À Juan-les-Pins, la police de l’eau veille
« Bonjour, nous sommes la police de l’eau. Nous venons contrôler le respect de l’arrêté sécheresse ».
Sur le port Gallice à Juan-les-Pins, hier matin, cinq agents de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) et un agent de l’office national de la biodiversité, placés sous l’autorité du préfet, arpentent le pont, traquant le contrevenant, dans le cadre d’une opération de contrôle inopiné.
Depuis le 31 mars, une partie du département est placée en alerte sécheresse. Alerte étendue le 23 mai à l’ensemble du département, à l’exception de la Siagne aval. Un seuil qui entraîne plusieurs mesures de restrictions de l’usage de l’eau. Parmi elles notamment, l’interdiction de laver son bateau avec de l’eau provenant du réseau d’eau potable entre 9 heures à 19 heures.
« Vous avez un mandat ? »
Les agents de l’État s’arrêtent devant un yacht rutilant, amarré à l’extrémité du quai, dont la plateforme hydraulique a été fraîchement mouillée. « Vous avez connaissance des restrictions en vigueur ? », interroge Audrey Massot, adjoint à la cheffe du pôle eau à la DDTM. « Oui, assure le capitaine. Je suis sorti ce matin et j’ai abaissé la plateforme. Je viens de la rincer à l’eau douce. J’ai un désalinisateur. Vous avez un mandat ? », demande avec une pointe d’agressivité celui qui refuse de faire monter les agents à bord pour leur permettre de vérifier l’existence de cet appareil qui permet de transformer l’eau de mer en eau douce.
« Il a le droit de refuser. Nous avons pris ses coordonnées et celles du propriétaire. Ils recevront un mail. Et nous reviendrons vérifier », explique Adélaïde Renauld, chargée de mission ressources et politique de l’eau à la
DDTM.
De l’autre côté du port, un plongeur revient d’une virée aquatique. Tuyau d’arrosage à la main, il rince à grandes eaux son bateau pneumatique. «Jene savais pas que c’était interdit. Un bateau, si vous ne le rincez pas, en une saison il est foutu », se défend l’homme qui accepte de couper aussitôt le robinet.
Jusqu’à 1 500 euros d’amende
La police de l’eau rédige un rapport de manquement administratif. Une sorte d’avertissement.
Si, dans le cadre d’un autre contrôle, une récidive est constatée, le contrevenant encourt jusqu’à 1 500 euros d’amende.
Après le port, direction le golf d’Opio Valbonne, exploité par le groupe Résonance, où tout est en règle.
Mais avant de s’y rendre, le chef de service adjoint de la DDTM, Stéphane Liautaud, a fait un détour par le golf de la Grande Bastide, à Châteauneuf-deGrasse, exploité par ce même groupe, où il a constaté un arrosage des pelouses à 11 heures.
« Je ne suis pas un gaspilleur d’eau »
Remarque en est faite au responsable technique, qui, agacé et répétant «je ne suis pas un gaspilleur de flotte » ,téléphone sur-le-champ à son collaborateur de Châteauneuf-de-Grasse. Le collaborateur confirme que les arroseurs sont en fonction. « Tu coupes tout de suite. Pas d’arrosage après 9 heures », assène l’intendant des terrains, invité à présenter les registres de consommation d’eau des golfs afin que les agents vérifient si une réduction de 20 % des consommations d’eau a bien été respectée, comme l’édicte l’arrêté préfectoral.