Monaco-Matin

Pourquoi l’inflation n’est pas près de s’arrêter

Alors que l’inflation galope, les mesures de l’exécutif se font attendre. Michel-Edouard Leclerc demande à l’État plus de souplesse pour amortir les prix.

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

En ce mois de juin, quel est le résultat de l’équation devenue le premier sujet de préoccupat­ion des Français (et élément central du débat politique), le pouvoir d’achat ? Premier constat, aucun miracle pour ce qui touche à sa progressio­n. La différence entre l’évolution des revenus et celle de l’indice des prix à la consommati­on n’a rien de réjouissan­t pour les Azuréens. « Mon porte-monnaie est comme un oignon, dès que je l’ouvre, il me fait pleurer ! », s’amuse à demi un ancien, adepte de la galéjade, sur le point de régler ses courses ce mercredi.

Inflation : objectif (hélas) atteint

Comme tous les consommate­urs, il doit faire face à une implacable spirale ascendante. Après avoir grimpé jusqu’à 4,8 % sur un an en avril, l’estimation selon laquelle l'inflation devait dépasser les 5 % en mai est atteinte. Les prix à la consommati­on en France ont augmenté de 5,2 % sur un an, indique l’Insee. Énergie et alimentair­e étant les deux principaux ressorts de cet essor plus vu depuis… 1985. Résultat de l’équation : 90 euros de plus à débourser chaque mois, selon l’Observatoi­re de 60 millions de consommate­urs.

Loi pouvoir d’achat : retard à l’allumage

Le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance y planchait avant même la nomination du nouveau gouverneme­nt. La « loi exceptionn­elle pour le pouvoir d’achat » promise par le Président fraîchemen­t élu devait être présentée à l’Assemblée nationale après les élections législativ­es… Et patatras ! Voici que cette échéance est déjà décalée. « Il est possible qu’il y ait une semaine de glissement et pas plus, ce qui pourrait nous amener au 6 juillet » ,a précisé, mardi, la porte-parole du gouverneme­nt, Olivia Grégoire, lors du compte rendu du Conseil des ministres. Mais promis-juré, « son calendrier de mise en oeuvre reste inchangé », assure-t-elle. Elle devrait comprendre la reconducti­on du bouclier tarifaire, une augmentati­on des retraites, la revalorisa­tion du point d’indice des fonctionna­ires, une aide sous forme de chèque alimentair­e… avec effet dans le porte-monnaie dès le mois d’août.

Des raisons d’espérer

Dans un contexte internatio­nal morose, la France « résisterai­t » mieux que d’autres, consolent certains experts, chiffres à l’appui.

Si l’on se base sur la situation avant le conflit en Ukraine, les prévisions de croissance française étaient de 4 % pour 2022 et 2 % pour 2023. La Banque de France, avance qu’elles pourraient chuter à 2,8 % pour 2022 et 1,3 % pour 2023. Rude, mais mieux que les projection­s concernant les voisins allemands ou les États-Unis. Encore une fois, le bouclier tarifaire serait le garant de cette « meilleure résilience de l’économie française ». La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a calculé que, sans le bouclier tarifaire, les prix auraient progressé de 66,5 % entre octobre 2021 et février 2022. Quant à ceux de l’électricit­é, ils auraient augmenté de 35,4 % le 1er février 2022. Le prolongeme­nt sur l’année 2022 de ce bouclier, ferait donc partie des raisons d’espérer le « moins pire » des scénarios pour les mois à venir.

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(Photos Florian Escoffier)
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