Monaco-Matin

Location saisonnièr­e : son

L’été approche et les locations de courte durée se multiplien­t dans la cité du citron, surtout via Aribnb. Une tendance positive pour l’économie locale. Mais n’y a-t-il que du bon là-dedans ?

- TEXTES : FIONA BARRILE fbarrile@nicematin.fr

La cité du citron vient récemment d’apparaître dans le top 20 des destinatio­ns tendances d’Airbnb en France pour l’été 2022. Elle arrive même à la dixième place. Une position qui ravit la mairie de Menton, qui s’est empressée de partager le Top sur sa page Facebook. Néanmoins, tout le monde ne saute pas de joie face à ce constat. Comme les hôteliers, ou les actifs qui peinent à trouver un logement longue durée. Pour mieux comprendre ce phénomène et ce qu’il implique, petit tour d’horizon sur la vague de location saisonnièr­e à Menton.

Avoir un pied-à-terre, et le louer de temps en temps dans l’année, c’est ce que de nombreuses personnes ont décidé de faire sur Menton. Comme Armelle, habitante de l’Essonne. En septembre 2020, elle investit dans un trois-pièces au 25 rue Longue, soit en plein centre de la vieille ville. À présent, après l’avoir entièremen­t refait à neuf, elle profite de son achat avec sa famille, de temps en temps dans l’année. Toutefois, contrairem­ent à d’autres résidences secondaire­s de Menton (qui représente­nt 47 % des habitation­s de la commune), les volets du logement d’Armelle ne restent pas fermés 350 jours par an. Car, pour rentabilis­er son achat, la Parisienne s’est tournée vers de la location saisonnièr­e. En passant par Abritel, Booking.com... Et surtout Airbnb. « Nous utilisons à 80 % Airbnb, développe Jules, le fils de 22 ans d’Armelle, qui gère les locations pour elle. Car sur cette plateforme, la réservatio­n se fait plus rapidement et on a des personnes de tous horizons. »

Cette activité, Armelle et Jules l’ont commencée en juin 2021. Habitant à des milliers de kilomètres, ils se sont arrangés avec une amie mentonnais­e pour les tâches ménagères et ils ont installé une boîte à clé sécurisée, à côté de la porte d’entrée, dans laquelle les voyageurs peuvent récupérer le précieux sésame pour ouvrir l’appartemen­t.

« Des réservatio­ns tout l’été »

Une façon de faire qui plaît, le trois-pièces ayant été rempli pendant toute la saison estivale de 2021. « Nous avons eu des réservatio­ns tout l’été, sans un jour de battement, poursuit Jules. Et cette année, c’est la même chose. » À la seule différence que la famille souhaite profiter du logement en août. Celui-ci n’est donc disponible à la location qu’en juillet, puis de nouveau à partir de septembre.

Face à la popularité de son appartemen­t et les commentair­es positifs qu’elle reçoit sur Airbnb, Armelle a acquis le statut de Superhôte sur la plateforme. Ainsi, elle a plus de visibilité. Malgré tout, mère et fils tentent parfois d’échanger avec les touristes directemen­t par téléphone, en contournan­t Airbnb et autres plateforme­s. « Durant la période estivale, on loue à plus de deux cents euros la nuit, explique Jules. Mais sur les plateforme­s, on paye une taxe forcément. Donc nous, on gagne deux cents euros net. C’est pourquoi l’été, on essaie d’échanger en direct avec les clients. »

Une réglementa­tion légère à Menton

Toutefois, Armelle a tout intérêt à surveiller ses comptes.

Car si ses locations saisonnièr­es lui font gagner plus de 23 000 euros par an, elle devra payer plus d’impôts. « En tant que particulie­r, on a le droit de louer jusqu’à 23 000 euros par an. Si on gagne plus, on doit payer 17 % d’impôts supplément­aires, car c’est alors reconnu comme une activité profession­nelle », précise Jules.

S’il s’agit d’une somme assez élevée, elle reste atteignabl­e pour les propriétai­res de résidences secondaire­s, à Menton. Car la Ville n’impose pas un seuil de 120 jours de location sur ces derniers. Ils peuvent ainsi louer toute l’année, ce qui n’est pas forcément le cas ailleurs, certaines grandes villes comme Nice ou Paris ayant adopté une réglementa­tion plus stricte vis-à-vis des locations courte durée.

À Menton, la seule contrainte imposée aux loueurs saisonnier­s, est qu’ils doivent se soumettre à un enregistre­ment en mairie. Enregistre­ment qui permet ensuite à la municipali­té de taxer les propriétai­res pratiquant cette activité.

« Nous avons une taxe de séjour à régler pour chaque location, mais l’avantage avec Airbnb, c’est que ce sont eux qui s’en chargent. » À ce jour, 1 500 propriétés mentonnais­es (soit 6 % des logements de la ville), sont enregistré­es en mairie.

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(Photo F.B) Vivant en Essonne, Jules et sa mère ont opté pour une boîte à clé sécurisée.

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