Records de chaleur en cascade à travers le pays

De l’Aveyron à l’Ille-et-Vilaine, en passant par la Charente, le mercure est monté à des niveaux inédits pour un mois de juin. Et à en croire Météo-France, ce n’est pas fini !

Il a fait très chaud, hier dans de nombreuses communes françaises, comme ici à Perpignan, où tous les moyens étaient bons pour tenter de se rafraîchir. (AFP)

Un épisode précoce de très fortes chaleurs en provenance du Maghreb a frappé hier le sud-ouest de la France. « C’est la vague de chaleur la plus précoce jamais enregistrée en France » depuis 1947, selon Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France, y voyant un « marqueur du changement climatique ». Et ce n’est pas fini : MétéoFrance avertit que « ce samedi aprèsmidi, la chaleur s’accentuera encore » dans l’ouest du pays et « des records absolus pourraient alors tomber ». Des records pour un mois de juin ont déjà été battus hier dans au moins 13 communes, avec notamment 40,4 °C à Carcassonne (Aude), 37,3 °C à Millau (Aveyron), 35,5 °C à Dinard (Ille-et-Vilaine), ou encore 38,9 °C à Cognac. Les autres communes ayant atteint ou dépassé leurs records pour un mois de juin sont Narbonne (Aude), Saintes (CharenteMaritime), Bergerac (Dordogne), Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), Les

Martys (Aude), Montaut (Ariège) et Quintenic (Côtes-d’Armor). La multiplication des vagues de chaleur en Europe est une conséquence directe du réchauffement climatique. Les émissions de gaz à effet de serre accroissent la puissance, la durée et le rythme de répétition des vagues de chaleur, selon les scientifiques. En France, la canicule s’étend à la quasi-totalité du pays et 14 départements du sud-ouest ont été placés en vigilance rouge (voir carte ci-dessus). Les écoliers et collégiens de ces zones ont pu rester chez eux hier.

« L’hôpital est évidemment saturé »

« Nous sommes dans un épisode de canicule très précoce, un épisode fort qui dure un peu plus que prévu » ,adéclaré la ministre française de la Santé Brigitte Bourguignon, lors d’un déplacement dans une maison de retraite dans le Sud-Ouest, ajoutant que « l’hôpital est évidemment saturé, mais

répond à la demande ». La Première ministre Elisabeth Borne a elle insisté sur les consignes de prudence et de prévention pour les personnes vulnérables. Les pouvoirs publics sont particulièrement vigilants depuis une vingtaine d’années, tirant les leçons de la canicule historique de 2003 qui avait fait plus de 15 000 morts en France, surtout parmi les personnes âgées. En 2015, quatre épisodes caniculaires avaient provoqué durant l’été un total estimé de 1 700 morts, selon une étude de l’agence sanitaire Santé Publique France publiée en avril 2019.

En Espagne et en Italie aussi...

Effet secondaire classique des épisodes de chaleur, la concentration d’ozone dans l’air est par ailleurs en nette augmentation sur une grande partie de la France, selon le bulletin officiel Prev’Air publié hier. Ailleurs en Europe, la situation n’est pas toujours plus rose. En Espagne, les pompiers continuaient ainsi hier soir de lutter contre plusieurs incendies à travers le pays, frappé lui aussi par une vague de chaleur exceptionnelle depuis près d’une semaine, avec des températures dépassant parfois les quarante degrés. Plus de 3 000 personnes ont ainsi été évacuées du parc d’attractions du Puy du Fou Espagne, dans le centre du pays, en raison d’un violent incendie à proximité du site.

Dans le nord de l’Italie, la Lombardie se prépare de son côté à déclarer l’état d’urgence face à une sécheresse record menaçant les récoltes, et l’eau est déjà rationnée dans plusieurs villes de la Plaine du Po. Cette région, qui abrite d’importantes cultures, affronte sa pire sécheresse depuis 70 ans.

L’ONU a appelé hier à « agir maintenant » contre la sécheresse et la désertification afin d’éviter des « désastres humains ».