De nouveau cap à droite dans les Alpes-Maritimes !
Les candidats de la majorité présidentielle avaient viré en tête dans six circonscriptions sur neuf en 2017. Cette fois, la carte du département repasse au bleu, voire au bleu marine.
Les cartes avaient été rebattues. D’abord par les résultats de l’élection présidentielle qui, en ces terres historiquement de droite, avaient non seulement placé Emmanuel Macron en tête mais, surtout, relégué la candidate Les Républicains à un rôle de figurante avec à peine 4 % des suffrages exprimés. Le grand gagnant était dès lors le maire de Nice, rallié officiellement à la majorité présidentielle depuis les Régionales de l’an passé. Christian Estrosi avait pu choisir « ses » candidats pour ces législatives. N’hésitant pas à écarter le député LREM sortant de la 3e circonscription, Cédric Roussel, ou à placer ses poulains : Philippe Pradal, un de ses anciens premiers adjoints dans la troisième, son adjoint Graig Monetti dans la première. Ce qui leur a réussi de manière inégale.
Le creux de la vague pour la majorité présidentielle
La députée sortante Marine Brenier (sous l’étiquette LR en 2017), sommée de choisir son camp, dans la cinquième tire son épingle du jeu. Mais la candidate qui a fraîchement rejoint le parti d’Édouard Philippe, Horizons, doit essentiellement son salut dans la frange littorale et urbaine d’un territoire pourtant essentiellement rural. Elle et Philipe Pradal dans la troisième sont les deux seuls représentants de la majorité présidentielle à virer en tête au soir de ce premier tour. Même Loïc Dombreval, le député sortant de la deuxième circonscription, n’y parvient pas. À l’Ouest, Mayaa Tudiesche, dans la 9e circonscription, se trouve privée de second tour, contrairement à Jean-Valéry Desens dans la 8e.
Il y a cinq ans, pas moins de six candidats LREM sur neufs étaient arrivés en tête dans le département au soir du premier tour, deux autres étaient aux coude-àcoude avec leur challenger LR. La dynamique est aujourd’hui loin d’être la même. Et manifestement, les électeurs ont décidé de rebattre encore une fois le jeu politique en faisant de nouveau cap à droite…
Le grand remplacement de la droite par le RN
Voire très à droite ! Les candidats du Rassemblement national se placent en tête de ce premier tour dans trois circonscriptions. Et même assez largement en ce qui concerne la nouvelle femme forte du parti dans les Alpes-Maritimes, Alexandra Masson, qui avec 28,9 % des suffrages exprimés dans la 4e circonscription mentonnaise fait près de 2000 voix de plus qu’Olivier Bettati, le candidat du RN en 2017… Et vire largement en tête face à la députée sortante Alexandra Valetta-Ardisson.
Le transfert du secrétaire départemental Lionel Tivoli de la septième à la deuxième circonscription voisine lui a également réussi. Le jeune porteur de flamme Bryan Masson devance quant à lui, de près de trois points dans la région cagnoise, le candidat de la majorité présidentielle, Jean-Bernard Mion. Dans la troisième, le duel des anciens premiers adjoints de la Ville de Nice, profite à Philippe Pradal au détriment du RN Benoît Kandel éliminé… Mais aussi de Philippe Vardon qui s’était vu retirer l’investiture par Marine Le Pen à quelques jours du dépôt des listes. Il ne fait que 10,9 %, contre 20,5 % en 2017. C’est néanmoins le meilleur résultat réalisé par un candidat que soutenait Reconquête ! Le parti d’Éric Zemmour ne profite pas de ce virage à droite dans le département.
On pourrait presque parler de grand remplacement de la droite républicaine par le parti de Marine Le Pen, si quelques ténors locaux Républicains ne résistaient à cette submersion bleu Marine. À commencer par leur chef de file, Éric Ciotti, qui devance le poulain de son rival intime Christian Estrosi dans la 1re circonscription mais voit son score se dégrader de près de 4 points par rapport à 2017. C’est surtout à l’Ouest que Les Républicains Michèle Tabarot, Eric Pauget et Alexandra Martin regagnent du terrain.
Pas de dynamique locale pour la Nupes
Ce virage à droite n’a guère laissé d’espace aux candidats de la Nupes pour confirmer localement la dynamique nationale créée par l’alliance des forces de gauche et écologiques. Ce ne sont pas les Alpes-Maritimes qui permettront à JeanLuc Mélenchon d’accéder à Matignon. Seul Enzo Giusti, dans la troisième, se qualifie pour le second tour. Dans la première circonscription, Anne-Laure Chaintron qui a pourtant rassemblé 20,4 % des suffrages exprimés, bute sur la barre fatidique des 12,5 % des inscrits indispensables pour se maintenir. Il lui manque 2 000 voix pour venir perturber le duel entre Éric Ciotti et Graig Monetti.
Car l’abstention est une nouvelle fois la grande gagnante de ce scrutin. Si le parti des non-votants ne comptait pas pour du beurre, il serait même élu dès le premier tour. Plus d’un électeur sur deux a boudé les urnes ce dimanche dans le département. La participation dépasse à peine les 47 % mais se maintient néanmoins par rapport à 2017. Avec un tel réservoir de voix à conquérir d’ici dimanche prochain, sans compter celles des candidats disqualifiés, autant dire qu’une fois encore les jeux électoraux sont loin d’être faits.