DE MEDIAN SURPERFORME
La medtech sophipolitaine spécialisée dans les technologies d’imagerie médicale affiche un premier trimestre record et les résultats de ses dispositifs médicaux sont très prometteurs. Attention : licorne en devenir.
Une pépite, Median Technologies l’est assurément. La medtech sophipolitaine, spécialiste des solutions logicielles et des services d’imagerie médicale, affiche des résultats 2021 historiques avec un chiffre d’affaires de 20,5 M€, en hausse de 52,4 % par rapport à une année 2020 déjà remarquable. À cela s’ajoute un carnet de commandes à 62,3 M€, en progression de 18,4 % par rapport à la fin mars 2021, qui se traduit par un chiffre d’affaires record de 5,7 M€ au premier trimestre 2022 (+ 9,2 % par rapport au premier trimestre 2021). D’excellentes performances dues exclusivement à son activité commerciale iCRO (Imaging Contract Research Organization), qui délivre des services à l’industrie biopharmaceutique mondiale pour la gestion des images dans les essais cliniques en oncologie. « Notre technologie basée sur l’intelligence artificielle permet d’analyser de grandes quantités de données et de mieux comprendre les mécanismes d’action d’une molécule », explique Fredrik Brag, fondateur et CEO de Median Technologies, qui fête ses 20 ans cette année.
Dépistage précoce
Pour le dirigeant, un des vrais motifs de satisfaction réside dans les performances d’iBiopsy Lung Cancer Screening. Projet initié en 2021, ce logiciel dispositif médical conçu comme une aide au diagnostic pour les radiologues « a atteint en janvier des performances de sensibilité et de spécificité exceptionnelles » dans la détection du cancer du poumon. Traduction ? « L’imagerie intervient à tous les stades d’une maladie et permet depuis longtemps de détecter des petites lésions, explique Fredrik Brag, mais elle ne dit pas si elles sont malignes ou bénignes. » D’où de nombreux « faux positifs », des biopsies invasives, stressantes, coûteuses et parfois pour rien, pour les patients. « On retrouve assez souvent chez les plus de 50 ans un nodule pulmonaire susceptible de dégénérer en cancer. Avec iBiopsy, nous sommes les premiers à caractériser ces petites lésions et déterminer s’il y aura cancer ou pas. »
Du dépistage précoce qui sous-entend un changement total de paradigme. « Ce qui aura un impact gigantesque sur le cancer du poumon », insiste le CEO, qui a déposé début mars un dossier – le 513 G – auprès de la draconienne Food & Drug
Administration (FDA) américaine, première étape qui conduira à une autorisation de mise sur le marché d’iBiopsy. Et qui pourrait faire de Median Technologies la prochaine licorne française. « iBiopsy génère un grand intérêt auprès de nos partenaires pharmaceutiques, et les marchés de la routine clinique et du dépistage auxquels s’adresse notre logiciel dispositif médical pèsent, selon les experts, entre 10 et 50 Mds$. Et ce, uniquement aux États-Unis. L’étude pivot demandée par la FDA [qui permettra aux études et résultats de la medtech sophipolitaine d’être validés par des hôpitaux indépendants partout dans le monde, Ndlr] devrait débuter en décembre pour se terminer en juin 2023 », déroule Fredrik Brag, qui a également prévu de répéter l’opération en Europe.
D’autres pathologies
En attendant, Median a déjà commencé à adapter sa technologie à deux autres pathologies : le cancer du foie et la maladie du foie gras (NASH, acronyme anglais de la stéato-hépatite non alcoolique, due à l’accumulation de graisse dans le foie liée à de mauvaises habitudes alimentaires et à la sédentarité).
« L’étude pivot dans le cancer du foie est prévue en 2023. Notre ambition est de diagnostiquer un patient en stade 1, cela signifie qu’on lui sauve la vie, précise le CEO. Il faut savoir que 80 % de l’argent en cancérologie est dépensé dans les trois dernières années de vie d’un patient. Le taux de mortalité à cinq ans du cancer du poumon est de 95 %, alors que le taux de survie est de 92 % après quinze ans chez les patients diagnostiqués tôt. C’est le jour et la nuit, une course contre le temps. » Median, qui emploie près de 200 personnes dans le monde – dont 17 aux Etats-Unis et 40 en
Chine, où ce marché naissant est en plein essor – se voit donc bien en licorne. « Notre objectif est qu’à terme, notre technologie soit duplicable à tous les cancers, surtout si l’on veut dépasser Tesla, plaisante à moitié Fredrik Brag, ravi de voir son carnet de commandes retrouver sa dynamique après deux années de stabilité due à la Covid. Nous délivrons ce que nous avons dit que nous ferions. Nous allons continuer à démontrer nos bons résultats dans nos essais cliniques, puis nous déployer au niveau mondial, où les enjeux sont colossaux. Le potentiel est gigantesque et les perspectives – entre iCRO et iBiospy – sont bonnes, mais nous devons rester humbles et prudents. » Il suffit de laisser parler d’euxmêmes les résultats des essais cliniques.