Peuvent commencer ! Alpes-Maritimes :LRjouegros, les macronistes en embuscade
Dans les Alpes-Maritimes, plus qu’ailleurs en France, il est bien difficile de prédire, et même d’esquisser, une tendance pour ces législatives en se basant sur le premier tour de l’élection présidentielle.
Ici, plus qu’ailleurs, le scrutin va se jouer à hauteur d’êtres humains… Et de stratégie politique. Le 10 avril, les Azuréens ont placé Marine Le Pen en tête avec 26,64 % des suffrages, devant Emmanuel Macron à 24,99 %. Sur le papier, le Rassemblement national a de quoi nourrir quelques attentes. Mais un immense cafouillage local pourrait doucher ses espérances. La fédération azuréenne du RN, brinquebalée par une guerre interne, a dû se rabattre sur des inconnus – comme Muriel Vitetti dans la 1re circonscription –, des seconds couteaux – comme Tanguy Cornec, ex-élu antibois, dans la 7e – et même sur un parachuté : le Toulousain Frank Khalifa dans la 5e.
Avec, de surcroît, le drame en plusieurs actes qui s’est joué dans la 3e circonscription. L’électeur d’extrême droite va avoir du mal à retrouver ses petits : l’ex-candidat de 2017, Philippe Vardon, exclu du RN dont il portait le dossard depuis 2015, se retrouve soutenu par Éric Zemmour. Et c’est Benoit Kandel qui décroche la flamme mariniste, alors qu’il était, il y a peu, le référent départemental de « Reconquête ! ».
◗ « Reconquête ! » a une carte à jouer
Avec 13,99 % à la présidentielle sur la Côte d’Azur, le double du
Éric Ciotti dans la circonscription joue bien plus que son seul siège à l’Assemblée nationale.
1re score national, « Reconquête ! » ambitionne de faire bien plus que chatouiller les orteils des candidats frontistes dans les Alpes-Maritimes. Partout… ou presque. Zemmour zappe la 1re circonscription, afin de laisser le champ libre à Éric Ciotti, le sortant Républicain. La réponse du berger à la bergère…
◗ Cette étiquette LR bien embarrassante
Les Républicains, eux, jouent gros. Très gros, même, dans ce département où ils peuvent se targuer d’avoir 9 500 adhérents : la plus puissante fédération de France après celle de l’Île-deFrance. Mais la débâcle de Valérie Pécresse en avril dernier – 5,59 %, à peine plus que son score national – rend fébrile les députés sortants.
À l’exception de Bernard Brochand, qui passe la main à
Alexandra Martin dans la 8e, ils se représentent tous : Éric Ciotti dans la 1re, Laurence TrastourIsnart dans la 6e, Éric Pauget dans la 7e et Michèle Tabarot dans la 9e. Et tous croisent les doigts pour que l’ancrage local soit plus costaud que le poids de l’étiquette. Les tenants des sièges à l’Assemblée nationale se revendiquent de la droite, la vraie, la seule, mais se gardent bien de prononcer le nom de leur parti. L’étiquette LR apparaît encore plus encombrante qu’en 2017, alors que Fillon faisait – quand même – 27,29 % des suffrages dans le 06.
◗ La circonscription, cette mini-municipale
Le parti de Christian Jacob qui assiste, impuissant, à une petite hémorragie dans ses rangs, aura les yeux particulièrement braqués sur la 1re circonscription, 100 % niçoise. Le sortant, co-finaliste de la primaire LR, va y défendre sa ligne « droite ». Mais pas seulement. Ce scrutin – et la mairie de Nice n’est pas dupe – sera un premier test de popularité entre les deux barons locaux, qui ne peuvent plus se voir, même en peinture. Une première idée du rapport de force en vue des (lointaines) municipales entre Éric Ciotti et le néo-macroniste Estrosi qui lui envoie son jeune adjoint, le marcheur Graig Monetti, pour adversaire.
◗ Récupérer les « circos » chipées par LREM
Autre challenge, comme un sursaut d’orgueil en « terre bleue », LR entend bien faire mordre la poussière aux candidats sortants de la majorité présidentielle et récupérer les trois sièges chipés lors des législatives de 2017. Trois… plus un. La protégée d’Estrosi, Marine Brenier, dans la 5e, vient de claquer la porte des Républicains pour rejoindre la macronie.
◗ La Nupes à l’assaut
Et au milieu de tout ça, coule la rivière Mélenchon, gonflée du PS, des Verts et du PCF. Comme au niveau national, l’Insoumis a fini 3e au premier tour dans les Alpes-Maritimes, mais n’a récolté « que » 16,57 %, deux points de moins qu’en 2017. Si la gauche a l’habitude de se contenter des miettes sur la Côte d’Azur, elle peut, cette fois espérer faire mieux que de la figuration. Et, face des candidatures de droite et de droite extrême pléthoriques, créer la surprise au second tour.