« Deux failles pourraient générer un tsunami »
Alexis Stepanian, expert territorial et risques côtiers au BRGM
Alexis Stepanian est expert littoral, risques côtiers et changement climatique au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) qui a étudié le risque tsunami dans les Alpes-Maritimes.
Dans quel cadre cette étude a-t-elle été réalisée ?
Cette étude nous a été commandée par la préfecture des Alpes-Maritimes dans le cadre du plan séisme qui évalue la vulnérabilité du littoral azuréen à ce type de phénomènes naturels. Ce plan comporte notamment un volet tsunami et les services de l’État ont donc sollicité le BRGM afin d’essayer de caractériser également ce risque, notamment de déterminer les secteurs plus ou moins exposés.
Quel est l’enjeu ?
Le travail que nous avons réalisé a servi à alimenter les dispositions du plan Orsec qui constitue la réponse opérationnelle des services de l’État, notamment l’organisation des secours, en cas de catastrophe naturelle. Mais pour cela, la préfecture des AlpesMaritimes avait besoin au préalable d’évaluer le risque tsunami.
Justement, quel est ce risque ?
Notre étude présente le pire des cas. Nous nous sommes mis dans les conditions les plus défavorables. C’est donc le pire des scénarios, mais un scénario qui reste néanmoins plausible. Car il y a deux failles, en mer Ligure et au nord Maghreb, qui pourraient générer un séisme sous-marin suivi d’un tsunami. Ces deux failles sont actives. Il y a déjà eu un séisme sur la faille Ligure en 1885, autant dire hier à l’échelle géologique. Et un autre en 2003 sur la faille algérienne : il avait d’ailleurs provoqué un petit tsunami qui avait alors traversé la Méditerranée et avait été constaté à la Pointe Rouge à Marseille. Cela peut se reproduire demain, dans cent ans ou jamais. Nous avons essayé de déterminer ce qu’il se passerait si cela devait arriver.
Et que se passerait-il ?
La vague pourrait atteindre jusqu’à cinq mètres au-dessus du niveau de la mer et les zones basses du littoral seraient dès lors impactées. On estime d’ailleurs que la situation est significative à partir d’un mètre de hauteur d’eau, parce que cela suffit à emporter un individu ou à empêcher un conducteur de distinguer la route du fossé. Nous avons surtout réalisé une étude d’impact, notamment sur les bâtiments qui pourraient être touchés, mais nous n’avons pas réalisé de modélisation de l’avancée de l’eau. Ce travail complémentaire mériterait sans doute d’être réalisé pour les secteurs les plus vulnérables. D’autant que nous en avons les moyens techniques.