Monaco-Matin

« Longtemps que je l’ai en tête »

Rudy von Berg va disputer son premier Ironman ce week-end à Nice. Mais le Grassois fait quand même partie des favoris, lui qui possède l’un des plus beaux palmarès sur le 70.3.

- ROMAIN LARONCHE

Il sera un peu comme à la maison dimanche. Rudy von Berg est Américain d’identité mais Grassois de coeur, lui qui a vécu toute son enfance à Plascassie­r jusqu’à ses 19 ans. Il a débuté le cyclisme sur les routes qu’empruntero­nt les triathlète­s de l’Ironman et a été bercé par ce sport extrême depuis son enfance, lorsqu’il suivait les performanc­es de son père Rodolphe, huit fois champion du monde dans son groupe d’âge. Le fiston, pointure dans la discipline du 70.3 où les distances sont divisées par deux, a décidé de doubler la dose ce week-end. A quelques jours de l’événement, Rudy est revenu sur ce défi.

Vous vous sentez prêt ?

Je le pense, j’ai tout fait pour l’être. Ces derniers jours, je suis passé à un entraîneme­nt par jour au lieu de deux ou trois pour arriver avec de la fraîcheur.

Est-ce qu’on prépare différemme­nt un Ironman par rapport à un half ?

Pas tellement. Je suis passé de 28h à 30h par semaine pendant 4 semaines. J’ai surtout allongé mes sorties vélo, j’ai fait 7 ou 8 entraîneme­nts à plus de 200 km. En course à pied, ça a été maximum 32 km, je n’allais pas faire un marathon à l’entraîneme­nt.

Vous avez pu faire une préparatio­n sur place avant ?

Oui, ça fait une dizaine de jours que je suis arrivé. Je me suis habitué aux conditions météorolog­iques d’ici car c’est plus humide que dans le Colorado, je me suis adapté à la chaleur. Je connaissai­s déjà bien le parcours vélo mais je n’y étais plus allé depuis 2019 (lors des championna­ts du monde halfIronma­n).

Le triathlète s’est entraîné sur les sentiers et routes de la région grassoise.

Rudy von Berg a passé une dizaine de jours dans la maison familiale à Grasse.

J’ai pu reconnaîtr­e la quasi totalité, me rappeler des passages techniques. J’en ai fait une partie avec mon frère (Maximilien, également triathlète et qualifié pour l’Ironman d’Hawaï en groupe d’âge), mais j’aime bien être seul, concentré sur la route.

Est-ce un avantage de bien connaître le terrain ?

Dans les descentes, ça aide bien, c’est du temps gratuit de gagné. A l’entraîneme­nt, je monte à une allure moyenne pour ensuite faire les descentes assez vite. J’espère faire parler mes qualités de descendeur, mais j’arrive aussi à le faire sur des parcours que je connais peu. C’est sûr que j’arrive à visualiser la globalité du parcours dans ma tête en deux secondes et cette vision d’ensemble peut avoir un impact, mais ce sont surtout les jambes et la gestion de l’effort qui vont parler.

C’était une évidence de faire votre premier Ironman à Nice ?

Oui, ça fait longtemps que je l’ai en tête. Ça aurait déjà pu être le cas l’an passé, mais la course avait été décalée (de juin à septembre), ce qui m’a empêché de venir. Je me souviens de la première fois où j’ai assisté à la course, c’était en 2000, j’avais 7anset j’étais sur la Promenade des Anglais pour supporter mon père, qui avait remporté les championna­ts du monde longue distance dans son groupe d’âge. Quelques années plus tard, je partais à vélo dans le col de l’Ecre pour voir les profession­nels passer, les années Marceau, Zamora et puis Van Lierde.

Je me disais ‘‘quand je serai grand et fort, je voudrai être à leur place’’. Et puis, pour moi, Nice c’est le plus beau parcours : tu cours au bord de la Méditerran­ée et le vélo dans les pré-Alpes, c’est technique et magnifique. Ce sont sur ces routes que j’ai appris à rouler. Il y a plein de raisons qui m’ont poussé à faire mon premier Ironman ici.

Le record de l’Ironman date de 2013 (8h08’59’’ par Frederik Van Lierde), est-ce possible d’aller le chercher ?

C’est mon premier Ironman, ce serait présomptue­ux d’annoncer ça. Je n’en ai aucune idée. Bien sûr, j’aimerais m’en approcher, mais je ne sais pas s’il faisait aussi chaud en 2013 et puis le parcours vélo a été un peu modifié. Je vais déjà tâcher d’être performant dans les trois sports, de bien gérer la nutrition, la chaleur.

En 2019, vous aviez fait des différence­s sur le parcours vélo, c’est aussi le but ?

Le vélo, c’est ma partie, mais je vais rester concentré sur ma course. S’il y a des mecs qui partent trop vite à vélo, je resterai sur mon rythme. Je ne me dis pas ‘‘il faut absolument être devant en vélo’’. J’espère que ça sera le cas, mais peut-être que je ne serai pas premier après le vélo et qu’ensuite je réaliserai un bon marathon.

Est-ce qu’il y a une crainte de savoir si votre corps va résister à cette double dose d’efforts ?

C’est vrai que je n’ai pas l’habitude. L’half, j’en ai fait plein, je maîtrise bien, mais là c’est plus l’inconnue.

C’est un défi qui vous plaît ?

C’est intéressan­t, j’ai toujours aimé les longues distances à vélo, mais le marathon ce sera une autre histoire. J’espère prendre du plaisir sur 80 % de la course.

Quels sont vos principaux adversaire­s ?

Joe Skipper, c’est l’ogre. Il est plus favori que moi, d’autant qu’il a fait un temps en moins de 7h (6h47’36’’ début juin avec des lièvres) et a déjà gagné beaucoup d’Ironman. Il y a aussi William Mennesson (vainqueur de l’Embrunman et du Ventouxman en 2019).

‘‘ Jeune, quand j’allais sur l’Ironman, je me disais ‘‘quand je serai grand et fort, je voudrai être à leur place”

Quel regard ont-ils sur vous ?

Ils savent que je peux être dangereux vu mes résultats sur les 70.3, mais je ne suis pas le favori.

Allez-vous avoir beaucoup de supporters ?

Mes parents, ma tante, ma copine, mon coach et des amis seront là. Certains viendront dès le départ pour la natation, d’autres seront sur le parcours vélo, ou pour me soutenir pendant le marathon. C’est là que j’aurai le plus besoin d’aide. Mon père ne s’est pas inscrit car il voulait être là pour suivre ma course et me soutenir.

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