Un pain par jour partagé en quatre
« La République populaire du Donetsk n’existait pas encore, c’était plutôt des milices. » L’une d’elle s’appelle alors « Unité continentale ». Elle est composée de volontaires étrangers. Pour la plupart français et issus de la mouvance d’extrême droite. « Les chefs l’étaient, mais dans nos rangs, il y avait aussi des communistes espagnols et même des anarchistes », assure Philippe. Luimême ne cache pas son passé «nationaliste ». Un engagement politique qui a d’abord conduit ce fils de technicien toulonnais à s’engager dans l’armée française. Son passage au Régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa) n’aura duré que trois mois : «Je
Philippe Khalfine, 29 ans, a notamment participé à l’assaut sur Marioupol.
pensais que j’allais être avec des patriotes comme moi, je n’ai trouvé que des mecs paumés dans la vie qui cherchaient avant tout un salaire. » Cette vie-là est révolue. Philippe dit en avoir vécu « dix autres » depuis qu’il est dans le Donbass. Deux engagements militaires. Le premier par conviction idéologique. Le second, davantage pour « la gamelle » et ne plus vivre aux dépens de celle qui est devenue sa femme, une Ukrainienne prof’ de français. « Pendant des mois, on s’est contenté d’un pain par jour que l’on partageait en quatre. » Alors, le jeune Varois est retourné au front. Dans l’artillerie. « C’était une guerre de position. J’avais conscience que je tuais des gens. Mais de loin. Parfois, j’en éprouvais même une certaine satisfaction. Quand le guetteur disait “tir correct”. Que le chef était content… Là, c’est très différent »,
J’avais conscience que je tuais des gens, mais de loin ”
Quand on doit traverser une route, on sait que deux ou trois d’entre nous vont y laisser leur peau. Si je suis encore en vie, ce n’est en réalité qu’une question de chance », témoigne ce combattant qui a notamment participé au siège de Marioupol.
« Un carnage », « une vraie boucherie » . Il n’a «pas de mot» pour décrire «cet enfer », d’un côté « les snipers ukrainiens », de l’autre « les fanatiques tchétchènes » avec qui il ne veut « plus jamais travailler » …Etles « cadavres de civils dans les rues ». « Il y a eu beaucoup de civils morts », reconnaît Philippe, même s’il assure qu’il