Où se cache Dominique Estrosi-Sassone ?
La sénatrice LR niçoise est absente de la campagne. Aucune apparition publique au côté de candidats pour celle qui est aussi membre de la majorité du maire macroniste de Nice.
Il n’y a guère plus qu’à la messe que des élus qui ne veulent pas en croiser d’autres se retrouvent côte à côte, contraints et (sourires) forcés. Le 11 juin, lors de la fête de la transhumance à Saint-Étienne-deTinée, la sénatrice LR Dominique Estrosi-Sassone a fait banc d’église commun avec Marine Brenier, sa collègue de conseil municipal à Nice. Mais d’apparitions officielles pour les législatives, que nenni. Depuis le résultat de la présidentielle, Marine Brenier, députée sortante de la 5e circonscription, LR, a viré casaque pour devenir Horizons. Les deux femmes étaient les dernières à porter les couleurs de la droite traditionnelle dans l’entourage municipal de Christian Estrosi. Il n’en reste plus qu’une. La sénatrice, dernière des Mohicans : une position fort inconfortable, exacerbée en période électorale.
Un soutien de poids en campagne
Selon nos informations, Dominique Estrosi-Sassone avait bien prévu de soutenir les candidats LR « niçois » : Christelle d’Intorni dans la 5e circonscription, Laurent Castillo dans la 3e. Pas Éric Ciotti, bien sûr, c’eut été le coup de grâce pour Christian Estrosi. Et puis, pourtant, aucun de ces deux candidats n’aura vu le bout de son nez. « Elle n’a plus donné signe de vie », lâche un cadre des
Républicains, furax. «Des équipes de campagne ont reçu des messages laconiques de son entourage pour dire qu’elle préférait se mettre en retrait », abonde un autre. Qui grogne : «Ellea oublié que ce sont les grands électeurs LR qui l’ont élue. » Dans certains quartiers de Nice, le poids de la viceprésidente du groupe LR au palais du Luxembourg, très implantée localement et reconnue pour sa rigueur et son travail, aurait pu valoir très cher pour les candidats...
« Même si c’est décevant, comme c’est une femme loyale, elle n’a pas non plus soutenu les candidats de la majorité présidentielle », se console un autre élu LR.
Patricia Demas, «lavoix de son maître »
Qui souligne qu’elle n’est pas la seule à avoir déserté la campagne. Patricia Demas, elle aussi sénatrice Républicaine, ex-maire de Gilette, proche d’Estrosi, n’a pas mouillé le chemisier. Ces « désertions » ont mis en rogne Henri Leroy : « J’ai proposé un communiqué de presse commun où nous, les cinq sénateurs LR, aurions officiellement apporté notre soutien aux candidats investis par notre parti. Mme Estrosi-Sassone a voulu que ce soit tous les élus LR du département, pas seulement les sénateurs. Ce qui était impossible. Donc, nous avons renoncé. » Et Patricia Demas ? « Elle ne m’a même pas répondu. Logique, elle est l’ombre de Dominique, la voix de son maître », tacle-til. L’ex-maire de Mandelieula-Napoule a donc informé le président du groupe LR au Sénat. « Et Bruno Retailleau m’a répondu qu’elles auraient dû faire campagne pour nos candidats, que c’était la moindre des choses », conclut Leroy.