Et on peut savoir le nom du partenaire ? », ose Cédric Monteiro. «Haha!» , s’exclame Yves Juhel. « C’est quelqu’un…, amorce-t-il
avant de se raviser. C’est écrit dans la convention. »
Plus transparent, son premier adjoint révèle que le président de l’association est présent. Il s’agit de l’homme d’affaires et mécène Michael Likierman qui a notamment restauré le domaine des Colombières, le jardin Serre de la Madone à Menton et la villa Eileen Gray au Cap Martin. Assis discrètement au fond de la salle, dans le public, le plus mentonnais des British se lève pour saluer le conseil. Le maire fait passer au vote. Seul le groupe « Unis pour Menton » s’abstient de voter la délibération. Victorieux, le président de l’ASJM quitte alors la salle, sous les applaudissements de la majorité.