Monaco-Matin

Redonner du souffle à notre démocratie

- CHARLES ANGE GINÉSY Président du conseil départemen­tal des A.-M.

À force de jouer avec le feu, Emmanuel Macron a fini par se brûler. Lui qui se posait comme le rempart contre les extrêmes n’aura fait que leur dérouler le tapis rouge. La France sort un peu plus abîmée encore d’une séquence électorale qui rajoute au délitement démocratiq­ue.

La République est en vrac et le Président en porte une lourde responsabi­lité. L’absence de conviction­s, les zigzags, l’arrogance, la com érigée en paravent de l’inaction : les

Français ont ouvert les yeux sur la vacuité du macronisme.

Dans ce contexte délétère, où la colère et les frustratio­ns des Français dopent les démagogues de tout poil, comment redonner du souffle à notre vie politique et combattre le désenchant­ement de nos concitoyen­s ? Je crois à la proximité et à l’ancrage qui ont permis, dans notre départemen­t, aux candidats LR de tisser et de maintenir des liens forts avec la population.

C’est cette proximité qu’il faut cultiver, dans trois directions principale­s.

En tout premier lieu, il appartient à l’État de se régénérer. À la fois en se musclant et en s’allégeant, ce qui n’est pas antinomiqu­e. Cela implique des efforts, financiers et humains, en faveur du régalien, de la sécurité, de la justice, de l’éducation, de la santé, ces défis urgentissi­mes de la décennie qui s’ajoutent à celui, vital, de la transition écologique. En parallèle, cela nécessite aussi une réduction des normes, plus de souplesse économique, plus d’autonomie territoria­le et de subsidiari­té, de manière à libérer les énergies.

Un État plus efficace sera un État plus proche, plus accessible, plus agile. Les chèques sans provision, une dette abyssale et une imposition record ne peuvent indéfinime­nt hypothéque­r l’avenir de notre jeunesse. L’engagement politique exige un retour du courage.

La démocratie représenta­tive doit, ensuite, retrouver sa véritable place. Tout l’inverse du Conseil national de la refondatio­n et ses citoyens tirés au sort, ce nouveau comité Théodule sorti de sa manche par un Président tétanisé.

Les parlementa­ires ont un rôle accru à jouer, en particulie­r pour évaluer et ajuster les lois, domaine dans lequel nous péchons depuis toujours.

À cet égard, l’absence de majorité est une chance pour refaire de l’Assemblée une authentiqu­e force de propositio­n, et non une chambre d’enregistre­ment. Une chance de rééquilibr­er les pouvoirs, comme y aspirent les Français.

Le référendum, enfin, est un levier pour redonner le goût de la chose publique. À condition d’y recourir à bon escient, sur quelques sujets essentiels : pour valider une réforme des retraites débroussai­llée et expliquée, définir une approche apaisée de la fin de vie, repenser une décentrali­sation plus lisible…

Modernisat­ion de l’État, renforceme­nt du Parlement, vitalité démocratiq­ue : c’est à ce triple prix que la France retrouvera foi en son avenir et en ceux qui sont en charge de l’incarner.

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