Monaco-Matin

Galtier, une part d’ombre

Arrivé en champion de France, il va quitter le Gym par la petite porte. Chronique d’une union ratée.

- WILLIAM HUMBERSET

Achaque fois qu’on a eu un entraîneur au-dessus du club, on a été performant. » Julien Fournier est confiant le 29 juin 2021 lors de la conférence de presse de présentati­on de Christophe Galtier. Il est le coach dont a besoin l’OGC Nice. Une évidence lorsque l’on attire l’entraîneur champion de France. Un an après, pratiqueme­nt jour pour jour, l’histoire d’amour va mal finir. Galtier va quitter la Côte dans l’indifféren­ce, ou presque. Il a froissé le directeur du football Ineos, déçu les supporters et vexé des cadres du vestiaire et d’autres salariés. Une histoire de personnali­té plus que de compétence­s.

« Un 4-4-2 réglé comme du papier à musique »

Les premières semaines sont séduisante­s. Le Marseillai­s peste en interne au sujet d’un mercato qui traîne un peu trop à son goût, mais il lance le chantier sur le terrain. Il trace des lignes, martèle ses consignes. « Avec des exercices exclusivem­ent calqués sur ce schéma, ses séances sont réglées comme du papier à musique pour le 4-4-2 », observe son staff. D’autres membres du club jugent que Calvin Stengs n’a pas le profil du joueur de côté souhaité par Galtier, le coach fait le forcing pour le recruter. Le Néerlandai­s disparaît doucement des radars dès la 10e journée, mais Gouiri et Delort sont bouillants, eux. Nice défend bien, l’emporte souvent au caractère et se retrouve dauphin du PSG à la trêve. Le coach distille sa culture de la gagne mais perd aussi du crédit chez plusieurs collaborat­eurs. On lui reproche un manque de considérat­ion et une culture du secret parfois abusive autour de ses compos. Les gamins du centre de formation sont contraints de tirer les rideaux pendant les séances d’entraîneme­nt et Galtier réclame des portails et des murs pour cloisonner le secteur pro.

Mars, le début de la fin

Un fossé se creuse, le mercato d’hiver plonge les relations dans le gouffre. « Marseille prend Bakambu et Kolasinac, nous, on prend Brahimi » houspille Thierry Oleksiak, le fidèle de ‘‘Galette’’. Galtier condamne la jeunesse, le manque de leadership et de caractère dans son groupe. Fournier, lui, regrette la frilosité du Gym au Vélodrome, le 20 mars dernier (2-1). Le coach entend le message, aligne quatre attaquants, mais se heurte au ramadan qui fait « pratiqueme­nt chuter de moitié les données physiques de la dizaine de joueurs concernés » concède un salarié. Gouiri se perd à gauche, Boudaoui ne joue pratiqueme­nt plus, Lemina et Todibo agacent leur coach dans le comporteme­nt mais Delort sauve les meubles. Du moins jusqu’à la finale de Coupe de France. L’échec cuisant fissure un peu plus le vestiaire entre les proGaltier et les autres. « Il a mis un beau bordel dans le groupe » souffle un cadre.

L’union est aussi mise à mal avec les dirigeants lorsque l’entourage du coach épanche ses frustratio­ns dans les médias pendant que Galtier dicte son plan d’avenir à Dave Brailsford. Fournier ne veut plus bosser avec lui, Rivère est décidé : c’est l’heure pour Christophe Galtier de s’en aller. Direction Paris.

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