« Les touristes en Airbnb provoquent le rejet »
Rémy Knafou, auteur de « Réinventer le tourisme. Sauver nos vacances sans détruire le monde »
Selon Rémy Knafou, professeur émérite de géographie à l’université Paris 1 - PanthéonSorbonne, l’augmentation du prix du foncier dans les lieux touristiques explique aussi en partie l’exaspération des gens qui y vivent à l’année.
Comment expliquer la touristophobie ?
Les comportements déviants, parfois dévastateurs, de ceux qui ne savent pas comment se comporter dans un espace naturel, mais aussi dans un espace socialisé, encore plus que le nombre, font naître la touristophobie. Les mouvements de rejet des touristes par la population locale sont aussi anciens que le tourisme lui-même. Barcelone a été un lieu de cristallisation, surtout dans les quartiers du centre-ville. Il faut organiser la cohabitation avec les touristes.
Pourquoi ce déclic ?
Les locations touristiques temporaires, type Airbnb, changent complètement la donne. Les touristes en Airbnb provoquent le rejet parce qu’ils accèdent à des copropriétés, des étages, à n’importe quel moment de l‘année. C’est extrêmement troublant pour la vie du quotidien. L’augmentation du foncier et du prix du mètre carré construit, inhérente à tous les lieux touristiques, explique aussi ces rejets.
Le tourisme est-il menacé ?
Il faut respecter les espaces d’accueil, habités ou inhabités, pour continuer à les partager. C’est une question de diffusion des informations et d’éducation. C’est comme cela qu’on pourra vivre plus nombreux – nous sommes 8 milliards d’habitants, on sera 10 milliards en 2050 – et qu’on ne se fermera pas aux autres en continuant à voyager. L’élévation du niveau de vie signifie pour une grande partie du monde en développement l’accès aux loisirs et au tourisme. L’épidémie de la Covid a été une interruption brutale, sans précédent dans l’histoire du tourisme. À présent, la demande est en train de s’accroître, particulièrement sur des sites à protéger, que ce soient des parcs naturels ou des villes.