Monaco-Matin

À L’ÉPREUVE DE LA RADIOFRÉQU­ENCE

C’est un traitement efficace et mini-invasif de certaines tumeurs du pancréas. Pratiquée à l’institut Arnault Tzanck et au CHU de Nice, la radiofréqu­ence est une procédure nouvelle et un vecteur d’espoir, mais qui ne peut bénéficier qu’à une minorité de p

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

S «eulement 5 à 10 % des cancers du pancréas sont éligibles au traitement par radiofréqu­ence. » D’emblée, le Dr Adrien Sportes, gastro-entérologu­e à l’Institut Arnault Tzanck (IAT) à Saint-Laurent-du-Var veut préciser les indication­s pour ne pas créer de vains espoirs chez les quelque 16 000 Français qui, chaque année, se voient diagnostiq­uer un cancer du pancréas, tumeur parmi les plus redoutées. « La radiofréqu­ence – une procédure qui consiste à détruire une lésion grâce à la chaleur – est essentiell­ement réservée aux lésions kystiques à haut risque et aux tumeurs pancréatiq­ues de type neuroendoc­rine, localisées et de petites tailles ». Des tumeurs découverte­s le plus souvent de façon fortuite, à l’occasion d’un examen d’imagerie pour un motif quelconque.

Une chirurgie complexe

« L’ablation chirurgica­le de ces tumeurs est l’option de traitement la plus efficace. Mais, certains patients, même éligibles à la chirurgie, ne peuvent en bénéficier du fait de leur âge ou de comorbidit­és importante­s. Ce qui compromet leurs chances de guérison. »

Il s’agit en effet d’une interventi­on très lourde, complexe et à haut risque de complicati­ons. Au contraire de la radiofréqu­ence, une procédure beaucoup moins invasive, mais très efficace, dont le Dr Sportes détaille le déroulé : «Onintrodui­t par voie orale un écho-endoscope à l’extrémité duquel se trouve une sonde d’échographi­e miniaturis­ée. Après repérage de la lésion au travers de la paroi intestinal­e, on guide, sous contrôle échographi­que, une aiguilleél­ectrode de radiofréqu­ence jusqu’au coeur de la tumeur. Un ordinateur calcule l’énergie électromag­nétique à administre­r à l’extrémité de l’aiguille pour provoquer la destructio­n de la tumeur sur un volume d’environ 1 cm3. » Ce processus va être répété jusqu’à disparitio­n complète de la tumeur, soit au bout, généraleme­nt, de quelques minutes.

D’autres indication­s

« Cette approche a déjà fait ses preuves dans les tumeurs du foie (lire article ci-dessous) et du rein. » Réalisée sous anesthésie générale, elle dure en moyenne 45 minutes et ne nécessite qu’une nuit d’hospitalis­ation. Si elle n’en est encore qu’à ses balbutieme­nts dans le traitement de certains cancers du pancréas, c’est pour plusieurs raisons. À commencer par la formation. Elle requiert en effet un haut niveau d’expertise médicale dont peuvent s’enorgueill­ir l’Institut Arnault Tzanck, mais aussi le CHU de Nice, sous l’impulsion du Pr Geoffroy Vanbiervli­et, spécialist­e en endoscopie digestive. Second frein : son coût, très élevé, et non pris en charge par l’Assurance-maladie dans le cadre du cancer du pancréas (c’est l’établissem­ent qui en assume aujourd’hui le financemen­t).

Mais le Dr Sportes se veut optimiste ; il est convaincu qu’à terme, et compte tenu des avancées majeures portées par cette nouvelle procédure mini-invasive, elle se démocratis­era au profit d’un plus grand nombre de patients. « Pour ceux qui en bénéficien­t aujourd’hui – malheureus­ement encore très peu nombreux – les bénéfices sont majeurs : éviter une chirurgie lourde, bien sûr, mais aussi des années de surveillan­ce inquiète lorsque les tumeurs n’ont pu être réséquées chirurgica­lement. »

Et demain, il n’est pas impossible que la procédure fasse partie de l’arsenal thérapeuti­que des formes de cancers du pancréas les plus graves. « La radiofréqu­ence sera prochainem­ent évaluée dans le traitement d’autres types de tumeurs et en particulie­r de l’adénocarci­nome pancréatiq­ue, qui reste le plus fréquent et difficile à soigner », conclut le Dr Sportes. Autant dire que les résultats de ces évaluation­s seront scrutés avec une attention particuliè­re.

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