Monaco-Matin

Matignon en sursis

- de LIONEL PAOLI Reporter politique edito@nicematin.fr

Tout ça, c’est la faute des électeurs du Calvados. Si 2 204 d’entre eux n’avaient pas accordé à Élisabeth Borne une courte majorité (52,47 %) face à un candidat Nupes quasiment inconnu, ils auraient enlevé une grosse épine du pied d’Emmanuel Macron. Le Président aurait pu, sans barguigner, désigner un autre chef du gouverneme­nt. Mais la Première ministre a eu la mauvaise idée d’arracher son siège au Palais-Bourbon. Son départ ne serait donc pas l’applicatio­n de la règle nonécrite qui coûte son maroquin à Brigitte

Bourguigno­n, battue en Essonne, mais un geste politique. Donc sensible. Va-t-elle « survivre » au remaniemen­t annoncé ? Certains observateu­rs jugent que sa démission, présentée mardi mais refusée par l’hôte de l’Élysée, plaide en faveur de son maintien. C’est aller un peu vite en besogne. La tradition veut qu’au lendemain d’un scrutin national, le chef de l’État accepte la démission du locataire de Matignon… pour le renommer aussitôt en le chargeant de former un nouveau gouverneme­nt ! Or, il paraît difficile de remercier, deux semaines après, une Première ministre formelleme­nt reconduite quinze jours plus tôt. La réalité est que le sort d’Élisabeth Borne, singulière­ment transparen­te depuis sa nomination, reste en suspens.

Le « maître des horloges » veut se donner du temps. Dans les prochains jours, il va tout mettre en oeuvre pour définir un mode de gouvernanc­e susceptibl­e de lui redonner des marges de manoeuvre.

S’il faut pour cela foudroyer quelques pions, Jupiter n’hésitera pas. Toute la question est de savoir par qui remplacer Mme Borne. Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, proches des Républicai­ns, sont pressentis. Mais l’un et l’autre ont une tare majeure : ce sont des hommes. Dégager aussi rapidement la seconde Première ministre de l’histoire pour la remplacer par un encravaté quelconque, ça la ficherait mal. Même si l’Assemblée nationale propulsera sans doute au perchoir, mardi prochain, sa toute première présidente.

« Pressentis, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin ont une tare majeure : ce sont des hommes. »

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