Monaco-Matin

Le RN azuréen s’installe, Les Républicai­ns résistent

Les électeurs envoient à l’Assemblée trois candidats du Rassemblem­ent national qui réalise un score historique. Mieux que la majorité présidenti­elle qui perd le match face aux Républicai­ns.

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Il y a cinq ans, les Alpes-Maritimes faisaient partie des rares départemen­ts de France à contenir la vague des « marcheurs » qui venaient d’installer Emmanuel Macron à l’Élysée pour son premier mandat. Ces terres historique­ment de droite conservaie­nt alors six des neuf circonscri­ptions du départemen­t. Mais ça, c’était avant la défection du maire de Nice qui, lors des régionales l’an passé, a fini par tourner le dos à la famille LR.

Une défection qui en a appelé d’autres, jusqu’à ce changement d’étiquette de la députée LR sortante de la 5e circonscri­ption, Marine Brenier, quelques jours seulement avant le premier tour des législativ­es. Pour ce scrutin, Christian Estrosi avait envoyé en première ligne deux de ses lieutenant­s, Philippe Pradal et Graig Monetti, candidats dans la 3e et la 1re circonscri­ption. Il est allé soutenir JeanBernar­d Mion à Cagnes et Loïc Dombreval à Carros...

Bref, le nouvel homme lige d’Emmanuel Macron dans le départemen­t n’a pas ménagé ses efforts dans cette campagne. Et il en a mal été récompensé.

Les voix d’Estrosi et de Macron ne se sont pas additionné­es

Philippe Pradal, l’ancien premier adjoint de Christian Estrosi, se retrouve bien seul pour représente­r les couleurs d’Ensemble ! à l’Assemblée nationale. Le candidat de la 3e circonscri­ption a profité de la guerre fratricide opposant à l’extrême droite Benoît Kandel et Philippe Vardon. Il s’est retrouvé, dimanche dernier, en duel face au seul candidat Nupes encore en lice dans le départemen­t. Mais Enzo Giusti n’a pas su concrétise­r « l’espoir » qu’il a ainsi suscité au sein de cette gauche azuréenne qui n’avait plus envoyé de député azuréen à l’Assemblée, depuis 20 ans. À l’exception, donc, de Philippe Pradal dans la 3e, tous les autres candidats de la majorité présidenti­elle ont perdu leurs duels ce dimanche. À commencer par les sortants Loïc Dombreval dans la 2e et Alexandra Valetta-Ardisson dans la 4e. Y compris les duels les plus intimes. Ceux où se jouait par procuratio­n le match entre Christian Estrosi et son ancien directeur de cabinet, Eric Ciotti.

Non seulement, le député sortant de la 1re circonscri­ption ne s’est pas fait ravir son siège par le jeune adjoint au maire de Nice Graig Monetti, mais il a aussi vu sa protégée, Christelle d’Intorni, évincer de l’Assemblée Marine Brenier dans la 5e.

Ce dimanche, les voix du maire de Nice et celles du président de la République ne se sont pas additionné­es. Le parti d’Emmanuel Macron ne conserve qu’un siège sur les trois dont il disposait depuis 2017.

Les Républicai­ns ne sont pas morts

On croyait Les Républicai­ns enterrés au même titre que le PS depuis le résultat calamiteux de Valérie Pécresse à l’élection présidenti­elle. Localement ce n’est manifestem­ent pas le cas. La droite républicai­ne a remporté ce dimanche plus de la moitié des circonscri­ptions des Alpes-Maritimes. Eric Ciotti, mais aussi Michèle Tabarot dans la 9e circonscri­ption et Eric Pauget dans la 7e se sont fait réélire assez confortabl­ement puisqu’ils devancent leur adversaire de près de dix points. Dans la très cannoise 8e circonscri­ption, Alexandra Martin a réussi haut la main son baptême du feu face Jean-Valéry Desens et succède donc à l’ancien maire de Cannes, Bernard Brochand, qui ne se représenta­it pas. Avec 69,27 %, elle est même la mieux élue des députés azuréens.

Les Républicai­ns tiennent donc l’ouest du départemen­t et se taillent deux circonscri­ptions dans la métropole niçoise. La droite traditionn­elle fait plus que tirer son épingle du jeu à l’occasion de ce scrutin... Même si elle se fait déborder à son extrême droite.

Si la percée nationale de l’union des forces écologique­s et sociales (Nupes) ne se confirme pas au niveau départemen­tal, en revanche celle du Rassemblem­ent nationale est bel et bien tangible. Les Alpes-Maritimes offrent au parti de Marine Le Pen pas moins de trois sièges. Le secrétaire départemen­tal du RN Lionel Tivoli dans la 2e, la nouvelle femme forte du parti Alexandra Masson dans la 4e, et même le jeune Bryan Masson, à un millier de voix près dans la 6e se sont imposés lors de ce second tour des législativ­es.

Un résultat historique. Même si dire que le parti à la flamme tricolore n’a jamais eu de député issu des Alpes-Maritimes serait faux. En fait, il en a eu deux : Jacques Peyrat et Albert Peyron. Mais c’était en 1986 à l’occasion d’un scrutin très particulie­r, pour ne pas dire unique. Celui de la huitième mandature de la Ve République. Le vote s’était alors fait à la proportion­nelle partielle, non pas par circonscri­ption mais sur la base de listes départemen­tales.

Et pourtant, en valeur absolue...

La dissolutio­n deux ans plus tard a mis un terme à l’expérience qui n’a jamais été renouvelée depuis. D’ailleurs, à la proportion­nelle, le résultat aurait été tout autre car, en nombre de voix, les écarts entre les trois premières forces politiques du départemen­t se resserrent : les candidats de la majorité présidenti­elle totalisent 121 908 bulletins ce dimanche, 20 000 de plus en fait que ceux cumulés par les candidats LR qui, eux-mêmes, devancent les représenta­nts du Rassemblem­ent national encore présents de 16 500 voix... Mais les jeux électoraux sont ainsi faits.

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(Photo Sébastien Botella) Dans la 6e circonscri­ption, le frontiste Bryan Masson est élu député à 25 ans.

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