Reconquête ! fait chou blanc mais ne rend pas les armes
Le bureau exécutif affirme que le parti sera prêt « pour les prochaines échéances ». Mais d’ici-là, Éric Zemmour devra le faire vivre, sans avoir d’élus, et peut-être pas uniquement sur sa personne.
Comment faire vivre le parti Reconquête !, jusqu’aux prochains rendez-vous électoraux, sans avoir aucun élu ? Après l’échec de la présidentielle, pas un seul candidat de ce parti, qui jouait les gros bras, n’a réussi à se qualifier pour le second tour des législatives. Pas même Éric Zemmour, fondateur du parti, qui se présentait dans la 4e circonscription du Var. Il est devancé par Sereine Mauborgne (Ensemble !) et surtout par Philippe Lottiaux du RN. Ce RN qu’Éric Zemmour était assuré d’enterrer, le devance dans toutes les circonscriptions varoises.
Contraint d’expliquer ses échecs
« À présent, Éric Zemmour va devoir gérer les objectifs affichés et les résultats, y compris vis-à-vis de ses troupes. Quelle explication va-t-il donner à ce différentiel, en dehors d’une victimisation systématique du type : “On ne reconnaît pas mes compétences ?” Tous ses diagnostics ont été démentis. Il doit expliquer qu’il a eu tort, par exemple sur le RN, ou sur l’explosion totale des Républicains, tout en maintenant qu’il a raison. Les Républicains mordent la poussière partout mais ceux qui sont bien implantés, tiennent », commente le politologue Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po. C’est le cas dans les 3e et 7e circonscriptions du Var, où les deux candidats LR sont arrivés en quatrième position devant Reconquête !. À moins d’avoir l’habilité d’un chat qui retombe toujours sur ses pattes, l’exercice s’annonce difficile. Et explique sans doute le silence persistant d’Éric Zemmour, depuis sa brève intervention dimanche soir à Cogolin. Pas d’interview a confirmé hier une de ses incontournables communicantes.
Éric Zemmour garde le silence depuis l’annonce de sa défaite dans la
Néanmoins, un communiqué a été diffusé hier soir, signé du bureau exécutif, qui pose Reconquête !, dont l’ex-RN Marion Maréchal est la vice-présidente, comme « l’opposition de droite face aux macronistes et aux mélenchonistes » pour les cinq prochaines années. « Éric Zemmour l’a dit : “Macron veut déconstruire l’identité française. Mélenchon veut la détruire...” Faisons confiance à nos électeurs pour s’opposer à ces politiques et pour ne pas leur donner leur voix dimanche prochain. » Les militants Reconquête ! n’ont semble-t-il plus qu’à voter RN ? C’est une consigne de vote qui ne dit pas son nom. Elle n’est pas portée par la voix d’Éric Zemmour en direct. Il se tait ou boude, comme un enfant à qui on a cassé le jouet.
Des candidats aux européennes en 2024
Le bureau exécutif annonce également vouloir amplifier « la structuration du parti », et renforcer son maillage. « Nous serons présents et organisés partout, prêts pour les prochaines échéances. » Justement, en 2024, ce sont les européennes. Le scrutin proportionnel donne des chances à Reconquête 4e
circonscription du Var.
! d’avoir des députés européens. « Il mise tout sur cette élection », pense Bruno Cautrès. Les municipales suivront en 2026. « Il lui sera difficile de s’implanter localement, car dans une ville, il faut s’occuper de problèmes pratiques, comme le ramassage des ordures ménagères. Ce n’est pas faire des discours et publier des livres », analyse le politologue.
Dès qu’Éric Zemmour aura retrouvé sa verve, il devra la mettre au service de la gestion de problèmes. Notamment les ambitions des uns et des autres.
Les candidats aux législatives ont tous échoué, mais tous estiment avoir fait le job. Ils ont des idées et des ambitions, comme de présenter des listes aux municipales. Reconquête !, qui ne tient que par la figure d’Éric Zemmour, va devoir sûrement évoluer là-dessus aussi. C’est probablement le challenge le plus compliqué que le parti aura à relever, surtout avec les autres personnalités qui se sont ralliées à lui, comme Guillaume Peltier, ancien vice-président des Républicains ou Gilbert Collard, qui n’a pas quitté le RN pour disparaître derrière la personnalité de son leader.