Monaco-Matin

Au mois de mai, éveil de la nature et météo capricieus­e

Le coin du Mentounasc Retrouvez comme chaque samedi, la rubrique de la Société d’art et d’histoire du Pays mentonnais. Portrait poétique et personnifi­é d’un mois qui choisit ses saisons.

- JEAN-LOUIS CASERIO ET MAURICE NARET

Le mois de mai est le mois du renouveau de la nature, consacré par l’usage de l’Arbre de mai. C’est l’occasion pour les Mentonnais de se retrouver sous les oliviers du Pian pour « tourner le mai ».

Autrefois, dans tous les quartiers de la ville, sur les placettes, dans les ruelles, on plantait le mai et chacun avait à coeur de le faire le plus beau de tous. Autour d’un mât fleuri, sous un beau motif garni de guirlandes et de lanternes, de fleurs et de rubans, on élisait la reine du mai et l’on dansait tous les soirs au son d’un accordéon et autres instrument­s. Une chanson officielle était consacrée au « mai » et les poètes et chansonnie­rs mentonnais comme Louis Moreno, Eugène Granero, Marcel Firpo, Étienne Clérissi, Vincent Botta, Jacqueline Verdini, Marcel Viale, Maurice Naret, Auguste Maccari… nous ont donné leurs belles production­s.

Un jour de printemps dans nos collines

On a beau dire ailleurs « en mai, fais ce qu’il te plaît », à Menton l’antique sagesse nous recommande de nous méfier des giboulées de mai, ces ondées intempesti­ves entrecoupé­es de quelques rayons de soleil. Si le mois de mai consacre le renouveau de la nature, l’inquiétude gagne le paysan qui craint ses brusques sautes d’humeur pour sa campagne et ses cultures. C’est pour cela qu’il demande protection à saint Isidore, son saint Patron. Toutes les herbes des campagnes brillent d’un vert tout neuf et ondulent doucement sous la brise. Les lilas ont succédé aux mimosas. Le seringa est en fête et distille ses parfums envoûtants. Les platanes de l’avenue se plaisent à prodiguer une ombre bienfaisan­te tandis que, des acacias, tombe la neige parfumée de leurs pétales. Ceux-ci sont déjà – comme vos trente ans – emportés par un coup de vent inattendu. Tout cela est grisant pour celui qui sait se régaler de ces parfums éphémères. Une touffe de primevères me confie qu’elle est bien seule dans ce vallon secret et me dit qu’il lui arrive de bavarder avec le fil de l’eau, celui même qui faisait jadis tourner le moulin de Marcel. Des visiteurs ? Très peu, les jours rares et gris, mais dès les premières clartés du printemps, les papillons et le poète se penchent sur elle à la recherche de sucs connus d’eux seuls. Tout ce que vous me chantez là est bien agréable mais relève du loisir et du rêve, sans doute pour fuir la réalité quotidienn­e.

Par cette belle fin de journée, je redescends à pied de ma campagne. Je suis allé désherber un peu, puis arroser les févettes. Je me suis régalé du chant du merle qui égayait finement cette fin de journée.

Puis la nuit est arrivée lentement. Les grenouille­s ont commencé à bavarder d’un bassin à l’autre tandis qu’une insistante odeur de jasmin m’entoure subtilemen­t et m’aide à rentrer vers la ville en me parlant tout doucement des choses d’un temps passé.

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(Photo DR) Une ronde de mai.

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