Un mois ferme pour avoir dégradé cinq véhicules
Tribunal correctionnel Interpellés près de la piscine, deux hommes avaient « visité » le parking de la Condamine afin d’aider un inconnu à voler une voiture. Ils ont écopé de la prison ferme.
En provenance de leur Piémont natal pour un déplacement consacré aux loisirs en Principauté, deux Italiens ont préféré cependant explorer les niveaux moins 2 et moins 3 du parking de la Condamine le dimanche 19 juin, aux alentours de 4 heures.
Seule une forte concentration de berlines prestigieuses et luxueuses stationnées dans le parc aurait pu, au petit matin, attirer ces vacanciers bien déterminés !
Déterminés en effet à « voler un véhicule afin de rendre service », ont confessé les deux prévenus, arrivés menottés à l’audience de flagrance.
Le troisième suspect en fuite
Mais en vertu de quelle solidarité devaient-ils s’acquitter envers l’illustre inconnu rencontré dans le train aux fins de participer au méfait prémédité ? Qui est véritablement cet anonyme ? Surtout un « Arlésien » répondant à l’alias de Andrea. Personnage trouble évoqué en permanence dans les débats, il est pourtant absent dans le box. Il a pu s’enfuir quand ses deux compères, magnanimes, ont été interpellés par les policiers près de la piscine vers 5 heures. De toutes les façons, malgré la bonne volonté des inspecteurs de la Sûreté publique, ce troisième homme n’est pas près de rendre des comptes à la justice monégasque. Si les gendarmes français l’ont repéré au cours de son passage furtif à Èze, l’enquête piétinera certainement puisqu’il aurait fourni une fausse identité… Heureusement, grâce à la vidéosurveillance et à la curiosité rapprochée » d’un gardien de parc intrigué par le comportement inadapté des trois individus, le vol de véhicule a échoué. Cependant, le trio a laissé des traces…
Au cours de l’instruction du dossier, le président Jérôme Fougeras
«Lavergnolle(*) va rivaliser d’ingéniosité afin de piéger les deux prévenus sur leur rôle respectif.
Deux versions différentes
Car leurs versions sont différentes. D’un côté, c’est une histoire de vélo. De l’autre, il est question du choix de la voiture à dérober. Munis chacun d’un tournevis, ils ont plutôt regardé l’instigateur présumé employé à forcer les fermetures. La porte avant gauche d’une Jaguar verte et la boîte à gants ont été fracturées. Une Triumph décapotable a eu son toit relevé. Le capot et le coffre d’une Porsche ont été ouverts et la serrure forcée. Une McLaren a été rayée. Enfin, une Fiat 500 a eu le déflecteur brisé… « pour voir ce qui avait à l’intérieur, a reconnu uniquement le plus jeune, un soudeur âgé de 19 ans. J’ai été stupide de récupérer un portemonnaie ». Mais il nie toute activité illicite. A écouter le second, ce n’est pas mieux : il n’aurait rien fait. « Juste tenir le tournevis qu’on lui avait fourni ,a déclaré ce maçon de 21 ans. Je ne m’explique pas les raisons qui m’ont fait adhérer à ce projet insensé. » Le regard sceptique du magistrat a révélé son attitude incrédule, face à deux prévenus confinés dans la pratique du doute systématique. « Mais quelles sont les raisons qui vous ont conduits à Monaco », a finalement conclu le président. La réponse est inchangée : le tourisme…
« Ces deux Transalpins auraient dû comparaître devant le tribunal criminel, a lancé dans ses réquisitions le substitut Emmanuelle Carniello. Quand il y a vol avec effraction et en réunion, cela constitue un crime à Monaco. Mais ces jeunes n’ont pas leur place devant cette juridiction compétente. » Alors, la parquetière va découper les infractions pour ne pas dépasser la correctionnalisation. « On les retrouve avec deux tournevis, parce qu’on a entraîné ces deux-là malgré leur bonne volonté. À les écouter, ils n’ont rien fait. Le projet de vol est somme toute commun et ils ont partagé le butin du porte-monnaie. On ne vient pas à Monaco pour dépouiller d’autres personnes. Trois semaines de prison pour chacun. » Le tribunal a préféré un compte rond : un mois ferme pour l’exemple.