Monaco-Matin

Thomas Carteron, brasseur SANS PRESSION À HYÈRES

Après avoir été vigneron pendant près de quinze ans, Thomas Carteron est depuis 2013 brasseur artisan. Il a créé la Trop, une bière à son image : écorespons­able et élégante.

- > brasseriec­arteron.com NICOLAS CUOCO

Avec plus d’une vingtaine de médailles à son actif depuis sa création en 2013, la Trop est la bière artisanale de Provence la plus récompensé­e dans les concours régionaux, nationaux et même mondiaux. Son goût, tant ambré que fruité selon les variétés, et le savoir-faire de ses brasseurs ne sont pas étrangers à ces distinctio­ns.

A l’origine de la Trop, Thomas Carteron. Cet ingénieur agricole parisien a commencé sa carrière dans une entreprise spécialisé­e dans l’hygiène et les produits d’entretien pour les caves de viticulteu­rs. « Grâce à mon diplôme, j’ai fait des stages dans des domaines viticoles, ce qui m’a donné un goût prononcé pour le vin », explique le chef d’entreprise au milieu des dix-neuf cuves de sa brasserie artisanale à Hyères.

Ingénieur devenu brasseur

« J’ai eu la chance d’avoir des oncles qui possédaien­t quelques vignes et qui m’ont fait goûter ce qu’ils produisaie­nt. J’ai alors eu l’idée de travailler sur la vague naissante qu’était le rosé. J’ai repris un premier domaine en 2003 [le Clos Maulion, Ndlr] puis un second en 2005 [Domaine de Tamary à La Londe-les-Maures, Ndlr]. » Pendant plus de quinze ans, ce père de trois enfants va produire du rosé de Provence dans une région qu’il adore et qu’il a découverte durant son enfance grâce à ses grandspare­nts qui vivaient à Grimaud. « À chaque fois que je remontais à Paris, je me demandais pourquoi… » En 2008, alors qu’il est vigneron dans le golfe de Saint-Tropez, l’homme organise un barbecue avec des copains : « En plaisantan­t, l’un d’eux me demande si je n’ai pas une bière à lui proposer. L’idée de produire ma bière m’avait déjà effleuré l’esprit mais devant le défi de cet ami, j’y ai sérieuseme­nt réfléchi. »

Liberté dans les recettes

Ce n’est qu’en 2013 que Thomas Carteron produira sa première bière artisanale : « Pendant quelque temps, je suis allé brasser chez des confrères de la région qui me prêtaient le matériel. » Cette année-là, il va également déposer le nom de la future boisson. « Je voulais faire une bière trop bonne, trop délicieuse, trop fraîche. Du coup, je l’ai appelée la Trop. C’est aussi un petit clin d’oeil à Saint-Tropez », explique le chef d’entreprise aux six salariés. Après avoir concilié rosé et bière artisanale pendant presque quatre ans, il décide en 2016 d’arrêter de « faire le grand écart » pour se concentrer uniquement sur la bière artisanale. Pourquoi avoir choisi de délaisser le raisin ? « Je peux produire tous les jours et pas uniquement une fois par an, s’enthousias­me-t-il. Produire de la bière demande plus de précision car elle reste infinie en matière d’expression et de création artisanale », explique le directeur de la brasserie de 500 m2. A son catalogue, sept variétés de bières biologique­s, dont la P47 (lire par ailleurs), ainsi que six convention­nelles aux parfums qui changent selon les saisons. Thomas Carteron développe aussi des bières à façon – à partir de 500 bouteilles – et en marque blanche. Il privatise également sa brasserie pour des événements profession­nels ou privés et propose des tireuses à la location.

Entraide et bienveilla­nce

La décision de se délier de la lie en 2016 aura aussi d’autres conséquenc­es : « J’ai définitive­ment quitté le golfe de Saint-Tropez pour rejoindre Hyères. À Saint-Tropez, le marché est très saisonnier. De plus, c’est difficile d’exister face aux grandes marques de bières qui n’hésitent pas à offrir aux commerçant­s. Sans parler du prix des loyers. En tant qu’artisan, ce n’est pas viable. » En 2021, il s’est vendu 300 000 bouteilles de Trop et la Brasserie Carteron affiche un chiffre d’affaires d’environ 650 k€ .Si l’entreprise pétille autant, le management de Thomas Carteron et la mise en place d’une démarche RSE n’y sont certaineme­nt pas étrangers. « C’est ce qui nous différenci­e de nos concurrent­s. Avec cette approche, on démontre qu’on ne fait pas seulement un liquide jaune avec des bulles mais une bière artisanale avec des valeurs sociales, économique­s et environnem­entales », précise le patron qui a fait le choix d’une électricit­é 100 % verte pour sa brasserie et qui n’hésite pas, de temps en temps et en lien avec des associatio­ns, à faire travailler des personnes handicapée­s ou encore donner leur chance à des jeunes en insertion profession­nelle. « L’entraide et la bienveilla­nce, c’est le plus important. » Prochain objectif ? Intégrer un bar à sa brasserie pour partager des moments de conviviali­té.

 ?? (Photo Nicolas Cuoco) ?? De vigneron à brasseur, il n’y avait qu’un pas pour Thomas Carteron, patron de la brasserie éponyme installée à Hyères qui est partenaire pour la deuxième année consécutiv­e de la Quinzaine des réalisateu­rs du Festival de Cannes. Le dirigeant y lance d’ailleurs sa dernière nouveauté : la Trop Bikini, super légère à 3,3 %.
(Photo Nicolas Cuoco) De vigneron à brasseur, il n’y avait qu’un pas pour Thomas Carteron, patron de la brasserie éponyme installée à Hyères qui est partenaire pour la deuxième année consécutiv­e de la Quinzaine des réalisateu­rs du Festival de Cannes. Le dirigeant y lance d’ailleurs sa dernière nouveauté : la Trop Bikini, super légère à 3,3 %.

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