La perdrix bartavelle et le tétras-lyre
Nouvelle pièce dans la machine : pourquoi chasse-ton des espèces en déclin ? Tous les ans, avant d’être validés par le préfet, les arrêtés de chasse sont soumis à consultation publique. Des documents constitués par la Fédération de chasse et validés par la Commission départementale de la gestion de la chasse et de la faune sauvage. On y trouve les dates d’ouverture, les espèces concernées et (en théorie), les quotas de prélèvement ainsi que les estimations de population. La consultation publique concernant les arrêtés de la saison 20222023 pour les Alpes-Maritimes s’est terminée le 12 mai. Elle a suscité la mobilisation d’associations de défense de la faune sauvage. « Ce qui nous pose problème, c’est qu’il y a des espèces en déclin depuis longtemps, on ne comprend pas qu’elles continuent d’être chassées », attaque Frédéric Daniel, vice-président d’Aves. Précision : aucune de ces espèces n'est estampillée « nuisible » : il ne s’agit que de chasses de loisir. Jean-Pierre Caujolle, président de la Fédération de chasse des Alpes-Maritimes y répond.
Ces deux oiseaux sont en ligne de mire de l'association Aves, pour les mêmes raisons : le déclin des populations. « En particulier le tétras-lyre, classé vulnérable, sur la liste rouge de l'union internationale de la conservation de la nature, grogne Frédéric Daniel. C'est vraiment de la chasse de complaisance. C'est rare, ça fait des trophées, ça ne devrait vraiment pas être autorisé. »
Pour le patron des chasseurs locaux, « ces espèces sont menacées par le réchauffement climatique » et parle d’effectifs « stables » .Il plaide la bonne gestion : « S’ils sont en baisse, on fera comme pour le lagopède. Ça fait douze ans qu'on ne chasse plus le lagopède, car il n’y avait plus les effectifs ». novembre, mais de suspendre la saison pendant la période de rut (la reproduction), avant de reprendre mi décembre, pour un mois. L'association Vigilance Mercantour avait dénoncé un « tir aux pigeons ». L’expérience est renouvelée. « La courbe de prélèvement n'a pas changé, argumente JeanPierre Caujolle. On va faire des tests sur certains secteurs, où les taux de reproduction ne sont pas assez importants : on va peut-être arrêter de tirer les jeunes. »
La perdrix bartavelle, le tétraslyre, la marmotte ou le chamois, autant d’espèces non nuisibles victimes chaque année de chasses de loisir. d'État, comme l'Office français de la biodiversité. Les écologistes indépendants y sont marginaux. Après l'enquête publique, au préfet de valider ou d'apporter des modifications. Problème : « Dans 99 % des cas, les observations ne sont pas prises en compte, allume Frédéric Daniel, de l'association Aves. L'arrêté définitif est le même texte que le projet, avec la signature. » S’ils ont la main sur la faune, les comptages, et la décision de chasser ou non, les chasseurs peuvent-ils agir avec désintérêt ? Exemple avec le tétras-lyre : «On fait de tels investissements sur les habitats pour que les effectifs soient stables, répond Jean-Pierre Caujolle. Si on ne peut plus chasser cette espèce, qui investira ces centaines de milliers d'euros ? Si un jour, on doit arrêter de chasser ces espèces, je vous promets qu'elle disparaîtra. » Prochaine étape, donc, l’avis du préfet.