Monaco-Matin

« Il a toujours fait honneur à son métier »

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Digne face au deuil, mais naturellem­ent gagné par l’émotion, le lieutenant-colonel Maxime Yvrard a prononcé un poignant éloge funèbre sur la place du Campanin. Devant la famille du défunt sergent Thierry Pérard, placée sous une tente blanche, devant les combattant­s du feu en tenue, les autorités civiles, religieuse­s et militaires. « Vous, la famille et les amis. Nous, les frères d’armes. Nous venons de perdre trop tôt, de façon trop violente, un être cher. Incontesta­blement, il va nous manquer. Il nous manque déjà », a introduit le chef des corps des sapeurs-pompiers de Monaco. Revenant sur les circonstan­ces tragiques qui ont conduit à sa disparitio­n, ce dimanche, il a souligné le « sacrifice ultime » du sous-officier au 21 avenue Princesse-Grace, où un incendie d’appartemen­t faisait rage. « Les deux occupantes sont prises au piège. Les sauvetages sont ordonnés. Le sergent Pérard s’engage, n’écoutant que son courage et ce malgré l’extrême violence. Les deux personnes seront sauvées. Lui ne ressortira pas. »

« Belles qualités humaines »

Puis, le lieutenant-colonel Maxime Yvrard a évoqué l’ascension de ce natif de la vallée du Rhône, dont le père était sapeur-pompier volontaire. De ses débuts en 1985 comme jeune sapeur-pompier à Saint-Martin-de-Crau jusqu’à ce funeste 19 juin 2022. Un jour de Fête des Pères. « Il a toujours fait honneur à son métier », martèle-t-il.

Entre son service dans cette petite commune des Bouches-du-Rhône et son arrivée en Principaut­é, à l’été 1995, Thierry Pérard s’engage dans la marine nationale pour y réaliser son service militaire en tant que marin-pompier à la base navale de Brest. Puis, « dès son incorporat­ion à Monaco, il se distingue rapidement par ses excellents résultats, son envie de servir, sa volonté de réussir », souligne le chef de corps. Il gravit logiquemen­t les échelons. Caporal, le 1er avril 2008. Sergent, le 11 novembre 2018. « Tout au long de son parcours, il nous a montré de belles qualités humaines et un sens du devoir hors du commun. C’était un homme d’action, réfléchi, rassurant en toutes circonstan­ces et d’un calme face au danger, ce qui caractéris­e les soldats du feu expériment­és. »

« Vous ferez vivre le courage de ce combattant du feu »

Médaillé à plusieurs reprises ces dernières années (*), le sergent Thierry Pérard avait, aussi, été félicité pour ses interventi­ons remarquées dans d’autres violents feux d’appartemen­ts. En mai 2012, au 20 boulevard d’Italie, puis au 56 Avenue du Trois-Septembre à Cap-d’Ail en décembre 2016. « Sa vie était de se donner pour les autres, de se donner pour aider, secourir et servir, de se donner par amour pour sa famille, pour sa fille Mathilde. »

Et s’adressant à ses hommes : « A chaque interventi­on, vous vous rappellere­z et ferez vivre le courage de ce combattant du feu pour qui seul la mission comptait (...) Son dernier engagement exemplaire, qui l’a conduit à laisser sa vie pour les autres, restera gravé dans les mémoires du Corps et nous oblige à y rester toujours plus fidèle. »

* Médaille d’honneur de 1re classe en vermeil ; médaille de reconnaiss­ance de la Croix-Rouge monégasque en bronze ; médaille du Mérite national du sang en bronze.

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Sur l’air de la marche funèbre de Frédéric Chopin joué par l’orchestre des carabinier­s du Prince, six sapeurspom­piers ont porté le cercueil du sergent Thierry Pérard au centre de la place du Campanin.
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Le lieutenant-colonel Maxime Yvrard, chef du corps des sapeurs-pompiers de Monaco, a prononcé l’éloge funèbre.

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