Les soldes d’été sous le signe de l’inflation
C’est parti depuis hier pour quatre semaines de soldes, sauf en Corse et dans les Alpes-Maritimes. Les commerçants veulent malgré tout renflouer leur trésorerie.
La rue Sainte-Catherine, grande artère commerçante de Bordeaux, commençait à se remplir hier matin. « Tous les signaux sont au vert. C’est la première année après deux ans de Covid où l'on peut faire les soldes de manière sereine, sans masque ou jauges, se félicite Anne Pédélaborde, vice-présidente de Bordeaux Mon Commerce, l’association locale des commerçants et artisans. «Ilya aussi de belles affaires à faire d'autant qu'avec l'inflation, les prix seront plus chers l'année prochaine. Les consommateurs ont tout intérêt à faire leurs achats maintenant. De même, en raison de la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), les enseignes ne vont plus jeter et peuvent proposer de bons prix », souligne la commerçante.
Déjà des réductions jusqu’à -70 %
Certaines chaînes proposent déjà des réductions jusqu'à -70 %. Et si des ventes privées ont été proposées la semaine dernière, certains clients ont attendu le coup d'envoi pour acheter à un prix encore plus cassé.
La baisse du pouvoir d'achat des Français en pousse certains à n'acheter que des articles indispensables. Dans une boutique d'habillement masculin à Paris, Karim, 18 ans, n'achètera « que des chemises » pour son job d’été en restauration.
À deux pas de la GrandPlace de Lille, Wafa est la première à pénétrer dans la boutique d'une chaîne de prêt à porter : « Beaucoup de choses augmentent. Je prépare les vacances, du coup je n'ai pas le choix, je dois faire les soldes », explique-t-elle.
Le centre commercial du Forum des Halles, au coeur de Paris, n'était pas pris d'assaut.
La seconde main a le vent en poupe
À quelques minutes à pied de là, la friperie Freep’star a vu défiler les clients, bien que l'enseigne ne propose pas de soldes : la seconde main a le vent en poupe ! Parmi eux, Paul, doctorant en histoire de 26 ans. Pour lui, « les soldes n'ont pas de sens. Ils incitent à la surconsommation ». Il aura finalement chiné une chemise et un jeans de seconde main, « à 5 euros, ça n'existe pas en soldes », sourit-il. Croisée dans les rues de Lille, Amélie Tardivat, 25
ans, ingénieure pédagogique, ne fera pas non plus les soldes. « J’essaye de me tourner vers une consommation plus durable ».
Les commerçants espèrent toutefois renflouer leur trésorerie, alors que les ventes en magasin accusent toujours un recul de -7 % au cumul, depuis le début de l'année 2022 par rapport à 2019, selon l'Alliance du commerce. L'inflation a aussi affecté les entreprises, avec une hausse des coûts de production et de transport : « Nos fournisseurs ont augmenté les prix de 5 à 15 % », regrette Colas Michard, directeur général du chausseur indépendant Michard Ardillier à Bordeaux. Pour Patricia Fouthoux, gérante de la boutique Mixtape à Bordeaux, la période des soldes « va permettre de rattraper le mois de juin en vendant le stock des étés précédents qui n'avait pas pu être vendu avec la Covid ». Mais elle note la fin d’une époque : « Il y a des promotions toute l’année. C’est fini les soldes le Jour J, les gens qui attendent devant la porte ».
◗ Les soldes d’été ont lieu du 22 juin au 19 juillet inclus, sauf dans les AlpesMaritimes (du 6 juillet au 2 août) et en Corse (du 13 juillet au 9 août).