Monaco-Matin

À Calais, « pas de plan B »

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Les exilés de Calais disent n’avoir « d’autres choix » que de tenter rejoindre leur «rêve» anglais, malgré la perspectiv­e « effrayante » d’être renvoyés au Rwanda.

Parmi eux, Moussa, 21 ans, assis sur un fauteuil de fortune dans un campement délabré de Calais, au coin d’un petit feu, n’a pas l’intention de renoncer. Regard cerné, voix fatiguée, il raconte avoir fui le Darfour pour rejoindre l’Angleterre et « obtenir des papiers ». Il maîtrise déjà bien la langue. « Répugnant », tranche-til quand on l’interroge sur l’accord entre le Royaume-Uni et le Rwanda. Et « inhumain ». « J’ai peur d’être renvoyé au Rwanda. J’ai des chances d’y mourir », confesse-t-il. Mais à part en Angleterre, « on ne peut pas obtenir des papiers » en Europe. « On peut attendre cinq ans à dormir dans les rues », alors qu’au Royaume-Uni, « ils donnent des papiers rapidement », veut croire ce jeune homme présent à Calais depuis plusieurs mois.

« Incha’Allah, ils ne me renverront pas au Rwanda »

Alors, il continuera « chaque matin et chaque soir » à tenter de rejoindre les côtes anglaises. « Incha’Allah, ils ne me renverront pas au Rwanda », espère-t-il. « L’Angleterre, c’est ma dernière chance. » Almeen, un Soudanais de 20 ans, est à Calais depuis un mois et demi. Faute d’argent pour un passeur, il tente de rejoindre l’Angleterre en grimpant sur des camions. Lui aussi se dit « effrayé » de finir au Rwanda : « Ce n’est pas un pays sûr. Il n’y a pas d’égalité entre les hommes là-bas », affirme-t-il. Mais « je veux quand même rejoindre l’Angleterre. Je parle la langue, j’ai des amis, je veux y étudier la médecine », raconte-t-il en transporta­nt, baskets très abîmées, deux bidons d’eau vers son campement de fortune. « Je veux faire de mon rêve une réalité... Avec cette histoire de Rwanda je prends un nouveau risque, mais je ne peux pas renoncer. Je n’ai pas de plan B. » Ils « ont traversé tellement de pays, été confrontés à tellement de situations de stress, de dangers immédiats », qu’ils vont prendront quand même ce risque, explique William Feuillard, coordinate­ur de l’associatio­n L’Auberge des Migrants.

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