Damien Abad face à des accusations de viols
Le nouveau ministre des Solidarités conteste les témoignages de deux femmes, recueillis par Mediapart, concernant des faits qui auraient eu lieu en 2010-2011.
Tout juste nommé vendredi, l’ex-président des députés LR et nouveau ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, Damien Abad, se retrouve confronté à des accusations de viols, révélées samedi soir par Mediapart. Le média d’investigation a recueilli les témoignages de deux femmes, qui dénoncent des faits qui se seraient déroulés en 2010 et 2011. La première, âgée de 41 ans, affirme que lors d’une soirée à l’automne 2010, Damien Abad lui aurait proposé une coupe de champagne dans un bar à Paris. «Etlà, black-out total, jusqu’au lendemain matin. » Elle dit s’être réveillée avec lui «dansune chambre d’hôtel proche du bar », « en sous-vêtements », en « état de choc et de dégoût profond ». Et fait part de son sentiment d’avoir pu être « droguée ».
« Irrespect, injonction et insistance »
La seconde, Margaux, jointe hier par l’AFP et qui n’a pas souhaité rendre public son nom de famille, est une ancienne militante centriste de 35 ans. Après avoir rencontré Damien Abad en 2009, alors qu’elle était vice-présidente des Jeunes démocrates à Paris, puis avoir été « draguée par SMS », elle l’aurait retrouvé un soir de janvier 2011 à Paris et ils auraient eu une relation sexuelle d’abord consentie, puis contrainte, empreinte « d’irrespect, d’injonction et d’insistance ».
Selon Mediapart, elle s’est rendue dans un commissariat en 2012 pour témoigner, mais sans répondre ensuite à la police. Elle a ensuite déposé une plainte pour viol en 2017 contre lui, et l’enquête a été classée sans suite.
Le parquet de Paris a confirmé hier à l’AFP « qu’une première plainte déposée pour des faits de viol a été classée sans suite le 6 avril 2012 du fait de la carence de la plaignante ». Et qu’une « deuxième plainte déposée par la même plaignante pour les mêmes faits a été classée sans suite le 5 décembre 2017, après une enquête préliminaire, faute d’infraction suffisamment caractérisée ». Mediapart fait en outre état d’un signalement au sujet des deux témoignages, adressé à LREM et LR le 16 mai et au procureur de la République en fin de semaine, et resté sans réponse des deux partis. Le parquet de Paris a de son côté confirmé avoir « été destinataire le 20 mai d’un signalement émanant de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles », créé en février par des féministes à l’origine du mouvement #MeTooPolitique. Ce signalement est actuellement « en cours d’analyse ».
« Impossible à raison de mon handicap »
« Je suis soulagée que ça sorte, parce que j’avais tapé à pas mal de portes pour que quelqu’un fasse quelque chose après le classement de la plainte, que j’ai trouvé injuste », a indiqué hier Margaux à l’AFP. « J’ai essayé de le faire savoir, au sein des Républicains notamment » , affirme-t-elle, et « personne [au sein de ce parti] ne m’a contactée » ensuite. Selon elle, « beaucoup de gens étaient au courant », mais « préféraient regarder ailleurs plutôt que d’en demander plus ». De son côté, Damien Abad a aussitôt réagi hier : «Jeconteste avec la plus grande force ces accusations de violences sexuelles », a-t-il déclaré, détaillant : « Je conteste avoir exercé quelque forme de contrainte que ce soit sur aucune femme. Je conteste enfin tout abus de pouvoir lié aux fonctions que j’ai occupées. Les relations sexuelles que j’ai pu avoir tout au long de ma vie ont toujours été mutuellement consenties. »
« Ces accusations relatent des actes ou des gestes qui me sont tout simplement impossibles à raison de mon handicap », argue-t-il par ailleurs. Damien Abad est atteint d’une maladie rare, l’arthrogrypose, qui bloque ses articulations et réduit sa mobilité. « L’acte sexuel ne peut survenir qu’avec l’assistance et la bienveillance de ma partenaire », ajoute celui qui fut en 2012 le premier élu handicapé à siéger à l’Assemblée.
« Aucune impunité », promet Borne
Interrogée hier, la Première ministre Élisabeth Borne a assuré n’avoir découvert ces accusations que samedi dans Mediapart. «Je peux vous assurer que s’il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, on tirera toutes les conséquences de cette décision », a-t-elle ajouté en marge d’un déplacement en Normandie, affirmant qu’il ne pouvait y avoir « aucune impunité » concernant les violences sexuelles.