Isolée et menacée, comment Gilette s’adapte
Un énorme amas de roches menace de s’effondrer sur la route qui mène à la commune de l’Estéron. Coupé par sécurité, l’accès à Gilette est compliqué et ses habitants s’adaptent.
Là, s’il tombe, il finit dans l’Estéron ». Ce qui inquiète Pascal, Pierrot et les copains qui se retrouvaient, hier matin, sur la terrasse du bar restaurant des Chasseurs, c’est ce bloc de roches de près de 100 tonnes qui menace de s’écrouler sur la route principale qui mène à Gilette et sur la vallée de l’Estéron. Depuis l’alerte donnée vendredi, la commune tente de sécuriser un sinistre qui pourrait faire d’immenses dégâts. Après une réunion de crise, le maire, Yann Priout, et les services de la Métropole Nice Côte d’Azur ont décidé de couper la RM17 pour mener à bien cette opération délicate.
Une déviation peu évidente
Pour relier le village perché, puis, au-delà les autres communes de l’Estéron, une déviation est mise en place via Bonson. Cette D27, ou route de Revest, c’est une voie étroite et sinueuse sur laquelle il est délicat de se croiser et de manoeuvrer. « Les usagers ont la trouille », lâche Joël Laugier, boucher et restaurateur sur la place principale. Ce passage de plus de 10 km prend 20 minutes quand la circulation le permet. Mais il est inaccessible aux véhicules trop volumineux qui livrent les marchandises nécessaires à la vie économique. « J’avais passé une commande de ciment avant la fermeture de la route. Pour le détour et le changement de camion, j’ai dû payer 300 euros de plus », encaisse André, un entrepreneur dans le bâtiment qui construit une villa sur la commune. Face à ces contrariétés, Anaïs, qui s’active aux fourneaux de Lou Countea, relativise : « Heureusement qu’il n’y avait personne en dessous ».
Un silence inhabituel
Ce « boulevard » de la vallée de l’Estéron qui traverse Gilette ne voit plus rouler personne depuis quelques jours. Seul le vrombissement de l’hélicoptère qui évacue les rochers de la falaise tranche avec le silence inhabituel qui règne dans le bourg. «Ona eu un peu de monde ce weekend, témoigne Maxime Guey, le boulanger. Mais là les gens n’ont aucune raison de passer par le village ». Lui est tracassé par sa livraison de farine : «Je suis en galère. Il faut qu’ils me livrent vite. Je peux tenir jusqu’à jeudi [demain] ». Les amis du bar des Chasseurs, eux, relativisent : « On est au calme. On prend notre mal en patience. On prend le café et on bricole chez nous » .Lepatron, Laurent Laugier, peut compter sur ses habitués : «La population locale nous soutient ». « C’est la nature », philosophe-til. Au-dessus de leurs têtes, les ouvriers s’affairent à empêcher la roche de fracasser ce qui se trouverait sur son passage. «Ils ont bien avancé, assure le maire Yann Priout. Une fois le nouveau filet plaqué, il n’y aura plus de décrochage. Il y aura alors la possibilité de rouvrir ce tronçon ».