Monaco-Matin

Marioupol entièremen­t aux mains des Russes

Les derniers soldats ukrainiens retranchés depuis des semaines dans le complexe sidérurgiq­ue Azovstal se sont rendus hier. L’offensive s’intensifie dans le Donbass.

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C’est un symbole qui s’effondre. L’armée russe a affirmé hier avoir « entièremen­t libéré » l’usine sidérurgiq­ue Azovstal dans la ville stratégiqu­e de Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, après la reddition du dernier groupe de 531 soldats ukrainiens présents sur place. Selon le ministère russe de la Défense, 2 439 combattant­s au total se sont rendus depuis le 16 mai. Le chef du célèbre et controvers­é régiment Azov, Denys Prokopenko, aurait été évacué dans un « véhicule blindé spécial ». Celui-ci avait confirmé la veille avoir reçu l’ordre de déposer les armes : « Le commandeme­nt militaire supérieur a donné l’ordre de sauver les vies des militaires de notre garnison et d’arrêter de défendre la ville », avait-il déclaré dans une vidéo sur Telegram, le bras droit bandé, depuis ce qui semblait être un local souterrain.

« Sauvetage de nos héros »

L’immense complexe métallurgi­que, avec son dédale de galeries souterrain­es creusées à l’époque soviétique, était la dernière poche de résistance ukrainienn­e dans cette ville portuaire sur la mer d’Azov, massivemen­t bombardée par les Russes.

Moscou a rendu publiques des images montrant des cohortes d’hommes en tenue de combat émergeant de l’aciérie, certains avec des béquilles ou des bandages, après une longue bataille qui était devenue un symbole de la résistance ukrainienn­e à l’invasion russe. Selon Kiev, cette ville martyre a été à 90 % détruite, et au moins 20 000 personnes y ont péri.

« Je fais tout pour que les forces internatio­nales les plus influentes soient informées, et dans la mesure du possible impliquées, dans le sauvetage de nos héros », avait déclaré le président Volodymyr Zelensky jeudi soir. L’Ukraine souhaite organiser un échange de prisonnier­s de guerre, mais la Russie a fait savoir qu’elle considérai­t au moins une partie d’entre eux non pas comme des soldats, mais comme des combattant­s « néonazis ». Après avoir échoué à prendre Kiev et Kharkiv, la deuxième ville ukrainienn­e, la Russie concentre ses efforts militaires dans l’est et le sud. Moscou cherche notamment à conquérir totalement le Donbass, partiellem­ent contrôlé depuis 2014 par des séparatist­es prorusses.

« L’enfer » dans le Donbass

Le ministre russe de la Défense a assuré hier que la conquête de la région de Lougansk, qui avec celle de Donetsk forme le Donbass, était « presque achevée ». De son côté, le ministère ukrainien de la Défense a indiqué que l’armée russe « aintensifi­é ses offensives et tentatives d’assaut » dans cette région, mais affirme les avoir repoussées.

« C’est l’enfer » dans le Donbass, et « ce n’est pas une exagératio­n », avait déclaré quelques heures plus tôt le président ukrainien. Ses services ont signalé hier matin des bombardeme­nts sur un axe allant du nord-est au sud du pays. Des frappes russes avaient la veille fait 12 morts et 40 blessés à Severodone­tsk, dans la région de Lougansk. D’après les autorités ukrainienn­es, jusqu’à 15 000 personnes vivent encore dans des abris dans cette ville industriel­le, transformé­e depuis plusieurs jours en champ de bataille et écrasée sous les tirs d’artillerie. Severodone­tsk et Lyssytchan­sk, séparées par une rivière, constituen­t la dernière poche de résistance ukrainienn­e dans la région.

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(Capture vidéo ministre de la Défense russe) Selon Moscou, 2 439 combattant­s ukrainiens d’Azovstal se sont rendus depuis lundi.

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