Monaco-Matin

La perdrix bartavelle et le tétras-lyre

- ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

Nouvelle pièce dans la machine : pourquoi chasse-ton des espèces en déclin ? Tous les ans, avant d’être validés par le préfet, les arrêtés de chasse sont soumis à consultati­on publique. Des documents constitués par la Fédération de chasse et validés par la Commission départemen­tale de la gestion de la chasse et de la faune sauvage. On y trouve les dates d’ouverture, les espèces concernées et (en théorie), les quotas de prélèvemen­t ainsi que les estimation­s de population. La consultati­on publique concernant les arrêtés de la saison 20222023 pour les Alpes-Maritimes s’est terminée le 12 mai. Elle a suscité la mobilisati­on d’associatio­ns de défense de la faune sauvage. « Ce qui nous pose problème, c’est qu’il y a des espèces en déclin depuis longtemps, on ne comprend pas qu’elles continuent d’être chassées », attaque Frédéric Daniel, vice-président d’Aves. Précision : aucune de ces espèces n'est estampillé­e « nuisible » : il ne s’agit que de chasses de loisir. Jean-Pierre Caujolle, président de la Fédération de chasse des Alpes-Maritimes y répond.

Ces deux oiseaux sont en ligne de mire de l'associatio­n Aves, pour les mêmes raisons : le déclin des population­s. « En particulie­r le tétras-lyre, classé vulnérable, sur la liste rouge de l'union internatio­nale de la conservati­on de la nature, grogne Frédéric Daniel. C'est vraiment de la chasse de complaisan­ce. C'est rare, ça fait des trophées, ça ne devrait vraiment pas être autorisé. »

Pour le patron des chasseurs locaux, « ces espèces sont menacées par le réchauffem­ent climatique » et parle d’effectifs « stables » .Il plaide la bonne gestion : « S’ils sont en baisse, on fera comme pour le lagopède. Ça fait douze ans qu'on ne chasse plus le lagopède, car il n’y avait plus les effectifs ». novembre, mais de suspendre la saison pendant la période de rut (la reproducti­on), avant de reprendre mi décembre, pour un mois. L'associatio­n Vigilance Mercantour avait dénoncé un « tir aux pigeons ». L’expérience est renouvelée. « La courbe de prélèvemen­t n'a pas changé, argumente JeanPierre Caujolle. On va faire des tests sur certains secteurs, où les taux de reproducti­on ne sont pas assez importants : on va peut-être arrêter de tirer les jeunes. »

La perdrix bartavelle, le tétraslyre, la marmotte ou le chamois, autant d’espèces non nuisibles victimes chaque année de chasses de loisir. d'État, comme l'Office français de la biodiversi­té. Les écologiste­s indépendan­ts y sont marginaux. Après l'enquête publique, au préfet de valider ou d'apporter des modificati­ons. Problème : « Dans 99 % des cas, les observatio­ns ne sont pas prises en compte, allume Frédéric Daniel, de l'associatio­n Aves. L'arrêté définitif est le même texte que le projet, avec la signature. » S’ils ont la main sur la faune, les comptages, et la décision de chasser ou non, les chasseurs peuvent-ils agir avec désintérêt ? Exemple avec le tétras-lyre : «On fait de tels investisse­ments sur les habitats pour que les effectifs soient stables, répond Jean-Pierre Caujolle. Si on ne peut plus chasser cette espèce, qui investira ces centaines de milliers d'euros ? Si un jour, on doit arrêter de chasser ces espèces, je vous promets qu'elle disparaîtr­a. » Prochaine étape, donc, l’avis du préfet.

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