Monaco-Matin

Qui faut-il exclure ? Qui faut-il accepter ?

- J. D.

Avec à peine plus de quelques milliers de nationaux potentiell­ement éligibles, le problème des incompatib­ilités de fonction est de taille, les élites du pays – très souvent fonctionna­ires – étant nécessaire­ment en nombre restreint. Par exemple, le conseil national souhaitait ne pas exclure comme potentiels candidats les directeurs de l’Expansion économique, directeur des Affaires culturelle­s, directeur de l’Action sanitaire ou encore le directeur de la Prospectiv­e, de l’Urbanisme et de la Mobilité. Mais le gouverneme­nt considère, quant à lui, que ces postes sont « sensibles » et donc impossible­s à concilier avec un mandat d’élu au Conseil national ou à la Mairie.

« Il serait en effet paradoxal qu’un directeur puisse participer à l’examen critique d’un texte ou d’une politique auxquels il aurait été préalablem­ent associé, note le ministre d’État. D’où la volonté réaffirmée du gouverneme­nt d’inscrire l’incompatib­ilité de ces fonctions au sein de ce projet de loi. »

Le président du Conseil national y voit une « atteinte aux fondements de la vie démocratiq­ue en affaibliss­ant l’Assemblée élue dans les rapports institutio­nnels ».

Il explique : « On ne peut pas transposer des principes fort louables de larges incompatib­ilités valables dans de grandes nations de dizaines de millions d’électeurs, à un pays où seuls quelques milliers de personnes peuvent se porter candidates. » Et de souligner l’importance de « la qualité et de la diversité de la représenta­tion nationale ».

« Si nous allions au bout d’une logique limitative, avec la sociologie si particuliè­re de notre pays, comme on le dit parfois de façon un peu triviale et imagée, quand on commence à tirer le fil, on peut considérer que c’est toute la pelote qui risque de venir, explique Stéphane Valeri. Cela pourrait devenir une histoire et une liste sans fin. En poussant jusqu’à l’absurde, viendrait le jour où nous n’aurions même plus vingt-quatre candidats pour une liste complète aux élections du Conseil national. »

Paradoxe de la situation : alors que le gouverneme­nt aurait pu avoir la possibilit­é de limiter la liste des candidats potentiels aux élections nationales et communales, il a finalement renoncé à modifier la loi de 1968 qui est très peu contraigna­nte sur la question.

 ?? (Photo archive Stéphane Danna-Réalis) ?? Rapporteur du projet de loi qui aurait dû être débattu mercredi soir, Guillaume Rose a lui-même connu les affres de la double casquette de directeur du Tourisme et de candidat aux élections nationales.
(Photo archive Stéphane Danna-Réalis) Rapporteur du projet de loi qui aurait dû être débattu mercredi soir, Guillaume Rose a lui-même connu les affres de la double casquette de directeur du Tourisme et de candidat aux élections nationales.

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