Marine Le Pen tacle la vision ‘‘groupusculaire’’ de Vardon
L’ex-candidate du RN à la présidentielle ouvre les vannes contre Zemmour, Macron, Pap Ndiaye et… Philippe Vardon. L’ancien leader niçois, exclu du parti, est sèchement renvoyé dans ses 22.
‘‘ L’idéologie du wokisme prend en main nos enfants”
‘‘ Ciotti épargné en 2017 ? J’aurais été au courant”
Son échec au second tour de la présidentielle ? C’est payé, balayé, oublié. Marine Le Pen ne se « fout » pas du passé, mais elle s’intéresse surtout à l’avenir. Aux législatives qui pourraient ouvrir les portes du Palais Bourbon à soixante députés RN. Et à cette campagne qui ravive son goût pour la castagne électorale.
Dans Le Point, Gilbert Collard affirme que vous êtes devenue le « clown blanc de tous vos adversaires ».
Ce genre d’attaque vous affecte ? Venant de lui, rien ne m’affecte. Avant et après la campagne présidentielle, les dirigeants de Reconquête ! ont développé plus d’énergie à m’attaquer, moi, qu’Emmanuel Macron.
C’est pour cela que vous avez refusé la main tendue d’Éric Zemmour ?
Comme l’a dit Éric Naulleau, il a inventé la main tendue dans la figure ! Au RN, nous respectons nos électeurs. Il n’y a pas de magouilles. Or, nous avons une divergence de vision stratégique avec Reconquête ! Nous voulons rassembler tous ceux qui croient en la France, qu’ils viennent de gauche ou de droite. Zemmour, lui, veut rassembler la droite : c’est une impasse politique.
Plusieurs responsables politiques demandent le départ du gouvernement de Damien Abad, accusé de viol. Et vous ?
Je suis attachée à la présomption d’innocence. Mais Damien Abad, c’est tout le reflet du système macroniste : de grandes déclarations d’intention qui ne sont jamais suivies d’effets. Quand on prétend lutter contre les violences faites aux femmes, on attend que la justice ait blanchi un ministre avant de le nommer. Pour le Président, l’intérêt électoral passe avant les principes. Il fallait récompenser
Abad qui a trahi sa famille politique.
C’est un symbole, selon vous ?
Oui. Le symbole d’un parti, LR, en déconfiture. La plupart de ses cadres se sont vendus. Ils incarnent la déliquescence de la vie politique française.
À propos de la nomination de Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation, vous dénoncez un « choix terrifiant ». Le mot ne vous semble pas trop fort ?
Absolument pas ! Ce monsieur participe à des réunions interdites aux blancs, il met en cause notre police en la comparant à celle de 1942. Pap Ndiaye, c’est toute l’idéologie toxique américaine du wokisme qui prend la main sur nos enfants ! Ce gouvernement est un cauchemar. Macron se croit tout permis. Il reconduit des ministres incompétents qui ont lourdement échoué : Le Maire, Darmanin, Dupond-Moretti… Il donne désormais des gages à Mélenchon qui a contribué à le faire élire. C’est un renvoi d’ascenseur. Il y a une grande proximité entre eux : ce sont deux types de déconstructeurs.
Les sondages promettent deux fois moins de sièges au RN qu’à la Nupes. Ils se trompent ?
En ne tenant pas compte de la mobilisation, ils commettent la même erreur qu’avant la présidentielle. J’en appelle à tous les électeurs qui m’ont fait confiance !
Vous prendrez la tête du groupe RN au Palais Bourbon. Allez-vous reprendre votre place à la tête du parti ?
Nous verrons cela après les législatives. On ne peut pas tout faire et le combat à l’Assemblée nationale sera essentiel.
Avant la présidentielle, vous avez laissé entendre que vous ne vous représenterez pas en 2027. Est-ce toujours votre état d’esprit ?
C’est difficile de savoir ce qu’on fera dans cinq ans. A priori ,je n’envisage pas de me représenter. Mais des circonstances exceptionnelles pourraient me pousser à le faire.
Dans la 3e circonscription des AlpesMaritimes, Philippe Vardon a été écarté au profit de Benoît Kandel. Il y a un mois, ce dernier était responsable départemental de Reconquête ! Quelles qualités at-il dont Vardon est dépourvu ?
Benoît Kandel est le meilleur candidat pour rassembler. Nous avons fait le choix d’un candidat implanté, capable de porter les intérêts de ses concitoyens.
À vos yeux, Philippe Vardon est moins implanté ?
[Agacée] Vardon n’a pas fait campagne pendant la présidentielle. Il était dans une situation de dissimulation, comme Nicolas Bay. Il trompe les électeurs. Vardon oeuvrait au sein d’un groupuscule ; on lui a donné la possibilité de devenir un homme politique véritable. Mais il s’est montré incapable de s’extraire de la vision groupusculaire qui était la sienne. Dans les faits, il est chez Reconquête ! depuis plusieurs mois (1).
Est-ce le passé de Philippe Vardon [ancien identitaire et membre d’Unité radicale, ndlr] qui pose problème ?
Il a posé problème, oui.
Vous avez vivement réagi à un tract qu’il a fait distribuer dans sa circonscription…
Il se sert de mon nom et de mon score à la présidentielle pour faire campagne ! Cela doit cesser ! Il n’est absolument pas le « candidat naturel du RN » !
La lettre d’exclusion de Philippe Vardon a été mise en ligne sur Twitter avec son adresse personnelle. Est-ce une faute ?
C’est une maladresse. Benoît Kandel s’en est excusé. Et il ne faut pas exagérer non plus : cette adresse figure sur tous les documents électoraux qui sont publics !
Vous confirmez que les membres du groupe niçois de Vardon qui le soutiendront seront également exclus ?
Évidemment. Les statuts du RN sont clairs à ce sujet.
Le RN est donc prêt à perdre son plus grand groupe d'opposition dans une municipalité ?
Oui. C’est une question de respect pour nos électeurs : ces personnes n’auraient pas été élues sans l’étiquette RN.
Dans une interview publiée dans nos colonnes, Philippe Vardon affirme que «des membres de la direction du RN »
lui ont demandé en 2017 de ne pas se présenter dans la circonscription d'Éric Ciotti. Vous confirmez ?
Absolument pas. En 2017, j’étais déjà à la tête du RN : j’aurais forcément été au courant. Le seul cas où nous pouvons prendre ce genre de décision, c’est quand un candidat a appelé à voter pour moi au second tour de la présidentielle. En 2017, ça a été le cas de Nicolas Dupont-Aignan.
Jugez-vous qu’Éric Ciotti est « proche » du camp national ?
Il est comme tous les Républicains ; c’est désespérant. Ils disent parfois la même chose que nous, mais au moment de voter, ils font toujours le mauvais choix à l’Assemblée. Il n’y a pas d’exception. Ciotti n’a pas plus de courage que les autres.
Dans la 4e circonscription du Var où se présente Zemmour, un sondage donne le candidat RN battu au premier tour…
[Elle soupire] Éric Zemmour a déclaré qu’il se présentait à SaintTropez parce que c’est « plus agréable » que Henin Beaumont. Vous voyez le niveau…
Dans la 5e circonscription du Var, Julie Lechanteux portera vos couleurs. Elle est déjà députée européenne ; n’y avait-il pas, dans vos rangs, d’autres cadres prêts à partir au combat ?
Il y en a toujours. Mais Julie Lechanteux souhaitait défendre nos idées au Palais Bourbon et j’en suis ravie. Elle a beaucoup travaillé au Parlement européen.
Marion Maréchal était à Nice, la semaine dernière, pour soutenir les candidats de Reconquête ! Les ponts sont rompus avec votre nièce ?
C’est plutôt intime, comme question… Disons que je ne comprends pas son choix de se présenter comme suppléante. Elle a largement le niveau politique pour être titulaire ! 1. À ce jour, Philippe Vardon n’a pas adhéré au parti d’Éric Zemmour et se présente sans étiquette.