Monaco-Matin

Laurent Puons : « Une série peut vous rendre addict »

Alors que la 61e édition du Festival TV de Monte-Carlo bat son plein au Grimaldi Forum, son vice-président délégué confie son bonheur de voir réunis le public et les castings de séries.

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Alors que les célébrités multiplien­t

les rencontres avec leurs fans et les interviews avec la presse, que les projection­s se succèdent à un rythme effréné, Laurent-Puons, vice-président délégué du Festival de télévision de Monte-Carlo, évoque le bonheur de mener une édition sans contrainte­s sanitaires, la longévité de certaines séries télévisées, l’importance croissante des plateforme­s digitales dans son festival et la place de l’événement par rapport à la concurrenc­e.

Une édition sans mesures sanitaires, c’est le bonheur ?

On accueille ce retour à la normale avec satisfacti­on et soulagemen­t. Le masque n’est plus obligatoir­e, les Américains sont de retour ! On a 9 programmes nominés, des avant-premières mondiales, dont certaines hors compétitio­n : Ze Network avec David Hasselhoff, Toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites en présence de Jean Reno et, enfin, Last Light du studio MGM avec le casting. De plus en plus de studios nous choisissen­t pour leurs lancements officiels.

Quelle place pour le streaming dans votre festival ?

En 2018, on a été les premiers à avoir ouvert une édition avec un contenu émanant d’une plateforme digitale : Jack Ryan de Tom Clancy (Amazon Prime Video). Elles sont l’avenir et on a, d’ailleurs, vu que les grands studios comme Disney ont créé leur propre plateforme. Elles ont un pouvoir d’attraction supérieur auprès du consommate­ur car elles permettent de visionner un contenu quand on veut, où on veut, sur le support de notre choix. Les jeunes génération­s n’ont plus envie de consommer devant la télé à un horaire fixe. Je maintiens toutefois que ce n’est pas la fin des chaînes linéaires, bien au contraire. Des séries comme Friends et Starsky et Hutch sont toujours diffusées et cartonnent.

Tout ça ne pousse-t-il pas trop à la consommati­on ?

Je ne dis pas que cela est bon, bien au contraire. J’ai passé ma jeunesse à la campagne dans des cabanes, pas sur un ordinateur ou un téléphone. Aujourd’hui, la jeune génération passe une grande partie de son temps sur les écrans. Il y a une volonté des plateforme­s digitales, grâce aux algorithme­s, d’accrocher le consommate­ur, de le garder. L’avantage d’une série, par rapport à un blockbuste­r, c’est qu’elle peut vous rendre addict. Et puis, il y a tellement de séries de qualité, pas seulement anglaises, américaine­s ou françaises mais aussi nordiques et espagnoles.

L’émergence de ces plateforme­s a aussi eu pour conséquenc­e la perte de vitesse des cinémas…

Le public a plus de réticences de se rendre dans les salles obscures. Le cinéma ne fait plus recette comme par le passé, d’autant que l’industrie a beaucoup souffert pendant le Covid, a contrario des plateforme­s digitales. Le bonheur des uns fait le malheur des autres.

Que symbolise le retour des Américains à Monaco ?

Le festival a toujours été très puissant sur le continent américain. Il y a quinze ans, les séries à succès étaient toutes américaine­s avec un casting populaire. Cela étant, au travers de la compétitio­n, on se rend compte que ce ne sont pas eux qui remportent les Nymphes d’Or, mais les Anglais, les Israéliens, les

Espagnols… La qualité de production et de réalisatio­n des pays européens s’est grandement développée. Ils rivalisent, voire dépassent, les Américains.

L’an passé, vous aviez annoncé la présence d’une grande personnali­té pour la Nymphe de cristal. Où est-elle ?

On était en discussion avec John Travolta mais il n’a pas pu se rendre disponible. Plutôt que de baisser le niveau, nous avons fait une croix sur la Nymphe de cristal.

Quelle place a le public dans ce festival ?

Il est le consommate­ur qui va donner le ton d’une série, qui va déterminer si elle est de qualité ou non. Si les audiences ne suivent pas, elle s’arrête. Le festival s’ouvre de plus en plus aux spectateur­s avec près de 30 événements. Outre la diffusion d’avantpremi­ères, on note le retour de deux célèbres soap operas américains et de leur casting : Les Feux de l’amour et Amour, Gloire et Beauté.

On a aussi les shows de Dick Wolf, Pékin Express, Plus belle la vie, Demain nous appartient, Ici tout commence… Avec la levée des mesures sanitaires, la fan zone a fait son retour. On l’a souhaité comme un lieu de décontract­ion, avec des chaises longues et un terrain de pétanque, en attendant l’arrivée des célébrités.

Canneserie­s est-il un concurrent sérieux pour vous ?

Sans vouloir créer la polémique, je n’ai pas de concurrenc­e. Il y a tellement de séries qu’il y a de la place pour tout le monde.

Les profession­nels estiment que le Festival de télévision de MonteCarlo est leader en Europe. Nous avons su garder une totale indépendan­ce vis-à-vis des chaînes de télévision et des studios. Nous n’avons aucune exclusivit­é, ce qui nous permet d’ouvrir chaque année avec un contenu émanant d’un studio, d’une chaîne, d’une plateforme digitale. Notre festival a honoré les plus grands de cette industrie : Darren Star, Jerry Bruckheime­r, Stephen J. Cannell, Ted Turner mais aussi Tchéky Karyo, Michael Douglas, Helen Mirren, Donald Sutherland. Je ne fais pas d’autosatisf­action car on se remet toujours en question.

‘‘ Nous avons su garder une totale indépendan­ce ”

‘‘ John Travolta n’a pas pu se rendre disponible ”

Comment ne pas s’essouffler ?

En étant visionnair­e, en faisant le choix de séries qui vont marcher. C’est une question d’expertise, mais aussi de chance. On a aussi créé le prix du meilleur espoir internatio­nal et celui du public, lui permettant de se positionne­r comme un membre du jury.

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(Photo Franz Chavaroche) Laurent Puons, vice-président délégué du Festival de télévision.

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