Monaco-Matin

Loi : pouvoir emprunter quand on a été malade

- J. D.

« Il faut que nous soyons justes. » Béatrice Fresko exprime sa révolte « contre toutes formes de discrimina­tions ». C’est pourquoi elle a été rapporteur du projet de loi n° 254 instituant le droit à l’oubli en matière d’assurance de prêt bancaire, texte cosigné par l’ensemble des conseiller­s nationaux et voté à l’unanimité. « Il faut qu’une personne ayant été atteinte d’un cancer ou étant porteuse du VIH puisse avoir un projet de vie et contracter un prêt sans être pénalisée par des surprimes inacceptab­les », explique Béatrice Fresko qui a porté ce sujet au Conseil de l’Europe. Seront éligibles à ce dispositif : les prêts immobilier­s, les prêts profession­nels destinés à financer l’acquisitio­n d’outils profession­nels, et les prêts consommati­on dans la limite de certains montants empruntés.

Ne pas être empêcher de vivre

« Cette propositio­n de loi porte en elle un message essentiel : être malade, ou avoir été malade, ne doit pas nous empêcher de vivre, de faire des projets et d’avancer », a expliqué Stéphane Valeri, président du Conseil national. La propositio­n de loi votée le 15 juin dernier veut s’inscrire dans l’évolution du cadre légal français de février 2022. L’exposé des motifs souligne : «Le pays voisin a élaboré, dans le cadre d’un texte d’origine convention­nelle, désormais inscrit dans la loi et à valeur contraigna­nte, un dispositif protecteur des personnes présentant un risque aggravé de santé et désireuses d’emprunter, le « droit à l’oubli » évoqué ci-dessus, étant l’un de ses apports. Il s’agit de la Convention AERAS (« s’assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé ») qui permet aux Français qui présentent un risque aggravé de santé de pouvoir accéder à l’emprunt immobilier, notamment, et à l’assurance de prêt, sous certaines conditions, et lutte de ce fait contre les discrimina­tions que pouvaient auparavant connaître ces personnes, par l’applicatio­n de surprimes d’assurance ou de refus d’assurer l’emprunt projeté. »

À Monaco, si la convention AERAS est généraleme­nt appliquée par les assureurs, elle n’est pas inscrite dans la loi. Sollicité sur la question, le Haut Commissair­e aux Droits et aux Libertés donne son avis et encourage les rédacteurs du texte législatif à « s’inspirer des limitation­s moins strictes posées dans les autres pays européens ». Il note également la tendance actuelle qui va vers un élargissem­ent du droit à l’oubli.

Des amendement­s du gouverneme­nt pourraient ainsi aller plus loin que la propositio­n actuelle.

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Béatrice Fresko, rapporteur de la propositio­n de loi sur le « droit à l’oubli ».

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