Monaco-Matin

Charlotte Le Bon PAS SI MODÈLE...

Avec Falcon Lake, l’actrice et ancien mannequin signe une romance adolescent­e plus trouble qu’elle n’y paraît, teintée de fantastiqu­e. Le reflet de sa vraie personnali­té !

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Ne pas se fier à son ensemble vichy rouge, souliers vernis et socquettes remontées. Charlotte est beaucoup moins « petit fille modèle » qu’il n’y paraît. «On me voit toujours comme une fille sympa et pétillante, alors que je suis beaucoup plus sombre en réalité », avoue l’actrice, dont le premier film de cinéaste révèle aussi, par petites touches, la face cachée du conte de fées.

Le premier plan de Falcon Lake, un corps nu de femme inerte dans l’eau crépuscula­ire, qui s’anime soudain comme par magie, fait penser à une sorte de vouivre, cette sorcière des rivières. Mais voilà qu’elle nous cite plutôt La Petite Sirène d’Andersen, « le film que j’ai le plus vu dans ma vie. La version de Disney est un peu sexiste, mais dans le conte, on comprend que la petite sirène veut devenir humaine, avant tout pour accéder à la mortalité, même si le prince lui plaît ».

Le besoin de sublimer la mort

La mort, et le besoin de la sublimer. Les souvenirs et les fantômes, qui semblent toujours nous habiter. Voilà qui éclaire paradoxale­ment l’histoire personnell­e de Charlotte Le Bon. Dont l’adolescenc­e se teinte de souffrance. Non, la météo de cette ancienne Miss sur Canal + n’a pas toujours été au beau fixe, même si elle s’apparente souvent à un rayon de soleil. Car les nuages se nichent aussi au plus profond de son être.

« J’ai perdu quelqu’un lorsque j’étais très jeune. Et une espèce de morbidité m’a accompagné depuis mes dix ans, confesse-telle. Adolescent­e, j’étais un peu dépressive, j’avais du mal à me faire des amis, j’ai connu beaucoup de solitude. Ce côté étrange, cette mélancolie m’accompagne­nt toujours, mais ils sont devenus mon inspiratio­n artistique. »

Premiers émois

Dans Falcon Lake, c’est d’après la BD sensuelle de Bastien Vivès, Une soeur, que Charlotte a mordu sur les plates-bandes du fantastiqu­e, tout en crevant la bulle des premiers émois adolescent­s. « Le côté étrange du film n’est arrivé qu’à la troisième version du scénario, celle que je me suis vraiment appropriée. Mais cet aspect-là n’est pas accessoire, il m’est tout à fait naturel et indispensa­ble. »

Quand aux premiers émois sexuels, bien que Charlotte soit également une artiste du crayon digne d’exposition­s, jadis, il fallait presque lui faire un dessin. « Mes premières pulsions m’effrayaien­t, je ne savais pas comment gérer et assumer cela, alors que le désir sexuel des garçons m’intimidait, avoue-telle sans fard. Dans mon film, j’ai préféré instaurer une vraie relation de confiance entre Bastien et Chloé, pour que cela se déroule dans la bienveilla­nce. » Cannes est en tout cas la terre promise de ses « premières fois ». Après son court-métrage, Judith Hôtel, voilà qu’elle y étrenne son premier opus. Non sans stress, malgré le strass. « Vous savez, je ne suis pas de nature hyper-sereine à la base, alors j’ai toujours un peu mal au ventre. »

Et n’allez pas croire que l’ancien mannequin monte les marches comme sur un tapis volant. « Le tapis rouge est toujours un exercice très délicat. Même si j’ai déjà posé pour des photos, se retrouver sous les flashes avec 75 personnes qui hurlent votre nom, ça reste très impression­nant ! »

Un film sur Niki de Saint Phalle

Réalisatri­ce, la belle entend remettre sa tenue d’actrice. Notamment pour le film que prépare Céline Salette, sur Niki de Saint Phalle.

« J’ai hâte. C’est une femme très moderne qui a exploité son art pour survivre, et a dû abandonner sa famille pour sa carrière, une artiste à l’oeuvre immense », s’enthousias­me Charlotte, qui n’entend pas, en revanche, se situer à la fois devant et derrière la caméra. « J’admire ceux qui arrivent à jouer dans leurs propres films. Mais être devant la caméra demande de faire confiance, de lâcher prise, s’abandonner, alors que c’est tout l’inverse derrière, ça me semble incompatib­le de faire les deux ! Et puis si j’ai plaisir à jouer, je déteste me voir. » Paradoxe d’une beauté qui masque le côté sombre du comte. Entre Petite sirène ,et Shining ,son « premier gros choc au cinéma ».

Son prochain long-métrage est déjà en chantier. « Il sera inspiré de l’histoire vraie d’un ami, qui a vécu deux mois dans un appartemen­t hanté. » Ah, Charlotte et ses fantômes secrets…

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