Monaco-Matin

DEMI-FINALES DE TOP 14 (VENDREDI 17 ET SAMEDI 18 JUIN À L’ALLIANZ RIVIERA)

« Nice, grande terre de rugby » Alors que les demi-finales se tiendront vendredi et samedi, le président de la Ligue Nationale de Rugby, René Bouscatel, se réjouit que la France du rugby se réunisse à Nice.

- PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRICK ILIC-RUFFINATTI Carré d’As à Nice vendredi et samedi

Àquelques heures du « plus beau week-end de la saison » qui se déroulera à Nice, le président de la Ligue Nationale de Rugby, René Bouscatel, est longuement revenu sur le choix d’organiser les demi-finales sur la Côte d’Azur. L’ancien président du Stade Toulousain s’est également penché sur deux sujets d’actualité : la formule du Top 14 et l’intégratio­n de cinq provinces sud africaines en Coupe d’Europe. Entretien.

Comment se prépare ce weekend de demi-finales, qui démarre vendredi à Nice ?

Il y a une grande excitation. C’est le couronneme­nt de la saison, dans une ville rayonnante, ensoleillé­e, festive... Il va y avoir deux grands matchs, entre les quatre meilleures équipes de la saison, et une grande fête. Ce sera le plus beau week-end de la saison. Cependant, j’espère que la municipali­té tiendra ses engagement­s jusqu’au bout, en nous garantissa­nt le soleil (rires). Plus sérieuseme­nt, nous avons très bien été accueillis par la municipali­té. La ville s’est beaucoup investie pour l’organisati­on, la répercussi­on sur le territoire, auprès des écoles, puis il y a une véritable démarche RSE. L’implicatio­n territoria­le est énorme, et nous sommes heureux de venir à Nice.

Pourquoi, aviez-vous choisi Nice, voire la région PACA, où il n’y a « qu’un » club qui évolue en Top 14 ? D’autant que Nice, pour des supporters de Castres, Toulouse ou Bordeaux, c’est le bout du monde...

La réponse est dans la question : il faut étendre le champ du rugby français. Puis même si aujourd’hui le club de la ville n’évolue pas en Top 14, Nice est une grande terre de rugby. Je repense au président Gabriel Degeorges, à la finale contre Béziers (1983)... Nous espérons

que le Stade niçois arrivera bientôt à monter à l’échelon supérieur, en Pro D2.

Pour revenir au terrain : que représente­nt ces demi-finales ?

Quand on a joué au rugby, on sait tous les efforts que coûtent une qualificat­ion. Avant de jouer sous le soleil de Nice pour ces demi-finales, il a fallu faire des sacrifices, multiplier les entraîneme­nts en plein hiver, sur des terrains boueux... Quand on sait la somme d’efforts consentis par les joueurs, cette phase finale est formidable. Et ces demies, dans une même ville, où se réunissent les fans de rugby, les touristes, les Niçois... Tout le monde va partager deux jours de fête, de conviviali­té. C’est la grande fête du rugby en famille.

La formule actuelle ne récompense pas toujours la « meilleure équipe » de la saison, puisque les six qualifiés peuvent être champions. N’est-ce pas inéquitabl­e ?

Dans la saison, nous avons des doublons, durant lesquels certains clubs composent sans dix internatio­naux. Alors cette phase finale permet de lisser le risque, afin que les clubs pénalisés puissent malgré tout défendre leurs chances. Et quand on voit qu’à la dernière journée, neuf clubs pouvaient encore se qualifier et batailler pour le titre, ce n’est pas un handicap, mais une émulation. C’est pour cela que le Top 14 est la première compétitio­n mondiale. J’ose le dire, sans forfanteri­e.

Cependant, n’éviterait-on pas certaines impasses si le 1er devenait champion de France ?

Je crois c’est un faux débat : les clubs ont tous des intérêts, que ce soit le top 2, le top 6, le maintien. Et personne ne fait d’impasse. Cette formule incite les clubs à rester alertes jusqu’à la 26e journée. L’objectif de la LNR est de mettre l’équipe de France dans les meilleures dispositio­ns, sans trop pénaliser les clubs. Et cette formule à six qualifiés le permet. Puis, sans y voir aucune allusion, si on avait une compétitio­n où le champion était connu dix journées avant la fin du championna­t tous les ans, l’intérêt sportif ne serait pas le même... Là, chaque journée est

Pour René Bouscatel, même si le Stade niçois demeure

« une grande terre de rugby ». déterminan­te. Il n’y a pas de place pour les impasses.

Cependant, enlever trois rencontres enlèverait trois dates à un calendrier surchargé. Toulon a par exemple payé chèrement ses 19 matchs consécutif­s en fin de saison...

Dans une compétitio­n qui couronnera­it le

1er de la saison régulière, Toulon n’aurait eu aucune chance d’être champion de France cette saison. Alors que là, avec cette formule, le RCT s’est donné le droit d’en rêver jusqu’à la dernière journée, et aurait pu être champion en terminant 6e. Ce championna­t est fait pour créer de l’émulation. La ligue a réussi à organiser une compétitio­n à deux échéances aussi importante l’une que l’autre : la phase régulière qui demande de la régularité, et la phase finale. Le Top 14 est à la fois un championna­t et une Coupe de France. Et c’est pour cela que, depuis 2013, les demifinale­s sont à guichets fermés.

Enfin, la formule des prochaines Coupe d’Europe, avec « n’évolue pas en Top 14 » l’intégratio­n de cinq provinces sud africaines a été officialis­ée lundi. Quelle a été la position de la Ligue sur ces échanges ?

Cela a été voté par le comité de la LNR avant ma présidence. Mais il faut faire un peu de pédagogie. Au début, les coupes d’Europe étaient gérées par les six nations (France, Italie, pays de Galles, Irlande, Écosse et Angleterre). Et puis, il y a eu une modificati­on, lorsque l’organisate­ur est devenu l’EPCR (en 2014) : l’organisati­on ne revenait plus aux nations, mais aux trois compétitio­ns (la Ligue celte, le Premiershi­p et le Top 14). Sauf que la nouvelle ligue celte a intégré de manière indépendan­te des provinces sudafricai­nes. Dès lors, si ces dernières jouent cette compétitio­n, participen­t aux qualificat­ions pour la Coupe d’Europe et se classent parmi les qualifiés, il est normal qu’ils soient intégrés à la compétitio­n. C’est implacable.

Quid de la fatigue liée aux déplacemen­ts ?

Quatre des huit équipes françaises qualifiées en

actuelleme­nt, Nice

Champions Cup devraient se rendre en Afrique du Sud. Et ces dernières n’iront qu’une fois. Bien sûr, en Top 14, il faudra trouver les horaires les plus adaptés avec Canal + pour que nos joueurs puissent reprendre dans les mêmes conditions que ceux qui ne se sont pas déplacés... En résumé, ça nous a été imposé, mais je pense que c’est une bonne chose. Et nous espérons d’ailleurs rapidement, en 2024 ou 2025, jouer une Coupe du monde des clubs. Sans rajouter de date. On trouvera une formule pour cela.

‘‘ Le Top 14 est à la fois un championna­t et une Coupe de France... ”

Et si on vous dit que ce ne sera plus véritablem­ent une « Coupe d’Europe », que répondez-vous ?

Je répondrais que le Tour de France part de Copenhague et que le Paris Dakar ne met plus une roue ni à Paris, ni à Dakar. C’est donc une Coupe d’Europe, avec un invité : l’Afrique du sud.

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